Pour que le métier de fromager reste attractif, la filière Comté a commandé une étude il y a cinq ans. Un prototype était présenté hier (mardi 26 septembre 2006) aux professionnels.
Bouclans :
Le lumbago est une maladie fréquente chez les fromagers. Maurice Courtebras, de Courvières, ensait quelque chose. Retourner 24 meules de comté par jour, "ça finit par faire des tonnes". "J'arrive à la retraite, je suis fatigué, j'aurais aimé avoir ça..."
Ca, c'est la machine à retourner les meules dont la société Evoli présentait hier un "prototype de principe" à la fromagerie de Bouclans-Nancray. Des robots complètement automatiques oeuvrent déjà dans les caves d'affinage. Il s'agit là de mécaniser une partie de la manutention des fromages dans les quelque 180 ateliers de fabrication du comté.
Mais alors qu'un robot coûte 150 000€, la machine d'Evoli ne doit pas dépasser la moitié. Plus petites, les fruitières de proximité n'ont pas les mêmes moyens. "Nous avons travaillé sur un autre concept pour faire une machine plus simple et bon marché", explique Alain Aymonier, le technicien concepteur.
Le fruit d'un an de travail a donc été montré à plusieurs dizaines de fromagers. Ils ont plutôt apprécié le système de tapis non motorisé pour lequel un brevet a été déposé. "Si on n'avait pas découvert ce principe, on aurait abandonné", dit Alain Aymonier. Sa machine soulève un peu le fromage à retourner, glisse dessous une plaque recouverte d'un tapis que l'on bloque. Une fois le fromage reposé, le tapis glisse sur la plaque et sort de son logement. Il peut alors être retourné, frotté, replacé...
Les caves de fromageries n'ayant pas toutes les mêmes dimensions, la machine devra être fabriquée spécialement pour chaque cas. Pour l'heure, il en était surtout à une présentation aux professionnels dont il attendait les remarques lors d'une réunion qui s'est tenue juste après. "J'espère qu'on aura quelques commandes", dit-il.
Ce projet bientôt arrivé à bon port vient de loin. Il y a 5 ans, le CIGC (comité interprofessionnel du comté) a sollicité FACT (Franche-Comté amélioration des conditions de travail) pour étudier les gestes des travailleurs des fromageries avec un ergonome. L'ENIL (école laitière) et l'ARITT (l'industrie agro-alimentaire) ont soutenu la démarche.
L'enjeu, c'est également la pérénité d'un métier qui veut rester attractif pour les jeunes et les femmes. Ayant évolué en même temps que la charge de travail croissait, le métier emploie environ 800 personnes dans le zone comté. "Quand j'ai commencé dans le Jura, je faisais un comté et demi par jour", dit Maurice Courtebras. Responsable de la MSA qui accompagne le projet, il le trouve "très bien au niveau de la santé".
Article de Daniel Bordur paru dans l'Est Républicain le 27/09/2006.