Conte moderne...
Conte moderne...
Le petit chaperon rouge
Quand le loup sentit des tiraillements
Et que de manger il était grand temps
Il alla trouver Mère-Grand.
Dès qu'elle eut ouvert, elle reconnut
Le sourire narquois et les dents pointues.
Le loup demanda : "Puis-je entrer ?"
La grand-mère avait grand peur :
"Il va, se dit-elle, me dévorer sur l'heure !"
La pauvre femme avait raison :
Le loup affamé l'avala tout rond
Mais la grand-mère était coriace.
"C'est peu, dit le loup faisant la grimace,
C'est à peine s'il m'a semblé
Avoir eu quelque chose à manger !"
Il fit le tour de la cuisine en glapissant :
"Il faut que j'en reprenne absolument !"
Puis il ajouta d'un air effrayant :
"Je vais donc attendre ici un moment
Que le Petit Chaperon Rouge revienne
Des bois où pour l'instant elle se promène."
(Un loup a beau avoir de mauvaises manières,
Il n'avait pas mangé les habits de grand-mère !)
Il mit son manteau, coiffa son chapeau,
Enfila sa paire de godillots,
Se frisa les cheveux au fer
Et s'installa dans le fauteuil de grand-mère.
Quand Chaperon Rouge arriva, essoufflée,
Elle trouva grand-mère plutôt changée :
"Que tu as de grandes oreilles, Mère-Grand !
- C'est pour mieux t'écouter, mon enfant !
- Que tu as de grands yeux, Mère-Grand !
- C'est pour mieux te voir, mon enfant !"
Derrière les lunettes de Mère-Grand,
Le loup la regardait en souriant
"Je vais, pensait-il, manger cette enfant.
Ce sera une chair plus tendre que la Mère-Grand;
Après les merles, un peu secs, des ortolans !"
Mais le Petit Chaperon Rouge déclara : "Grand-mère,
Tu as un manteau de fourrure du tonnerre !
- Ce n'est pas le texte ! dit le loup. Attends...
Tu devrais dire : "Comme tu as de grandes dents !"
Enfin... peu importe ce que tu me dis ou non,
C'est moi qui vais te manger, de toute façon !"
La petite fille sourit, puis, battant des paupières,
De son pantalon, sortit un revolver
C'est à la tête qu'elle visa le loup,
Et Bang ! l'étendit raide mort d'un coup
Quelque temps après, dans la forêt,
Chaperon Rouge j'ai rencontré
Quelle transformation ! Adieu rouge manteau !
Adieu ridicule petit chaperon !
"Salut ! me dit-elle, regarde donc, s'il te plaît,
Mon manteau en loup, comme il est croquignolet !"
R. Dahl
Si vous aimez, j'en ai d'autres...
Quand le loup sentit des tiraillements
Et que de manger il était grand temps
Il alla trouver Mère-Grand.
Dès qu'elle eut ouvert, elle reconnut
Le sourire narquois et les dents pointues.
Le loup demanda : "Puis-je entrer ?"
La grand-mère avait grand peur :
"Il va, se dit-elle, me dévorer sur l'heure !"
La pauvre femme avait raison :
Le loup affamé l'avala tout rond
Mais la grand-mère était coriace.
"C'est peu, dit le loup faisant la grimace,
C'est à peine s'il m'a semblé
Avoir eu quelque chose à manger !"
Il fit le tour de la cuisine en glapissant :
"Il faut que j'en reprenne absolument !"
Puis il ajouta d'un air effrayant :
"Je vais donc attendre ici un moment
Que le Petit Chaperon Rouge revienne
Des bois où pour l'instant elle se promène."
(Un loup a beau avoir de mauvaises manières,
Il n'avait pas mangé les habits de grand-mère !)
Il mit son manteau, coiffa son chapeau,
Enfila sa paire de godillots,
Se frisa les cheveux au fer
Et s'installa dans le fauteuil de grand-mère.
Quand Chaperon Rouge arriva, essoufflée,
Elle trouva grand-mère plutôt changée :
"Que tu as de grandes oreilles, Mère-Grand !
- C'est pour mieux t'écouter, mon enfant !
- Que tu as de grands yeux, Mère-Grand !
- C'est pour mieux te voir, mon enfant !"
Derrière les lunettes de Mère-Grand,
Le loup la regardait en souriant
"Je vais, pensait-il, manger cette enfant.
Ce sera une chair plus tendre que la Mère-Grand;
Après les merles, un peu secs, des ortolans !"
Mais le Petit Chaperon Rouge déclara : "Grand-mère,
Tu as un manteau de fourrure du tonnerre !
- Ce n'est pas le texte ! dit le loup. Attends...
Tu devrais dire : "Comme tu as de grandes dents !"
Enfin... peu importe ce que tu me dis ou non,
C'est moi qui vais te manger, de toute façon !"
La petite fille sourit, puis, battant des paupières,
De son pantalon, sortit un revolver
C'est à la tête qu'elle visa le loup,
Et Bang ! l'étendit raide mort d'un coup
Quelque temps après, dans la forêt,
Chaperon Rouge j'ai rencontré
Quelle transformation ! Adieu rouge manteau !
Adieu ridicule petit chaperon !
"Salut ! me dit-elle, regarde donc, s'il te plaît,
Mon manteau en loup, comme il est croquignolet !"
R. Dahl
Si vous aimez, j'en ai d'autres...
- Moulin à rata
- Cancoillotte Addict
- Messages : 4373
- Enregistré le : ven. 29 déc. 2006, 20:56
- Localisation : Paris
Moi j'adore celle-là !
Dans le bain tant désiré qui depuis des heures s'écoule
Dans la baignoire pleine à ras bord un ardent baigneur se coule
En elle comme en une coquille sur mesure il se moule
Des senteurs exotiques de l'eau colorée il se saoule
Comme une mouche dans l'onde, enfoui et noyé dans la mousse
Dans la chaleur et la volupté il glousse et se trémousse
Quelle force, quel amour au monde peut bien dépasser sa passion
Pour l'onctuosité de la mousse et le fondant du savon ?
Et tout comme un poisson dans l'eau
Il file et nage sur le dos
Frôle bateaux et cachalots
Vif et souple comme un oiseau
Soudain il plonge et puis il pique
Vers les profondeurs aquatiques
Où il découvre le cÅ“ur ravi
Trésors et galions engloutis
Affronte murènes et requins
Féroces gardiens des fonds marins
Puis il se faufile et se glisse
Jusqu'à la mystérieuse abysse
Qui boit telle un titan avide
L'eau de l'océan et le vide.
Alors il se retrouve tout n u
Devant le gouffre qui a tout bu
Car dans sa folle expédition
Il a tiré le bouchon.

Dans le bain tant désiré qui depuis des heures s'écoule
Dans la baignoire pleine à ras bord un ardent baigneur se coule
En elle comme en une coquille sur mesure il se moule
Des senteurs exotiques de l'eau colorée il se saoule
Comme une mouche dans l'onde, enfoui et noyé dans la mousse
Dans la chaleur et la volupté il glousse et se trémousse
Quelle force, quel amour au monde peut bien dépasser sa passion
Pour l'onctuosité de la mousse et le fondant du savon ?
Et tout comme un poisson dans l'eau
Il file et nage sur le dos
Frôle bateaux et cachalots
Vif et souple comme un oiseau
Soudain il plonge et puis il pique
Vers les profondeurs aquatiques
Où il découvre le cÅ“ur ravi
Trésors et galions engloutis
Affronte murènes et requins
Féroces gardiens des fonds marins
Puis il se faufile et se glisse
Jusqu'à la mystérieuse abysse
Qui boit telle un titan avide
L'eau de l'océan et le vide.
Alors il se retrouve tout n u
Devant le gouffre qui a tout bu
Car dans sa folle expédition
Il a tiré le bouchon.

Belfortaine de naissance, exilée en banlieue parisienne
Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un coeur large. Paul Gauguin
Cuisiner suppose une tête légère, un esprit généreux et un coeur large. Paul Gauguin
- Moulin à rata
- Cancoillotte Addict
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- Enregistré le : ven. 29 déc. 2006, 20:56
- Localisation : Paris
Si vous trouvez la fable d'origine, je vous en donne une troisième...
LA FEE DU ROBINET
Un papa et une maman entrent sur scène. L'un coupant sans cesse la parole à l'autre, ils annoncent au public qu'ils vont lui raconter une histoire qui leur est arrivée.Tout au long de l'histoire, il vont appeler les personnages qui la compose pour en jouer les scènes.
Papa et Maman ont deux filles, Marie et Martine, la première étant un modèle de politesse, la seconde tout l'inverse (ils les appellent, Marie arrive immédiatement en multipliant les politesses, Martine se fait prier et ne cesse de se plaindre). Une nuit, Martine se lève pour aller boire au robinet de la cuisine et une fée lui apparaît, qui lui demande un peu d'eau dans son verre. Comme la dame a riche allure, Martine se dit qu'elle a intérêt à bien se comporter avec elle et elle lui tend son verre. En remerciement, la fée lui fait un don : à chaque mot qu'elle dira, il lui sortira une perle de la bouche. Le lendemain matin, quelle n'est pas la surprise de ses parents ! Ils décident aussitôt que Martine n'ira plus à l'école et parlera toute la journée au-dessus d'un saladier. Trouvant les perles un peu petites, Maman propose de lui faire dire des mots plus longs. Ils cherchent le mot le plus long de la langue française. Papa prétend qu'il en existe de plus longs encore, et fait lire à Martine les composants d'une boîte d'insecticide. Mais, comme elle n'arrive pas à lire le mot que lui montre son père, elle s'énerve et dit des gros mots (atténués dans la scène, Maman précise qu'en réalité elle n'a pas tout-à-fait dit ça !). Tombent alors trois grosses perles dans le saladier. Martine doit désormais dire des gros mots toute la journée. Amusée au début, elle finit par se lasser, et quand sa mère la dispute, elle s'enfuit de la maison (Papa et Maman décident de raconter tout de suite ce qui lui est arrivé, même s'ils ne l'ont su qu'après). Recueillie par un voyou qui lui a demandé son histoire, Martine est sequestrée et doit cracher des perles toute la journée sans quoi elle est battue (regrets des parents, pour les perles, pas pour leur fille !). Maman a alors l'idée de demander à Marie d'aller voir la fée du robinet pour qu'elle lui fasse le même don. Mais Marie refuse car elle ne veut pas qu'il lui arrive la même chose qu'à Martine. Maman a alors l'idée de faire un repas très salé et sans eau, pour que Marie ait soif pendant la nuit. La ruse fonctionne, et Marie rencontre la fée du robinet. Seulement, comme elle refuse de lui donner à boire, la fée lui fait un autre don : à chaque mot qu'elle dira, il lui sortira un serpent de la bouche. Le lendemain, elle explique à l'écrit ce qu'il lui arrive et ses parent appelle le médecin. Celui-ci la fait parler au-dessus de l'évier, puis dire des gros mots. Ravi, il demande sa main aux parents car il travaille à l'institut Pasteur où l'on a besoin de venin pour tester des sérums. Papa et Maman se retrouvent seuls à la maison. Un beau jour, quelqu'un frappe à la porte, qui se présente comme l'enchanteur-inspecteur de toutes les fées de l'arrondissement. Il leur annonce que leur fée n'est plus là, qu'elle a été enchantée parce qu'elle était trop bête, et que par conséquent, leurs filles ne crachent plus ni perles ni serpents. Marie est restée avec son docteur qui continue à l'aimer malgré tout, tandis que Martine, renvoyée par son voyou, est rentrée à la maison et est désormais une fille très polie, aussi douce et gentille que sa sÅ“ur (ultimes regrets du père, qui se fait disputer par sa femme).
*** Message édité par Karine le 10/10/2007 23:13 ***
LA FEE DU ROBINET
Un papa et une maman entrent sur scène. L'un coupant sans cesse la parole à l'autre, ils annoncent au public qu'ils vont lui raconter une histoire qui leur est arrivée.Tout au long de l'histoire, il vont appeler les personnages qui la compose pour en jouer les scènes.
Papa et Maman ont deux filles, Marie et Martine, la première étant un modèle de politesse, la seconde tout l'inverse (ils les appellent, Marie arrive immédiatement en multipliant les politesses, Martine se fait prier et ne cesse de se plaindre). Une nuit, Martine se lève pour aller boire au robinet de la cuisine et une fée lui apparaît, qui lui demande un peu d'eau dans son verre. Comme la dame a riche allure, Martine se dit qu'elle a intérêt à bien se comporter avec elle et elle lui tend son verre. En remerciement, la fée lui fait un don : à chaque mot qu'elle dira, il lui sortira une perle de la bouche. Le lendemain matin, quelle n'est pas la surprise de ses parents ! Ils décident aussitôt que Martine n'ira plus à l'école et parlera toute la journée au-dessus d'un saladier. Trouvant les perles un peu petites, Maman propose de lui faire dire des mots plus longs. Ils cherchent le mot le plus long de la langue française. Papa prétend qu'il en existe de plus longs encore, et fait lire à Martine les composants d'une boîte d'insecticide. Mais, comme elle n'arrive pas à lire le mot que lui montre son père, elle s'énerve et dit des gros mots (atténués dans la scène, Maman précise qu'en réalité elle n'a pas tout-à-fait dit ça !). Tombent alors trois grosses perles dans le saladier. Martine doit désormais dire des gros mots toute la journée. Amusée au début, elle finit par se lasser, et quand sa mère la dispute, elle s'enfuit de la maison (Papa et Maman décident de raconter tout de suite ce qui lui est arrivé, même s'ils ne l'ont su qu'après). Recueillie par un voyou qui lui a demandé son histoire, Martine est sequestrée et doit cracher des perles toute la journée sans quoi elle est battue (regrets des parents, pour les perles, pas pour leur fille !). Maman a alors l'idée de demander à Marie d'aller voir la fée du robinet pour qu'elle lui fasse le même don. Mais Marie refuse car elle ne veut pas qu'il lui arrive la même chose qu'à Martine. Maman a alors l'idée de faire un repas très salé et sans eau, pour que Marie ait soif pendant la nuit. La ruse fonctionne, et Marie rencontre la fée du robinet. Seulement, comme elle refuse de lui donner à boire, la fée lui fait un autre don : à chaque mot qu'elle dira, il lui sortira un serpent de la bouche. Le lendemain, elle explique à l'écrit ce qu'il lui arrive et ses parent appelle le médecin. Celui-ci la fait parler au-dessus de l'évier, puis dire des gros mots. Ravi, il demande sa main aux parents car il travaille à l'institut Pasteur où l'on a besoin de venin pour tester des sérums. Papa et Maman se retrouvent seuls à la maison. Un beau jour, quelqu'un frappe à la porte, qui se présente comme l'enchanteur-inspecteur de toutes les fées de l'arrondissement. Il leur annonce que leur fée n'est plus là, qu'elle a été enchantée parce qu'elle était trop bête, et que par conséquent, leurs filles ne crachent plus ni perles ni serpents. Marie est restée avec son docteur qui continue à l'aimer malgré tout, tandis que Martine, renvoyée par son voyou, est rentrée à la maison et est désormais une fille très polie, aussi douce et gentille que sa sÅ“ur (ultimes regrets du père, qui se fait disputer par sa femme).
*** Message édité par Karine le 10/10/2007 23:13 ***