À Charcenne, petit village aux confins de la Haute-Saône, une famille a pris le pari de relancer des vins de qualité. 200 000 bouteilles par an d'un fin nectar.
La Haute-Saône n'est pas vraiment un département viticole. Pourtant, la famille Guillaume, à Charcenne cultive la vigne depuis 1895 selon une tradition séculaire. Elle exporte le tiers de sa production. Sur les versants des vallons de Gy et de Charcenne, à une quinzaine de kilomètres au sud de Gray, se trouvent les premières parcelles de vignes de Xavier Guillaume. Xavier a repris le flambeau familial, et il en est fier :
« Notre vignoble rappelle les heures glorieuses d'une époque que le temps n'a pas effacée, où se retrouvent la tradition, le prestige de vins qui ont enchanté les générations d'antan. Ils sont du Pays, et les témoins vivants à travers lesquels se perpétuent la beauté, la générosité d'une région où il fait bon vivre. » La Franche-Comté a, depuis le Moyen Âge, subit l'influence du Duché de Bourgogne. Retrouvant ici des natures de sol comparables au prestigieux vignoble bourguignon, les espaces importants des coteaux aux expositions ensoleillées du Sud, Sud-ouest sont très vite occupés par la vigne. C'est ainsi que Gy et sa région ont acquis, au cours des âges, une solide réputation pour la qualité de leurs vins. La vocation viticole de ce coin de Haute-Saône s'affirme quand, au XIe siècle et jusqu'à la Révolution, les archevêques de Besançon établissent leur autorité sur le vignoble de Gy et de Charcenne, en construisant l'imposant château de Gy.
Charcenne va vivre durant des siècles au rythme de la vigne à travers les guerres et les invasions. Mais cette période faste ne va pas durer. Dans les années 1853-1854, le choléra décime une partie de la population ; ce fléau est suivi par l'invasion du phylloxéra. En l'espace de quelques années, les vignes disparaissent.
C'est ainsi que sont nées les pépinières Guillaume, en 1895. Albert et Modeste Guillaume commencent le greffage de la vigne et la pépinière viticole. Depuis, ces deux activités se font en synergie : « Nos vignes, explique Xavier Guillaume, nous permettent de faire des vins, des expérimentations et sont une source importante de matière première pour le greffage de nos plants de vigne ». La famille Guillaume fabrique alors le « greffé-soudé » : « Avec un porte greffe, un morceau de sarment de vigne américaine qui résiste au phylloxera et un greffon provenant d'une variété de raisin européen » (viti vinefera). Ce croisement adapté va faire de la maison Guillaume le troisième producteur mondial de greffon avec 15, 5 millions d'assemblage de plans de vigne par an. « Depuis 1970, nous redéveloppons des sélections, testées sanitairement, pour ne pas transmettre de maladies à virus. Nous avons maintenu cette activité principale qui a fait redémarrer le vignoble de Charcenne ». Aujourd'hui, le vignoble Guillaume compte 33 hectares de vigne et produit 200 000 bouteilles de vins de Pays de Franche-Comté par an. « Les cépages principaux sont le chardonnay et le pinot noir suivis de gamay, sauvignon, auxerrois, savagnin… Ils sont vinifiés de manière classique », souligne le vigneron. 30 % des vins produits à Charcenne partent pour l'étranger, principalement aux USA et au Canada, mais il y aussi le Japon et Singapour précise Xavier Guillaume. « Aux États-Unis nous avons un importateur qui cherche des vins de petits domaines, un peu exotiques. » Quant aux greffons, 60 % de la production est vendue hors de France, « sauf aux USA, Australie et Nouvelle Zélande à cause de barrières sanitaires », explique le vigneron.
Les vins de Haute-Saône, et notamment de Charcenne méritent d'être connus. Notamment « les Vielles Vignes » et les « collections Réservées » en chardonney ou en pinot noir. Ce sont de grands vins de garde avec rondeur, acidité, qui conservent une belle structure tannique. Ils pourront se faire oublier dans les caves. Les classiques peuvent selon les millésimes et les cépages se boire dans les 5 à 8 ans. Si la plupart de vins sont vinifiés de manière classique, le vignoble Guillaume produit également des méthodes traditionnelles. Un coup de coeur pour le « Gamay 2002 » d'une couleur très intense avec des arômes de fruits bien présents au nez et à la bouche. C'est un vin fin et harmonieux qui accompagnera parfaitement vos grillades de l'été. Il peut même se boire frais.
source : http://www.lepays.net