LA VOIX DU NORD
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Article du vendredi 5 décembre 2008
Et si la bataille de la Sabis s'était déroulée dans le Denaisis ?
Il n'est pas impossible, selon certains historiens, que la Sabis soit en fait la rivière Selle.
Cinq ans avant la capture à Alésia de Vercingétorix le chef des Gaulois, en 57 avant Jésus-Christ donc, Jules César faillit perdre la face lors de la bataille dite de la Sabis. Longtemps on a pensé que cette rivière était la Sambre, puis l'Escaut, mais il est probable que c'était la Selle.
PAR FRANCIS THUILLIEZ
Allez, faisons un bond de 2065 ans dans l'histoire ! Nous sommes en 57 avant Jésus-Christ. Le bon peuple des Nerviens habite l'actuel Hainaut et le rouleau compresseur romain broie tout sur son passage. Sauf que sur les rives du fleuve Sabis, quelque part tout en haut de la Gaule, les légions sont brutalement freinées par une résistance inaccoutumée. Le chef suprême des Nerviens, Boduognatos, et « ses hommes rudes et d'une grande valeur guerrière » dixit César himself (« Guerre des gaules », au Livre de poche), qui ne sont pourtant pas dopés par la potion magique d'Astérix, croisent crânement le fer avec les Romains. Les Nerviens, qui ont reçu le soutien de peuplades amies telles que les Atrébates (Artois), les Vidromandues (Vermandois) et les Atuatuques (des Belges de la région de Namur), vont même complètement déstabiliser les premières cohortes romaines qui s'installent au bord de la Sabis. En face, quelque 80 000 Gaulois se postent derrière des haies de ronces « semblables à des murs qui leur offraient une protection que le regard même ne pouvait violer ». Auparavant, ils ont eu la précaution de mettre à l'abri dans les marais, inaccessibles aux légionnaires, les vieillards, les femmes et les enfants.
Pour mieux comprendre la scène, replongeons-nous dans le récit de César qui décrit le champ de bataille : « Une colline en pente douce descendait vers le cours d'eau en face, de l'autre côté de la rivière, naissait une pente semblable dont le bas, sur deux cents pas environ, était découvert, tandis que la partie supérieure de la colline était garnie d'un bois assez épais pour que le regard y pût difficilement pénétrer. C'est dans ces bois que l'ennemi se tenait caché sur le terrain découvert, le long de la rivière, on ne voyait que quelques postes de cavaliers. La profondeur de l'eau était d'environ trois pieds (1). » Les premiers affrontements sont terribles : les Romains, pourtant surarmés, sont débordés par la vaillance nervienne à tel point que Caius Julius Caesar juge la situation « critique ». Ses soldats sont assaillis de toutes parts et c'est une véritable débandade. L'Imperator quitte même l'arrière pour se porter aux devants de ces centurions, le glaive à la main (c'est du moins ce qu'il raconte, car César était aussi fin stratège militaire qu'habile à enjoliver ses victoires). Ce n'est qu'au prix d'un effroyable corps à corps, qui laissera sur le terrain 70 000 Nerviens (toujours dixit César, qui, grand seigneur, n'est guère disert sur les pertes romaines), que la bataille de la Sabis s'achèvera. Bon prince, César épargna les survivants et leur laissa même la jouissance de leurs terres.
(1) Trois pieds équivalent à environ un mètre.