Si les 2 photographes (C. Bohème et J. Daubas) s’appuient sur un réel aisément « reconnaissable », ce n’est en rien pour le documenter, mais pour nous en faire percevoir une dimension complètement nouvelle, quasi abstraite, car détachée de toute circonstance spatiale ou temporelle ; de leur côté, les 3 plasticiens (R. Di Giorgio, Y. Hasselmann et P. Léger) usant de techniques diverses (peintures, découpes, collages, dessin, etc.) jouent subtilement de l’abstraction sans que jamais elle ne devienne vide de sens. Chez chacun des artistes, ce qui se dégage c’est la capacité à offrir au regardeur par le truchement des œuvres, un concentré du regard qu’il porte sur le monde, que ce soit le monde « visible » des apparences ou, plus profondément, son monde « intime », son jardin intérieur, son imaginaire.
À parcourir l’exposition, on sent un commun dénominateur qui, au-delà des techniques et de la forme des œuvres, rassemble les cinq auteurs : la Vie et surtout les questions qu’elle pose à chacun : le temps, la mémoire, l’espace, la nature, le mouvement, la disparition… Ces questions vitales, essentielles, auxquelles nos artistes savent bien qu’ils ne pourront jamais répondre, mais dont ils cherchent à explorer les contours, choisissant chacun une stratégie d’approche différente.
Régis Di Giorgio déploie devant nous en des traits affirmés sa « jungle » de vie imaginaire, foisonnante et en renouvellement perpétuel, mais toujours insaisissable ; la « jungle » de Christophe Bohème est une forêt qui n’en est déjà plus une par le jeu des choix d’échelle, de point de vue et la mise à distance des repères conventionnels. Dans ses séquences, Jean Daubas explore les limites des mécanismes de notre perception par son approche contemplative/active de « petits riens » devenant tout. C’est sa vie passée qu’Yves Hasselmann a choisi de déconstruire en découpant ses œuvres plus anciennes pour composer (Yves est aussi artiste-musicien) de nouvelles œuvres. Enfin, Patrick Léger est le seul à avoir abordé dans sa série de portraits la question du corps et surtout du visage cherchant à donner à voir l’impalpable de l’autre ou de lui-même, sur fond de collages, journaux, photos, etc.
Une exposition à ne surtout pas manquer !
