Un p'tit jeu sur le Morbier
- Thierry39
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LES DEPECHES LE PROGRES
Article du mardi 10 juillet 2007
Morbier : l'AOC sinon rien
Aujourd'hui, les dérogations accordées pour la fabrication du fromage à la célèbre raie noire prennent fin. Joël Alpy, président du syndicat, revient sur cette « bataille menée depuis de longues années pour que le morbier reste un fromage de tradition et de terroir »
Les cinquante adhérents (quarante et un fabricants et neuf metteurs en marché) au Syndicat interprofessionnel de la défense du fromage de morbier AOC (Appellation d'origine contrôlée) seront désormais les seuls habilités à fabriquer du Morbier. Car ne sera plus morbier qui veut. Terminées les pâles imitations au lait pasteurisé ou à la forme carrée. Aujourd'hui 10 juillet, les fabricants qui bénéficiaient de dérogations devront stopper leur production.
Joël Alpy, président du syndicat, revient sur cette « bataille menée depuis de longues années pour que le morbier reste un fromage de tradition et de terroir ».
>> Quelles étaient ces dérogations, et à qui s'adressaient-elles ?
Depuis 2000, date à laquelle nous avions obtenu l'AOC, tous les producteurs de morbier répertoriés en France et qui étaient situés hors zone de production (lire par ailleurs) ont eu un délai de 7 ans pour abandonner la production du fromage. Sur l'ensemble du territoire, 7/8 opérateurs ont obtenu cette dérogation, dont deux dans notre zone de production. Soit parce que la race de leur vache ne correspondait pas (lire ci-contre) ou parce qu'ils ne respectaient pas l'ensemble de notre cahier des charges.
>> Que va changer la fin
de ces dérogations pour les fabricants classés AOC ?
Pour nous c'est une date très importante. Désormais, au niveau juridique, nous pourrons attaquer tous les producteurs qui continueront à faire de la copie sans les contraintes des décrets de l'AOC. Une démarche que nous avons d'ailleurs déjà entamé auprès d'un grand opérateur (fabricant) qui le met en vente, en petites tranches et sous l'appellation de « cendré ». Avec la fin de ces dérogations, on ne laissera pas faire les choses, et nous aurons désormais le soutien de l'administration de la répression des fraudes, de l'INAO, garante de l'AOC et de l'avocat du syndicat interprofessionnel.
Le deuxième changement est qu'à l'heure actuelle, à chaque fois que nous communiquons sur le morbier, tout le monde en profite, y compris ceux qui n'en font pas du vrai ! Demain, si nous souhaitons investir comme pour 2006, 180 000 euros dans la communication/publicité de notre savoir-faire, nous le ferons juste pour notre production respectueuse de ce fromage ancestral.
>> C'est donc un soulagement pour les quarante et un fabricants ?
Une sorte de soulagement oui. Car après s'être battus dix ans pour obtenir l'AOC (lire par ailleurs) et avoir attendu encore sept autres années pour que le morbier reste un fromage de tradition et de terroir, nous espérons aujourd'hui y gagner quelques parts de marché.
Car, il ne faut pas l'oublier, ce sont 80 millions de litres de lait valorisés dans l'AOC morbier, plus tous les gens que cela fait travailler en amont et en aval. La filière morbier tient une place importante dans l'économie régionale et nos quatre appellations (morbier, comté, Mont-d'Or et bleu de Gex) progressent encore sur le marché contrairement à d'autres déjà en stagnation. Du coup, les marchés continuent de s'ouvrir sur l'international (Allemagne, Belgique, Japon, États-Unis, Angleterre) et nos produits de terroir sont très bien positionnés.
Propos recueillis par Christelle Lalanne
clalanne@leprogres.fr
« L'AOC pour reconnaître le savoir-faire de nos ancêtres »
Il y a vraisemblablement plus de 250 ans que, dans les fermes et les fruitières du Doubs et du Jura, se fabrique, selon les règles de l'Art, le morbier, produit du terroir caractérisé par sa ligne cendrée. Depuis le 22 décembre 2000, seul le « morbier d'appellation d'origine contrôlée » est un morbier. Les objectifs de l'AOC sont les suivants : respecter les règles de fabrication traditionnelles (lait cru, alimentation des vaches), garantir le lien au terroir, respecter la législation et fabriquer d'excellents morbiers puis assurer la sécurité sanitaire des fromages. Leur zone de production s'étend sur le département du Doubs, celui du Jura (sauf le canton de Chemin), et sur quelques communes de l'Ain et de la Saône-et-Loire.
Pour les fabricants, c'est une reconnaissance de leur travail et un hommage « à nos pères et grands-pères et à tous ceux qui ont façonné au fil des décennies, durant deux siècles, des fromages d'histoire et de terroir ».
Mais les choses évoluent et le syndicat travaille actuellement à une révision du cahier des charges de l'AOC. Car désireux de s'ouvrir davantage et de démentir la rumeur, souvent entendue de « l'auto-contrôle », en faisant appel à des organismes certificateurs, quelques petits détails doivent être approfondis, comme, entres autres, l'alimentation des bovins.
C.L.
« Il faut qu'on continue de marteler notre savoir-faire »
Gilles Mussillon Producteur à la coopérative Morbier/Grande-Rivière
«La fin de ces dérogations ne va sans doute pas changer complètement notre vie de producteurs fromagers mais il y a sûrement des parts de marché à récupérer. Nous ne savons pas exactement à quoi correspond le marché sans appellation d'origine contrôlée, mais petit à petit, nous allons pouvoir prendre sa place. Mais le travail de communication reste le même : il faut qu'on continuer de marteler notre savoir-faire et défendre l'utilisation du lait cru et tout notre terroir pour éviter que les productions en lait pasteurisé aient plus de succès. Nous vendons un produit de qualité qu'il faut encore faire connaître.
Et puisque nous connaissons actuellement des hausses de production, dues au lait non utilisé par les fabricants de comté, il nous faut penser à l'avenir. Mais l'AOC est très ambiguë, elle porte sur les critères de fabrication du produit mais très peu sur le produit lui-même, c'est pour cela que l'on pouvait trouver sur le marché des morbiers carrés.
Quoiqu'il en soit pour la coopérative de Morbier-Grande Rivière, répartie en deux ateliers, ce sont 26 opérateurs qui produisent 80 tonnes par an et utilisent de 800 000 à 1 million de litres de lait. »
Article du mardi 10 juillet 2007
Morbier : l'AOC sinon rien
Aujourd'hui, les dérogations accordées pour la fabrication du fromage à la célèbre raie noire prennent fin. Joël Alpy, président du syndicat, revient sur cette « bataille menée depuis de longues années pour que le morbier reste un fromage de tradition et de terroir »
Les cinquante adhérents (quarante et un fabricants et neuf metteurs en marché) au Syndicat interprofessionnel de la défense du fromage de morbier AOC (Appellation d'origine contrôlée) seront désormais les seuls habilités à fabriquer du Morbier. Car ne sera plus morbier qui veut. Terminées les pâles imitations au lait pasteurisé ou à la forme carrée. Aujourd'hui 10 juillet, les fabricants qui bénéficiaient de dérogations devront stopper leur production.
Joël Alpy, président du syndicat, revient sur cette « bataille menée depuis de longues années pour que le morbier reste un fromage de tradition et de terroir ».
>> Quelles étaient ces dérogations, et à qui s'adressaient-elles ?
Depuis 2000, date à laquelle nous avions obtenu l'AOC, tous les producteurs de morbier répertoriés en France et qui étaient situés hors zone de production (lire par ailleurs) ont eu un délai de 7 ans pour abandonner la production du fromage. Sur l'ensemble du territoire, 7/8 opérateurs ont obtenu cette dérogation, dont deux dans notre zone de production. Soit parce que la race de leur vache ne correspondait pas (lire ci-contre) ou parce qu'ils ne respectaient pas l'ensemble de notre cahier des charges.
>> Que va changer la fin
de ces dérogations pour les fabricants classés AOC ?
Pour nous c'est une date très importante. Désormais, au niveau juridique, nous pourrons attaquer tous les producteurs qui continueront à faire de la copie sans les contraintes des décrets de l'AOC. Une démarche que nous avons d'ailleurs déjà entamé auprès d'un grand opérateur (fabricant) qui le met en vente, en petites tranches et sous l'appellation de « cendré ». Avec la fin de ces dérogations, on ne laissera pas faire les choses, et nous aurons désormais le soutien de l'administration de la répression des fraudes, de l'INAO, garante de l'AOC et de l'avocat du syndicat interprofessionnel.
Le deuxième changement est qu'à l'heure actuelle, à chaque fois que nous communiquons sur le morbier, tout le monde en profite, y compris ceux qui n'en font pas du vrai ! Demain, si nous souhaitons investir comme pour 2006, 180 000 euros dans la communication/publicité de notre savoir-faire, nous le ferons juste pour notre production respectueuse de ce fromage ancestral.
>> C'est donc un soulagement pour les quarante et un fabricants ?
Une sorte de soulagement oui. Car après s'être battus dix ans pour obtenir l'AOC (lire par ailleurs) et avoir attendu encore sept autres années pour que le morbier reste un fromage de tradition et de terroir, nous espérons aujourd'hui y gagner quelques parts de marché.
Car, il ne faut pas l'oublier, ce sont 80 millions de litres de lait valorisés dans l'AOC morbier, plus tous les gens que cela fait travailler en amont et en aval. La filière morbier tient une place importante dans l'économie régionale et nos quatre appellations (morbier, comté, Mont-d'Or et bleu de Gex) progressent encore sur le marché contrairement à d'autres déjà en stagnation. Du coup, les marchés continuent de s'ouvrir sur l'international (Allemagne, Belgique, Japon, États-Unis, Angleterre) et nos produits de terroir sont très bien positionnés.
Propos recueillis par Christelle Lalanne
clalanne@leprogres.fr
« L'AOC pour reconnaître le savoir-faire de nos ancêtres »
Il y a vraisemblablement plus de 250 ans que, dans les fermes et les fruitières du Doubs et du Jura, se fabrique, selon les règles de l'Art, le morbier, produit du terroir caractérisé par sa ligne cendrée. Depuis le 22 décembre 2000, seul le « morbier d'appellation d'origine contrôlée » est un morbier. Les objectifs de l'AOC sont les suivants : respecter les règles de fabrication traditionnelles (lait cru, alimentation des vaches), garantir le lien au terroir, respecter la législation et fabriquer d'excellents morbiers puis assurer la sécurité sanitaire des fromages. Leur zone de production s'étend sur le département du Doubs, celui du Jura (sauf le canton de Chemin), et sur quelques communes de l'Ain et de la Saône-et-Loire.
Pour les fabricants, c'est une reconnaissance de leur travail et un hommage « à nos pères et grands-pères et à tous ceux qui ont façonné au fil des décennies, durant deux siècles, des fromages d'histoire et de terroir ».
Mais les choses évoluent et le syndicat travaille actuellement à une révision du cahier des charges de l'AOC. Car désireux de s'ouvrir davantage et de démentir la rumeur, souvent entendue de « l'auto-contrôle », en faisant appel à des organismes certificateurs, quelques petits détails doivent être approfondis, comme, entres autres, l'alimentation des bovins.
C.L.
« Il faut qu'on continue de marteler notre savoir-faire »
Gilles Mussillon Producteur à la coopérative Morbier/Grande-Rivière
«La fin de ces dérogations ne va sans doute pas changer complètement notre vie de producteurs fromagers mais il y a sûrement des parts de marché à récupérer. Nous ne savons pas exactement à quoi correspond le marché sans appellation d'origine contrôlée, mais petit à petit, nous allons pouvoir prendre sa place. Mais le travail de communication reste le même : il faut qu'on continuer de marteler notre savoir-faire et défendre l'utilisation du lait cru et tout notre terroir pour éviter que les productions en lait pasteurisé aient plus de succès. Nous vendons un produit de qualité qu'il faut encore faire connaître.
Et puisque nous connaissons actuellement des hausses de production, dues au lait non utilisé par les fabricants de comté, il nous faut penser à l'avenir. Mais l'AOC est très ambiguë, elle porte sur les critères de fabrication du produit mais très peu sur le produit lui-même, c'est pour cela que l'on pouvait trouver sur le marché des morbiers carrés.
Quoiqu'il en soit pour la coopérative de Morbier-Grande Rivière, répartie en deux ateliers, ce sont 26 opérateurs qui produisent 80 tonnes par an et utilisent de 800 000 à 1 million de litres de lait. »
Tu m'prends t'y pour un idiot, de pas m'être renseigné là-d'ssus ? Un litre de vin chaque midi qu'on a droit ! et la chopine le soir !