LES DEPECHES LE PROGRES
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Article du jeudi 9 octobre 2008
La compostière de Lemuy tente de se recycler
Alors que l’incertitude plane toujours sur l’avenir de la compostière, son changement d’activité au cours de l’été suscite de nouvelles oppositions locales, relayées par le député Jean-Marie Sermier qui demande sa fermeture.
« On ne va pas tourner autour du pot. Ca fait un an que ça dure, c’est inadmissible d’avoir une compostière si près d’un village. Les élus et les administrés m’ont interpellé une nouvelle fois et aujourd’hui je dis ça suffit ».
Pour Jean-Marie Sermier, député de la circonscription de Dole, Lemuy « n’est pas le lieu pour composter ». Dans un courrier adressé à la préfète Joëlle Le Mouël le 24 septembre dernier, il estime qu’il est « impératif de surseoir à ce projet ».
Car la compostière tente tant bien que mal de poursuivre ses activités, après la décision du tribunal administratif de Besançon, le 26 juin, qui demandait à sa société exploitante, TDS, de suspendre son activité dans les trente jours. La justice avait alors estimé que la société aurait dû s’installer avec une autorisation d’exploitation qui impliquait une étude d’impact et une enquête publique.
L’an dernier, c’est sous le régime de la déclaration que son installation traitant les « fractions fines fermenticides », issues du traitement des déchets des bacs gris, avait été validée par la préfecture. Une première décision de justice avait débouté en janvier la commune de Lemuy et l’ADELL, l’association de défense pour l’environnement de Lemuy et du Lison.
Entre-temps, Éric Louisot, le responsable de la compostière, a fait appel de cette décision. Mais quand bien même la cour d’appel de Nancy infirmerait la décision du tribunal de Besançon, le responsable a déjà perdu le marché des fines de tri du Sydom du Jura.
« Notre appel d'offres a été remporté cette semaine par le site d’Allériot, en Saône-et-Loire, annonce Hubert Martin, directeur du Sydom. C’est un marché sur trois ans d’environ 600 000 euros HT. Ça faisait trois mois que nous ne livrions plus rien à Lemuy qui n’avait pas les autorisations pour se présenter. Allériot a aussi plus de moyens en terme d’équipements et de structures. »
Donc pour le moment, plus de fines de tri à Lemuy. Le nouveau dossier a été déposé pour un traitement de « déchets verts et boues d’épuration ».
La préfecture du Jura a donné le récépissé de déclaration le 21 août. Après avoir totalement stoppé son activité le 1er août, le site gère actuellement des déchets verts de Salins-les-Bains, Clairvaux-les-Lacs et des bois de Champagnole.
Mais les boues d’épuration qui pourraient être traitées dans un futur proche restent en travers de la gorge des opposants. « Dans l’arrêté complémentaire de la première déclaration, il était dit qu’il n’y aurait pas de traitement de boue sur le site, insiste Danièle Robbe-Carrey, présidente de l’ADELL. On a déjà adressé des courriers à la préfecture à ce sujet pour rappeler que l’ancien préfet avait interdit cette activité. Et nous attaquerons au tribunal le nouveau récépissé ».
La préfecture n’a pas souhaité faire de commentaire sur ce sujet.
Sarah Fréquelin
«Faire peur, c’est facile mais ça ne résoud rien»
Éric Louisot, le responsable de la compostière, a une semaine difficile devant lui.
Les 15 et 16 octobre, l’avenir de la compostière se décidera à la fois à la cour d’appel de Nancy (voir ci-dessus) mais également au tribunal de Dole, car un contentieux oppose l’ancien propriétaire agricole du terrain à la SAFER qui a organisé la vente. En résumé, Daniel Joly, l’ancien propriétaire de l’exploitation agricole, souhaite annuler la vente. En résumé, Éric Louisot n’est donc pas propriétaire de sa plate-forme.
Mais l’exploitant veut y croire et « étudie toutes les pistes pour la faire vivre, y compris les boues, même si ce n’est pas une priorité ».
«Nous avons mentionné que nous ne ferions pas de boue l’année dernière car nous avions le tonnage suffisant en fines et nous voulions rassurer sur le fait que nous ne dépasserions pas les limites que la loi nous impose, précise-t-il. Il faut arrêter de douter de tout le monde. Nous ne sommes pas des voyous, et quand la mairie a reçu le récépissé en août, personne n’est venu nous demander ce que nous allions faire. Les déchets verts actuels ne suffisent pas à faire vivre la plate-forme. »
Éric Louisot a aujourd’hui deux salariés, puisque le troisième, « ne supportant pas cette incertitude », a démissionné. Il cherche donc des marchés et ne comprend toujours pas l’opposition locale . «Faire peur, c’est facile, mais ça ne résoud rien, insiste-t-il. Les boues proviennent des stations d’épuration. Quand on les reçoit, on sait ce qu’elles contiennent et on sait que ça fera un bon engrais. C’est totalement transparent et si on doit les traiter, on ne fera pas n’importe quoi. Il y a une réglementation et on la suit!.»
L’exploitant, qui fait volontiers visiter sa plate-forme, précise que la direction régionale de l’industrie, de la recherche et de l’environnement a vérifié de nombreuses fois ses installations sans remarquer de problème.
« Tout est étanche, détaille-t-il, le plan extérieur est incliné et l’eau s’écoule dans un bassin contrôlé tous les jours. S’il venait à déborder, nous avons un contrat avec une station d’épuration. Et si je devais traiter des boues, elles le seront sous le hangar, à l’abri des pluies. »
S.F.