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Franche-Comté
Exposition : Courbet à 1000 à l’heure au Metropolitan Museum de New York

Le Metropolitan museum of art accueille l’expo Courbet jusqu’au 18 mai avant de passer le flambeau au musée Fabre à Montpellier. Photos Dahmane Soudani
Gustave Courbet jette son dévolu sur le « Metroplitan Museum of art » de New York. À la notoriété inoxydable, le maître d’Ornans séduit l’Amérique. On enregistre jusqu’à mille entrées par heures certains jours…
Au pied de l’imposant édifice de Manhattan, véritable panthéon de la culture new-yorkaise, la foule est dense. Au-dessus, deux titres, « Jasper Johns et le gris » et « Poussin et la nature » dominent les proches gauche et droit du Museum. Au centre trône un seul nom, celui de Gustave Courbet, sans autre forme d’épigraphe. Difficile, en effet, de ranger sous un titre unique le personnage et l’œuvre du maître du réalisme. Autoportraits – entre 1842 et 1855, Courbet en a réalisé une vingtaine-, émergence du réalisme à Ornans, triomphe du réalisme, le peintre de la vie moderne, le peintre comme chasseur, le nu, les paysages, Courbet et la photographie et enfin le peintre et les politiques avec Proudhon en vedette, l’expo Courbet est déroulée en plusieurs séquences. Pour alimenter toutes ces thématiques, 130 pièces sont à l’œuvre, jusqu’au 18 mai prochain, sur les cimaises des Tisch Galleries.
Cela dit, comme pour le musée d’Orsay, l’autoportrait, Le Désespéré, élu comme affiche de l’événement, semble privilégier le côté tourmenté, un peu spleen du peintre.
Une tristesse qui s’attache au cœur comme un vampire
« Avec ce masque riant que vous me connaissez, je cache à l’intérieur le chagrin, l’amertume, et une tristesse qui s’attache au cœur comme un vampire », écrivait Courbet lui-même, en 1854 à son mécène Alfred Bruyas.
Impact du visuel ou notoriété du peintre, qu’importe, 131 années après sa disparition, Courbet reste une affiche captivante. « Pour un mercredi, il y a beaucoup de monde. Ces derniers week-ends, nous avons enregistré jusqu’à 1000 entrées par heure », explique l’une des hôtesses du Museum. « J’étais déjà venu un week-end, mais c’était vraiment difficile. On est vite écrasé au milieu des galeries. Certains n’avaient peut-être pas le choix, mais moi, j’ai pu revenir aujourd’hui, et j’en suis très contente », se réjouit, de son côté, Margaret, une New-Yorkaise.
Pourquoi tant d’efforts et de ténacité pour Courbet ? « Il est l’auteur de l’une des œuvres les plus riches. Malgré tout, par certains aspects, ce peintre reste très énigmatique. Courbet, ce sont des vérités crues, parfois de l’arrogance et de la provocation, mais il est aussi habité par le doute et un désarroi intérieur à peine voilé. À ce titre, c’est un artiste intéressant qui, plus est, a beaucoup influencé la peinture américaine », poursuit notre interlocutrice.
La direction du Metropolitan Museum a su accompagner l’événement Courbet d’une pédagogie sans faille. « J’ai déjà visité le musée Courbet en Franche-Comté, mais j’ai appris plus de choses ici, sur ce peintre, qu’à Ornans », témoigne John, un autre visiteur. Signalons que lors de l’inauguration de cette exposition, le conseil général du Doubs, propriétaire du musée d’Ornans, avait été représenté par Vincent Fuster, qui s’en est saisi de l’occasion pour annoncer la mise en place d’un kit de visites englobant les sites d’Ornans, la Saline royale et de Besançon. Un essai qui gagnerait à être transformé pour répondre à l’attente des touristes américains. Signe de cette demande et d’une curiosité inassouvie, à leur sortie du Museum, les visiteurs s’arrachent le catalogue de l’expo Courbet, un document riche de 480 pages illustrées de 506 planches.
Dahmane Soudani