Réglne Klem multiplie les précautions de langage. Pas vraiment un excès de zèle. Une nécessité. « Tous les ans, on découvre de nouvelles choses. Alors, il faut toujours se montrer prudent », explique la guide-conférencière de Pays de Montbéliard Agglomération (PMA), chargée de présenter ces fouilles au public lors de visites. Allant jusqu'à s'excuser de montrer des croquis et autres cartes devenus ici et là obsolètes suite à certaines découvertes. Car sur le site antique de Mandeure-Mathay, l'été venu, c'est un peu à l'image d'une grande enseigne parisienne : il s'y passe toujours quelque chose. Celui-ci est loin, très loin d'avoir livré tous ses secrets.
18 personnes au theâtre
Sans se tromper, on peut écrire qu'Eponanduodurum, qui a donné son nom à Mandeure, occupait une emprise urbanisée de quelque 180 hectares, peuplée de 10 000 habitants. Le théâtre gallo-romain, lui date du IIe siècle et faisait partie d'un enclos sacré où l'on trouvait un grand et un petit temple. « Le théâtre avait une capacité de 18 000 personnes. Presque autant que le stade Bonal. Et à l'époque, il n'y avait pas de TGV ou d'autoroute pour se déplacer », sourit Régine.
Si des mini-fouilles ont démarré dès le XVIème siècle, c'est réellement à partir des années 1980 que la site a progressivement révélé toutes ses richesses. Avec une accélération au début des années 2000. « Depuis 11 ans, un programme de recherche, piloté par le Service régional d’archéologie et mené par des chercheurs universitaires de Besançon, Strasbourg et Lausanne est mené. C'est un véritable travail de fourmi », poursuit Régine à des visiteurs attentifs.
Discrétion
Dernière découverte en date : les vestiges d'une église. Et peut-être même d'une seconde, laissant peut-être penser que la cité mandubienne était un foyer épiscopal important. « Regardez ! Elle est là : derrière la brouette et les deux seaux », montre-t-elle du doigt en désignant un endroit où s'affaire un jeune archéologue. « Selon certaines indications, il devait y avoir une grande nef. Elle devait être fermée par un bras. Les vitraux ? On ne sait pas encore s'ils étaient colorés. Mais les débris ramassés semblent l'indiquer. Une sépulture dans laquelle repose la dépouille d'un homme a été mise à jour ». De qui s'agit-il ? Du prêtre de l'église ? De son bâtisseur ?
Régine Klem n'en dira pas plus. Une discrétion justifiée pour éviter de susciter des intentions malsaines. « Quand un archéologue travaille, il gratte le sol couche par couche. Ensuite, tout est répertorié au centimètre près. Alors qu'un chercheur de trésor du dimanche, lui, va venir avec sa poêle à frire. Dès qu'elle va se mettre à sonner, il va creuser juste en dessous, détruisant les couches. Du coup, on ne pourra plus rien faire dans cette zone.Voilà pourquoi je rappelle que les fouilles au détecteur de métaux sont réglementées. En cas de non-respect de la législation, le contrevenant s'expose à une forte amende et/ou une peine d'emprisonnement ».
Ludovic Barbarossa, le 17/08/2012

PS du Mitch : j'ai lu cet article juste après vos échanges d'hier au sujet du site possible d'Alesia à Mandeure et je me suis dit que ces fouilles finiraient peut-être par apporter des réponses pour vous.
Pour les visites, vous pouvez vous adresser à l'Office de Tourisme du Pays de Montbéliard. Qu'on soit alésiopathe ou non, elles sont toujours intéressantes.
