Depuis les années 1970, 20 000 hectares de terres agricoles ont disparu au profit de l'urbanisation dans le Territoire de Belfort où il reste aujourd'hui 150 agriculteurs. Alors que les espaces naturels continuent de se réduire, comment maintenir une agriculture péri-urbaine dans ce département ainsi que dans le Pays de Montbéliard qui compte une centaine d'exploitants agricoles ?
Ici, les terres arables sont rares. Donc chères. Quand une ferme cesse son activité, il manque souvent du quota pour installer un jeune. Et surtout, les propriétaires terriens sont davantage tentés de revendre leur bien pour des constructions immobilières plutôt que de continuer à les louer à des agriculteurs.
Dans ce contexte et compte tenu de l'importance de la population dans ce bassin de vie, le développement d'une agriculture dite de proximité (circuits courts, vente directe du producteur au consommateur...) apparaît comme un gage de valeur ajoutée et une solution durable.
Reste à savoir quel est le potentiel. C'est pourquoi les collectivités locales ont sollicité les chambres d'agriculture concernées pour mener une étude auprès des producteurs.
Après avoir enquêté sur le sujet, Cécile Eimberk, chargée de mission pour l'agriculture péri-urbaine à la Chambre du Doubs, note que "10 agriculteurs dans le secteur de Montbéliard et 25 dans le Territoire de Belfort sont prêts à valoriser au mieux leurs produits en se diversifiant".
C'est-à-dire en créant des ateliers pour transformer eux-même leur viande, leur lait, en relançant le maraîchage - une tradition dans la couronne belfortaine - ou en se lançant dans la production de volailles. Avant d'aller vendre ses produits en ville, sur des marchés, à la ferme ou encore sur Internet.
Lait cru sur le parking
"Il y a une grosse demande de légumes locaux sur les marchés", fait savoir Cécile Eimberk. Autre créneau, les collectivités, à l'image de la ville d'Audincourt où les fruits et légumes de la restauration scolaire proviennent régulièrement des Jardins d'Idées de Bavans.
Reste que tout cela doit être bien réfléchi. Dans le Nord Franche-Comté, rappelle Cécile Eimberk, "la plupart des fermes ont 3 ateliers : lait, viande et céréales. Les agriculteurs sont souvent à bloc". Et bien souvent, "ils n'ont pas la fibre commerciale", ajoute-t-elle.
D'où l'intérêt des formations de la Chambre d'Agriculture qui permettent d'acquérir "des bases sur la réglementation, et sur l'offre et la demande". Mais aussi de fédérer les producteurs afin que leur nouvelle tâche soit moins lourde.
Cette action de soutien à l'agriculture péri-urbaine lancée à l'automne 2009 à Montbéliard et il y a un mois à Belfort semble porter ses fruits. A l'image d'un certain Elie Breuillot qui va livrer du lait cru sur le parking d'une grande surface avec un distributeur adapté, il semble que certains y trouvent leur compte. Et peuvent ainsi voir plus loin...
Par Fabrice Colombani, le 20/03/2010.
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