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Article du 8 février 2008
La Haute-Saône
Traditions : Les facéties du Sapeur Camember fêtées entre amis à Saint-Germain-des-Prés
Tous les quatre ans, Marie-France et Jérôme Dunod fêtent à Paris, avec leurs amis, l'anniversaire du Sapeur Camember, héros de bande dessinée né de l'imagination du Luron Georges Colomb, alias Christophe. Photo DR
Marie-France et Jérôme Dunod, authentiques Parisiens, sont tombés sous le charme du Sapeur Camember il y a 20 ans. L'histoire d'amour perdure entre le couple et le héros de bande dessinée né le 29 février 1844 dans le village imaginaire de Gleux-lès-Lure.
À Saint-Germain-des-Prés, lieu mythique de la capitale, demeurent deux Parisiens pure souche : Marie-France et Jérôme Dunod. Mariés, trois enfants et autant de très jeunes petits-enfants. Rien, apparemment, ne les prédisposait à entretenir une quelconque relation avec la cité luronne. Rien, sauf le héros d'une des premières bandes dessinées françaises due à Christophe (1856-1945), Les facéties du Sapeur Camember, qui a envoûté le couple friand de plaisanteries de bon aloi.
Marie-France, décoratrice dans l'édition textile d'ameublement de luxe, et Jérôme, chargé de développement à l'international d'une société alimentaire, ont commencé à vouer un véritable culte au Sapeur Camember il y a une vingtaine d'années. Et le hasard n'y est pour rien.
Jérôme, de manière très didactique, explique : « Le 29 février, qui peut être comparé à une ellipse, est un jour d'exception dans le concept du temps. Quant au Sapeur Camember, il est à mes yeux un personnage mythique ».
Un cadeau qui tombe du ciel
Il poursuit sa démonstration : « La spécificité du 29 février, une date hors du temps, remonte à Jules César. Le mécanisme complété par Grégoire XIII a fait du 6e jour du calendrier Romain un jour différent des autres car bissé tous les 4 ans ». Poète, il ajoute : « C'est un cadeau qui tombe du ciel ». Son épouse renchérit : « Ainsi, cette année, nous aurons 366 jours de bonheur ».
Intellectuellement curieux, Jérôme, fin connaisseur des facéties du joyeux Luron, a été fortuitement et ponctuellement amené à travailler dans le monde du fromage. À Camembert, ça ne s'invente pas !
Décidé à en savoir plus, il conforte son idée : « Le Sapeur est un personnage hors du commun et il faut le fêter dignement ». Ce qui est devenu réalité il y a 20 ans, à la maison, avec la famille et des amis qui, la première fois, se sont interrogés sur le motif d'une invitation un rien mystérieuse. « S'agit-il de l'anniversaire de Marie-France, de Jérôme ? Ou celui de leur mariage ? » « Non, c'est celui du Sapeur » ont alors dévoilé, sourires complices aux lèvres, les joyeux organisateurs qui depuis récidivent allégrement.
Une mémoire commune et un grand moment d'exception
« Comme le jour est gratuit, c'est un bon prétexte pour honorer Camember » tel est le leitmotiv du couple bien décidé à pérenniser l'événement en rassemblant amis et familles, toutes générations confondues, pour fêter l'anniversaire « de quelqu'un qui n'est pas de la famille et qui n'existe que dans l'imagination de Georges Colomb ». Les époux Dunod font ainsi Å“uvre de fraternité en « partageant une mémoire commune et un grand moment d'exception ». Pour eux, faire la fête se décline dans la dignité, la bonne humeur et le savoir bien vivre. Et il en est ainsi depuis l'origine. Avec comme objectif « de s'amuser lors d'un dîner des plus ludiques, rythmé, entre autres, par des discours, des énigmes à résoudre pour valider son entrée dans le cénacle muni de son carton d'invitation en forme de journal facétieux ». Évidemment. Ovationnés, les discours sont classés en fonction des résultats de l'applaudimètre, juge impartial et immédiat en la matière. Toujours très correcte, la journée se termine par un fabuleux gâteau d'anniversaire en guise d'ultime clin d'Å“il (un plateau de camembert) avant la prochaine célébration.
Rieurs, ravis et heureux, Marie-France et Jérôme connaissent un succès grandissant dans la capitale où leur cercle d'amis partageant les mêmes facétieuses valeurs atteint la centaine. Il leur a donc fallu s'adapter. La solution a été de se réunir dans une vaste maison familiale où, grâce à une savante mise en scène, avec costumes ou accessoires disponibles sur un portemanteau, les maîtres de l'éloquence et les chanteurs de l'Offenbach ont laissé libre cours à leur talent. « Mais sans protocole ni prétention. C'est la règle ».
Le Sapeur, immortalisé par Christophe et façonné par le bronze de Françoise Faure-Couty au centre ville de Lure, a fortement apprécié. Il a même promis de tenter un rapprochement plus intime avec ces Parisiens qui manient l'humour avec autant de délicatesse que de classe et qui fêtent son anniversaire loin des fastes officiels.
Gérard Faivre