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Article du mercredi 27 août 2008
Belfort
Patrimoine
Le passé militaire de Belfort resurgit dans un livre
Sidonie Marchal s’est penchée avec précision sur son terrain de jeux favori, le château de Belfort, et tous les bâtiments militaires qui l’entourent. Photo Karine Frelin
C’est son premier livre : Sidonie Marchal, professeur d’histoire et présidente de l’Association des guides du château de Belfort, s’est penchée sur le très riche passé militaire de Belfort et du Territoire. Un passé encore bien présent.
Cette année, Sidonie Marchal aura eu deux bébés : le premier, en chair et en os, est né en juin. Le deuxième vient de sortir : La trouée de Belfort, forts et militaires, est un passionnant recueil de photographies abondamment légendées, paru dans la collection Mémoire en images des Éditions Alan Sutton. « Les choses étaient claires depuis longtemps dans ma tête, raconte Sidonie Marchal, qui, quand elle ne fait pas une visite du château ou de la Miotte, est professeur d’histoire-géographie au collège Anatole-France de Bethoncourt, dans le pays de Montbéliard. Le plus long a été de rassembler, puis de trier les documents ». Et malgré les sièges et les destructions successives, des documents, il en reste beaucoup à Belfort, au Musée du château, et aux Archives municipales. Sans compter les nombreuses cartes postales et cartes-photos que Sidonie a glanées dans les marchés aux puces et les bourses de collectionneurs. En tout, elle a gardé 220 documents les plus significatifs de la présence militaire dans la ville et alentours, et les légende tous, en gardant, dans le texte, l’essentiel. « J’ai dû beaucoup travailler les textes courts car je suis très pipelette », sourit-elle.
Des clichés pas toujours innocents
L’ouvrage débute par la fondation du site, il y a quelque 700 ans, autour de la falaise abrupte qui abrite encore le château. C’est là que Vauban décidera de fortifier. « Longtemps, d’après les documents, on s’aperçoit que les limites de la cité se sont cantonnées à la vieille ville », ajoute Sidonie Marchal, qui retrouve rapidement la passion de sa tâche de guide. Ravie d’avoir pu mener à bien son projet, la jeune femme originaire de Belfort a aussi « complété ma culture sur la vie militaire. Mais je me suis surtout fait plaisir ». La première partie de l’ouvrage est édifiante, où l’on se demande bien comment autant de bâtiments ont pu rester debout, malgré les attaques successives. « On a construit, et reconstruit », sourit Sidonie, à l’instar de la tour de la Miotte, qui s’est effondrée dans la nuit du 8 au 9 juillet 1873, quelques jours avant le départ des troupes prussiennes. Cette date marque aussi le retour, à Belfort… du 35e RI, qui a une histoire intimement liée à Belfort. De nombreuses photographies y ont d’ailleurs été prises, et pas seulement au 35e. C’est sur cette vision humaine que Sidonie Marchal a souhaité s’attarder, racontant, en images commentées, une vie militaire très soudée durant la période 1870-1914, qui coïncide avec la conscription. « Ces années sont celles où Belfort joue son plus grand rôle défensif, puisque l’Alsace est sous le joug allemand. » Mais il ne faut pas se leurrer : les témoignages photographiques de la vie quotidienne dans les quartiers militaires « sont toujours cadrés par la hiérarchie ». « C’est aussi pour cela que j’ai placé quelques images de propagande, pour montrer que ces clichés n’étaient jamais innocents. »
On se plaît à chercher dans le patrimoine d’hier ce qui existe encore aujourd’hui, quartiers oubliés, détruits, hangars à dirigeables, Lion indomptable… Mais il y a aussi une part émouvante dans cet ouvrage, avec les photos que les soldats commentent eux-mêmes, ajoutant une petite croix là où ils sont casernés, ou quelques mots sur le recto.
Sidonie Marchal a, pour l’heure, le sentiment d’avoir un peu bouclé la boucle : « Je fais des visites depuis dix ans au château. Ce sont des moments enrichissants, mais volatiles. Je voulais laisser une trace ». Voilà qui est fait, et plutôt bien fait.
Karine Frelin
LIRE
La trouée de Belfort, forts et militaires, Éditions Alan Sutton, 19,90 €.