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Article du mercredi 14 janvier 2009
Le budget de la Percée fait grincer les dents des Ambassadeurs
Des bus toujours plus chers et des services de sécurité sans cesse plus contraignants : le budget de la Percée 2009 est déjà dans le rouge, au point de mettre son existence en péril si l’hémorragie n’est pas stoppée.
Franck Vichet est un garçon calme qui découvre les affres du poste très envié de président de la Percée 2009.
Loin de lui l’idée de polémiquer, il a suffisamment de problèmes à régler en ce moment, mais quand même… L’écho des voix qui s’élèvent au sein des Ambassadeurs sonne comme un vent de fronde, les troupes renâclent devant la courbe exponentielle des factures qui s’accumulent de jour en jour. Et de fait, comme dit l’adage : tout augmente.
A commencer par le prix des navettes de bus indispensables pour se rendre à Passenans : près de quatre-vingt-dix bus seront réquisitionnés pendant deux jours, soit à peu près le même nombre que l’an dernier à Sainte-Agnès, sauf qu’en 2008, la facture (après intervention des élus) avait été ramenée à 60 000 euros et que cette année, après une ultime réunion en préfecture hier matin, elle se monte à 73 000 euros.
Idem pour l’ensemble des services de sécurité : gendarmes, pompiers, Croix-Rouge, Samu, SNCF et diverses exigences (installation de bungalows, de mini-chapiteaux, de grilles de sécurité). Bref, si partant d’une bonne intention l’assemblée générale des Ambassadeurs avait décidé de réduire son budget de 450 000 à 370 000 euros pour cette année, le président sait déjà que le budget va exploser.
« Il faut trouver 13 000 euros pour les navettes, la DirEst nous demande 3 600 euros pour surveiller la route. Il nous faut aussi un urgentiste à 800 euros. On a déjà gratté sur beaucoup de postes pour essayer de diminuer notre budget et on a augmenté le prix d’entrée, mais il y aura des dépassements. C’est l’indemnisation des vignerons qui risque de diminuer au final avec le risque qu’ils ne viennent plus d’ici deux ou trois ans. Tout ce qui touche aux services de sécurité a tendance à augmenter, les directives sont plus exigeantes et la sécurité n’a pas de prix… Il y a discussion sur le prix des bus, mais je ne sais pas quel est le prix exact. Peut-être bénéficiait-on d’avantages par le passé ? Certains services étaient pris en charge et ne le sont plus, c’est comme ça. Aujourd’hui, tout le monde a peur de tout. Ce n’est plus un parapluie qu’il faut… »
Si 2009 risque de coûter cher, 2010 à Poligny et 2011 à Arbois devraient au moins permettre d’économiser le prix des navettes. De quoi mettre deux sous de côté pour envisager des jours meilleurs.
Armand Spicher
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Bus : une réponse collective qui fait débat
Avant la percée, les Ambassadeurs ont fait une consultation pour avoir des devis. Ils n’ont reçu qu’une réponse, signée Ramousse, stipulant qu’il travaillait avec quatre autres transporteurs : Credoz, Bully, Monts-Jura et la RDTJ. Pour Franck Vichet, « il est délicat qu’une régie départementale soit avec des particuliers ».
Pour d’autres Ambassadeurs, cette pratique est inacceptable et « border line ». Pour Frédéric Ramousse, en revanche, il n’y a aucun problème : « C’est tout à fait légal. D’ailleurs, travaillant avec le conseil général, je me vois mal faire quelque chose d’illégal. Les Ambassadeurs ont consulté d’autres transporteurs de la région qui n’ont pas répondu »
A.S.
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REPERES
> 60 gendarmes
> 22 secouristes
> 4 pompiers
> 90 bus
> 2 patrouilles de nuit
> 4 responsables des routes
> 1 urgentiste
> 600 bénévoles
Un problème qui couve depuis plusieurs années
Le comte de la Guiche - propriétaire du château d’Arlay - a assumé la présidence de la Percée en 2003 et à l’époque déjà, il se faisait du souci.
« On pressentait déjà les contraintes, mais elles se sont décuplées et leur accumulation est sur le point de remettre en cause cette manifestation. Ce sont des contraintes de budget et des contraintes sécuritaires qui sont tellement lourdes que pour les bénévoles qui organisent, ça devient très difficile. Elles se traduisent surtout par des augmentations de coûts qui deviennent insupportables. La question de la pérennité de la Percée est clairement posée.
Le succès de cette manifestation dépasse largement le seul cadre des professionnels, le bénéfice est global pour le Jura et la région. C’est dans ce cadre que la percée se poursuivra. Aujourd’hui, les viticulteurs ont le sentiment d’être un peu seuls à porter le poids de la Percée, tout le monde présente sa facture. Il est clair à mon sens que les vignerons ne pourront pas supporter seuls le poids financier, même s’il y a des aides. La Percée est un peu une vache à lait et il n’y a pas d’autre solution pour survivre que de trouver un complément de subventions. »
Même discours pour Claude Buchot, président en 2008 : « L’an dernier, je sentais déjà un début de difficulté pour boucler le budget, les charges augmentent considérablement. Quelque part, la Percée est un gouffre financier.
Les transports, la communication, tout explose et au niveau de la logistique humaine, c’est énorme. La rémunération des vignerons avait baissé de 40 % l’an dernier sur l’année précédente. On est à un tournant, il faut réfléchir à une nouvelle formule plus économique avec moins de frais et faire en sorte qu’on n’ait plus besoin des navettes, c’est-à-dire privilégier les sites où le transport par navettes ne s’impose pas. Ou alors, financièrement, le relais doit être pris par le conseil général et le conseil régional. En tout cas, on a de toute façon besoin d’une réflexion sur l’avenir qui dépasse le milieu professionnel. Il faut y associer le milieu politique. On ne peut plus faire autrement. »
A.S