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Article du jeudi 12 février 2009
Beaucourt
Graeme Allwright, comme le bon vin!

Graeme Allwright, un hôte privilégié du foyer Georges Brassens. Photo Daniel Daucourt
600 spectateurs ont pu apprécier mardi et mercredi les concerts de Graeme Allwright au foyer Georges Brassens. Mais où diable puise-t-il cette énergie, cet humour et cette envie de partager? Pieds nus, guitare en bandoulière et refrains affûtés un peu partout en France, Graeme Allwright est toujours égal à lui-même. Erick Manana à la guitare, Dina Rakotomanga à la contrebasse, offrent un écrin somptueux à ses textes. «Suzanne, je t'emmène», «Petites boîtes faites en ticky-tacky», «Jolie bouteille, sacrée bouteille»... : les succès s'égrènent et le public se régale et donne de la voix. Pour le séduire totalement, l'artiste sort la panoplie complète et n'occulte pas le rayon «contestation», celui qui lui a donné un bonne part de son aura. Et on constate alors que les petits chefs-d'oeuvre écrits voici quelques décennies sont restés d'une cruelle actualité. L'abus de pouvoir est toujours... au pouvoir et «d'autres vieux cons disent toujours d'avancer». «Combien de mers franchira la colombe avant que nous vivions en paix?» reste une question désespérément sans réponses. Des recettes, Graeme Allwright en a en magasin. Par exemple changer le texte de La Marseillaise, un hymne de paix à la place d'un chant belliqueux. Le chanteur a dignement fêté ses Retrouvailles avec un public beaucourtois qui l'aime et qui le lui a clairement fait savoir.
Daniel Daucourt
Critiques et coups de coeur
Beaucourt : Graeme Allwright vieillit comme le bon vin
Six cents spectateurs ont pu apprécier mardi et mercredi le concert de Graeme Allwright au foyer Georges Brassens : l'artiste a eu droit à un véritable triomphe. Mais où diable puise-t-il cette énergie, cet humour et cette envie de partager? Pieds nus, guitare en bandoulière et refrains affûtés, Graeme Allwright est toujours égal à lui-même.
Ses 82 printemps ne semblent pas avoir d'emprise sur ce chanteur atypique, capable de tenir la scène pendant près de trois heures à la Maison pour tous de Beaucourt (Territoire de Belfort). Seul signe tangible de fatigue, une pause en milieu de concert et une période de repos en coulisses pendant que ses deux compères tiennent la maison. Et ces deux-là assurent au mieux l'intermède musical. Erick Manana à la guitare, Dina Rakotomanga à la contrebasse, c'est du lourd! Avec les deux musiciens et choristes malgaches, Graeme Allwright s'est entouré du meilleur. Avec un talent fou mais aussi avec un humour omniprésent et un vrai plaisir de partager l'ivresse de la scène, ils offrent un écrin somptueux aux textes de Graeme. Ce dernier sait qu'il a devant lui un public conquis par avance. Et il semble vouloir qu'aucun spectateur ne reparte déçu de ne pas avoir entonné l'un des succès devenus membres de droit du patrimoine de la chanson française. "Emmène-moi, mon coeur est triste et j'ai mal aux pieds", "Ne laisse pas passer ta chance, bats-toi jusqu'au bout", "Je vois dans ses yeux, je vois un sourire, je sais que demain sera bien", "J'ai si peu de temps, je suis seulement de passage", "Suzanne, je t'emmène ", "Petites boîtes faites en ticky-tacky", "Jolie bouteille, sacrée bouteille, veux-tu me laisser tranquille?". Le public se régale et donne de la voix. "Condamnés à s'aimer" Les plus anciens constatent avec bonheur que leur mémoire est fidèle, les plus jeunes découvrent l'ampleur du phénomène Graeme Allwright. Sur scène, l'artiste jubile probablement à l'intérieur mais il sait que pour séduire totalement ce public tout acquis à sa cause, il doit sortir la panoplie complète et ne pas occulter le rayon "contestation", celui qui lui a donné un bonne part de son aura. Et on constate alors que les petits chefs-d'oeuvre écrits voici quelques décennies sont restés d'une cruelle actualité. L'abus de pouvoir est toujours... au pouvoir et "d'autres vieux cons disent toujours d'avancer ". "Combien de mers franchira la colombe avant que nous vivions en paix? " reste une question désespérément sans réponses. Graeme Allwright est tristement réaliste quand il déclare par exemple : "Tout le monde sait que les dés sont truqués, tout le monde les jette avec les doigts croisés. Tout le monde sait que le combat était arrangé d'avance. Les pauvres restent pauvres, les riches s'enrichissent. C'est comme ça, tout le monde le sait ". Pour lui, face à ce constat alarmant, les hommes sont "condamnés à s'entendre, condamnés à s'aimer". Et des recettes, il en a en magasin. Par exemple changer le texte de La Marseillaise, "un chant aux paroles belliqueuses et sanguinaires, honteux pour la France". "La flamme qui nous éclaire, traverse les frontières. Partons, partons, amis, solidaires, marchons vers la lumière" : un hymne national à la paix qui mériterait la postérité. Sur la scène du foyer Brassens, Graeme Allwright a une fois encore exprimé sa joie de toujours "reprendre la route comme un vrai gamin, de monter sur les planches des petits patelins". Il a dignement fêté ses Retrouvailles avec un public beaucourtois qui l'aime et qui le lui a clairement fait savoir.