La Vache qui rit
sur le premier emplacement de la marque Bel en France.

La direction nationale du groupe Bel, producteur de La Vache qui rit projette de rendre hommage à la "star des prairies" à l'occasion de la création d'un musée qui devrait ouvrir ses portes en 2008 et dans lequel le groupe compte investir quelque 5,5 millions d'euros.
Les détails de sa réalisation sont encore tenus secrets.
De nombreux collectionneurs ont déja fait connaître un inventaire détaillé des trésors qu'ils possèdent au géant de l'industrie alimentaire.
Pour le concepteur du projet, à travers les histoires de Banania, du Bibendum de Michelin et de La Vache qui rit, c'est toute une page de l'histoire de France que l'on peut lire.
Le 3 juillet dernier, la ville de Lons-le-Saunier, [...], a approuvé son installation à la place du musée archéologique actuel, c'est à dire sur l'emplacement même de la première usine de fabrication en France. La ville espère que son ouverture permettra d'attirer des dizaines de milliers de visiteurs chaque année, et à l'Office du tourisme de Lons, on se réjouit : " Nous avons beaucoup de demandes de visites du site de production, ce qui est impossible pour des raisons d'hygiène ".
Le groupe Bel a deux usines de production dans le Jura, l'une à Lons-le-Saunier, l'autre à Dole.
Un fromage créé en 1921
Le 16 avril 1921, Léon Bel dépose la marque La Vache qui rit et le dessin de "la vache en pied avec une expression hilare" qu'il a refait d'après un dessin de Benjamin Rabier servant d'insigne à "l'autobus de ravitaillement en viande fraîche" pendant la guerre de 1914-1918. Cet insigne était surnommé "La Wachkyrie".
En 1922, Léon Bel, à la suite d'une consultation auprès de quelques illustrateurs choisit le projet de Benjamin Rabier et charge l'imprimeur Vercasson de "retoucher" ce dessin : la vache devient rouge et se pare de boucles d'oreilles en forme de boîtes de La Vache qui rit.
En 1923, Vercasson dépose ce dessin à son nom, sous le nom de "Vache rouge". Il s'en suivra un procès à l'issue duquel Bel devra payer au successeur de Vercasson des dommages et intérêts pour avoir le droit d'utiliser le rouge pour La Vache qui rit.
Ce dessin va évoluer très insensiblement jusque dans les années 1970, les cornes des vaches devenant de moins en moins pointues au fil des ans notamment.

Un fils d'affineur
C'est en 1897 que Léon et Henri Bel, fils d'un maître affineur, fondent à Lons-le-Saunier, dans le Jura, la société Bel Frères qui deviendra les Fromageries Bel.
Lorsqu'il est appelé sous les drapeaux en 1914, Léon Bel est affecté dans la même unité du train que Benjamin Rabier.
A sa démobilisation, Léon Bel décide de se lancer dans l'aventure industrielle, et le 16 avril 1921, il dépose sa marque, en reprenant le dessin de Benjamin Rabier : la Walkyrie devient La Vache qui rit. Il s'agit d'une crème d'emmental.
Au début, on ne trouve que des portions uniques, puis apparaissent les conditionnement par 3, par 8, par 12, par 16 et par 24.
Il faut attendre 1924, et la commercialisation en portions individuelles, pour que le succès soit au rendez-vous avec pas moins de 12 000 boîtes vendues par jour.
Dès 1926, Léon Bel fonde un département de publicité au sein de son entreprise.
La Vache qui rit s'affiche dans les rues, le métro, au flanc des autobus, puis dans les salles de cinéma et à la télévision naissante. Depuis elle est partenaire des vachettes de l'émission Intervilles et prend chaque année place dans la caravane du Tour de France.
Un dessin de Benjamin Rabier
Reconnu comme l'un des ancêtres de la BD par Le Guide de la Bande Dessinée 2005, Benjamin Rabier est très connu pour ses dessins de La Baleine bleue, de La Vache qui rit et de Gédéon le canard.
Né le 30 décembre 1864, il sera, pendant qu'il effectue son service militaire à Arras, chargé de la décoration de la salle d'honneur de son régiment à la suite d'un concours .
Lors d'un voyage à Paris où il doit copier des aquarelles de bataille, il rencontre Sabatier et Caran d'Ache.
A la fin de son service militaire en 1889, il devient comptable et, à ses heures perdues, dessinateur pour les revues Le gil Bas, L'assiette au beurre et Le chat noir. Homme moderne et artiste aux multiples talents et facettes, il s'intéresse très vite à tout ce qui est à la mode et participe à tout ce qu'il se "fait".
Benjamin Radier publie son premier album en 1896 et à cette époque il collabore régulièrement aux publications Arthème Fayard pour les collections Jeunesse Illustré et Les belles images. Son premier ouvrage sera Tintin-Lutin écrit en collaboration avec Fred Isly et publié en 1898 par Félix Juven. Cet ouvrage sera le premier de sa nouvelle carrière.
De 1890 à 1920, il collaborera à plus d'une cinquantaine de journaux humoristes et satiriques et son style sera alors reconnaissable entre tous. Il s'affirme à l'époque définitivement comme un maître du dessin animalier, et c'est ce qui lui vaut encore aujourd'hui d'être cité comme l'un des fondateurs de la bande dessinée.
Benjamin Rabier évoque ainsi la genèse de la génisse qui deviendra, en 1921, La Vache qui rit : "Faire rire une vache ! J'ai passé des nuits blanches pour y arriver. J'avais loué à mon laitier une vache et son veau. J'entrepris de suite le veau, pensant qu'il serait plus sensible, étant plus jeune. Eh bien, pas du tout ! C'est la mère qui s'est mise à rire la première, heureuse de me voir jouer avec son enfant".
En 1923, il créa le célèbre canard Gédéon dont il dessinera les aventures jusqu'à la fin de sa vie. Il fait apparaître pour la première fois la cohérence d'un décor toujours soigné où s'inscrit le cycle des saisons. Il y aura au total 16 album d'aventures de Gédéon qui ont été rééditée dans les années 90 par les éditions Hoëbeke.
Que ce soit grâce à La Vache qui rit, à Gédéon le canard et à La Baleine bleue de la célèbre marque de sel, Benjamin Radier reste l'un des dessinateurs les plus connus du XXème siècle mais aussi l'un des plus présents dans notre vie quotidienne.
Source : http://bourgogne-franche-comte.france3.fr
*** Message édité par Perle39 le 27/10/2006 18:51 ***