Aucune « prétention ». Juste vouloir comprendre l’interprétation du « Mot » et merci au Net de permettre l’accès au Savoir et, à ce forum, le partage entre ceux qui n’ont qu’un « Latin de l’école ».
Tout débute par le Gaffiot, et la traduction de « fastigium » par la « surface de l’eau »
En visualisant le « surface de l’eau », et « niveau supérieur », nous avons approché la compréhension de « fastigium » de la façon suivante :
Par la suite nous découvrons que Varron parle de « aqua…aequae summa » « la surface plate de l’eau »…
Existe-t-il une nuance de vision entre « aqua summa » et « aqua fastigium » ?
Vitruve écrit :
« VitrIta eo chorobate quum perlibratum ita fuerit, scietur quantum habuerit fastigii ».
« Ainsi, à l'aide du chorobate, il sera facile de connaître la hauteur de l'eau. »
A noter que « fastigii » n’est pas traduit spécifiquement, permettant en cela de nombreuses interprétations… N’ayant pas ce «… langage latin spontané ni l'écriture (aussi facile et spontanée) et aisée… » J’ose tout de même avancer la mienne.
« Le chorobate est composé d'une règle supérieure large et de deux tringles inférieures. Sur l'épaisseur de la règle et sur les tringles sont tracées des lignes verticales perpendiculaires au plan de la règle. Des fils à plomb pendent des deux côtés de la règle et à ses deux extrémités, soit quatre fils à plomb en tout. On est à niveau lorsque les fils à plomb correspondent aux marques verticales. Afin d'éviter l'action du vent sur les fils à plomb, la surface de la règle est creusée d'une cavité remplie d'eau qui permet une vérification »
Voici la photo d’un chorobate, « le fastigium » est présent, bien que de beaucoup plus réduit, mais de même forme que les pièges évoqués par César en 7.73.
Chez Vitruve, dimensions et formes sont autres :
« … et motionibus lineae non potuerint certam significationem facere, tunc habeat in superiore parte canalem longum pedes quinque, latum digitum, altum sesquidigitum, eoque aqua infundatur; et si aequaliter aqua canalis summa labra tanget, scietur esse libratum. »
« …il faudrait alors creuser sur le haut de la règle un canal long de cinq pieds, large d'un doigt, profond d'un doigt et demi, et y verser de l'eau; si l'eau touche également l'extrémité des bords du canal, c'est que l'instrument sera bien de niveau… »
Un canal pourrait être creusé en forme d’un toit inversé à deux pentes, le texte ne le précise pas.
L’écrit se poursuit par :
« …, scietur quantum habuerit fastigii ».
« la quantité de fastigium » dans le canal du chorobate, et non pas « la hauteur de l’eau ».
Une quantité, se diffère d’une hauteur, l’une se rapporte à un volume, l’autre à une taille de verticale. Le fastigium en question peut se matérialiser comme sur le croquis ci-dessous.
En Quinte-Curce en 4.2.19 nous retrouvons un autre « fastigium », celui donné en référence dans le Gaffiot, traduisant « fastifium aquae » par « niveau de l’eau ».
« Iamque a fundo maris in altitudinem modicam opus creuerat, nondum tamen aquae fastigium aequabat, cum Tyrii paruis nauigiis admotis per ludibrium exprobrabant illos armis inclitos dorso sicut iumenta onera gestare: interrogabant etiam, num maior Neptuno Alexander esset. »
Université de Louvain
« Déjà l'ouvrage s'élevait du fond de la mer à une certaine hauteur, sans cependant se trouver encore à fleur d'eau, et, à mesure que la chaussée s'éloignait du rivage, la mer, devenant plus profonde, absorbait en plus grande quantité les matériaux que l'on y jetait. … »
« Alors les Tyriens, s'avançant sur de légers bâtiments, se mirent à reprocher, avec dérision, à ces soldats si fameux par leurs exploits, de porter des fardeaux sur leur dos, comme des bêtes de somme; ils leur demandaient aussi, si leur Alexandre était plus puissant que Neptune? »
Le « fastigium » (surface de l’eau) évoqué se situe en mer, et non plus sur l’eau calme d’un contenant.
C’est déjà un peu plus remuant…Mais bon…
A Tyr, face à Alexandre l’on se positionne à tenir
(« Mais ils se fiaient à la position de leur ville, et ils se décidèrent à soutenir le siège ») entre autre, parce que :
« Tyr, en effet, est séparée du continent par un détroit de quatre stades, exposé surtout au souffle de l'Africus, qui fait rouler sur le rivage les flots amoncelés de la haute mer. Nul obstacle, plus que ce vent, n'était fait pour contrarier les ouvrages par lesquels les Macédoniens se préparaient à joindre l'île au continent: car à peine une jetée peut-elle se construire dans une mer tranquille et unie; mais, quand les vagues sont soulevées par l'Africus, leur choc va renverser les premiers matériaux entassés; et il n'est point de digue si solide que ne minent les eaux; en se faisant jour à travers les jointures, et en se répandant par-dessus tout l'ouvrage, si le vent souffle avec plus de violence »
Là c’est franchement agité et accidenté.
Alors, peu probable que l’auteur se réfère à la surface immobile de l’eau dans un contenant.
Ici, l’on évoque les travaux d’un ouvrage qui doit résister aux turbulences marines.
La traduction « sans cependant se trouver encore à fleur d'eau,… » ne traduit probablement pas ce que Quinte-Curce exprimait. Cet « aquae fastigium » prend de la hauteur, de la profondeur, des creux et des sommets… Voici une image qui correspondrait à la situation, « aque fastigium » elle me semble plus fidèle au texte de Quinte-Curce.
