L'inventeur du pied gauche est franc-comtois

[Camuchot]

Hier soir, sur la 3, interro d'histoire sous le dôme des Invalides, entre une collection de jambes de bois, le képi de Lyautey à monocle intégré et le coeur de schépuki.

«Qui a donné son nom à des chaussures militaires ? »

Alexis GODILLOT, parbleu !
Personne n'a précisé que ce Godillot était de chez nous.
Mais faut-il vraiment s'en vanter ?
Qu'on en juge par ce bref aperçu :

Issu d'une famille de Saint-Vit, Alexis Godillot naît à Besançon, le 16 mars 1816.
On le retrouve à Paris où son père tient une échoppe, 278 rue Saint-Denis puis boulevard Bonne Nouvelle.
Il ouvre un bazard et vend des articles pour fêtes et des toiles de tentes.

Bonapartiste déclaré, il va, après la révolution de 1848, développer conjointement ses deux spécialités et bientôt devenir « Entrepreneur Officiel des Fêtes de l'Empereur » et fournisseur exclusif aux armées de matériel d'ambulance, objets de campement, selles, chaussures montantes...

La guerre de Crimée, en 1853, puis la guerre d'Italie l'enrichissent. Il construit des tanneries à St-Ouen, ville dont il deviendra maire.
Pour répondre aux commande du Ministère de la Guerre, il crée plusieurs unités de production dans Paris.
Parallèlement, en sa qualité d'entrepreneur des fêtes impériales, il est en charge de la décoration des villes traversées par le monarque lors de ses déplacements.

A la chute du Second Empire, sous la Commune et pendant tous les changements de régime, il conservera le monopole des commandes de l’armée, employant environ 3 000 ouvriers. Il établira également des usines à Nantes et à Bordeaux.

Ses fameux brodequins cloutés iront jusque dans les tranchées de 14/18 et l'argot en fera ces « godasses » solides et massives dont une des caractéristiques innovantes, assure Bernard Vassor (1) est la différenciation du pied gauche et du pied droit...

Toujours est-il que notre homme, dont on a vu la capacité à ne pas mettre les deux pieds dans le même sabot puisqu'il chausse avec un zèle identique les armées impériales et les armées républicaines, notre homme, donc, s'est lancé dans l'aménagement urbain, à Saint-Ouen puis à Hyères où des quartiers entiers se transforment sous son action de promoteur avisé.
Ouverture d'avenues, lotissements, villas somptueuses, manège et écuries, fontaines provenant de la fonderie du Val d'Osne (Haute-Marne) dont il est actionnaire, témoignent de son séjour dans la « capitale des palmier » où une avenue porte son nom (2)

Alexis Godillot meurt en 1893. On trouve son monument funéraire au cimetière Montmartre à Paris (27e Division, pour les cisteurs/cisteuses)
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Pour qui voudrait en savoir plus sur ce personnage, ses oeuvres et ses pompes : « Les souliers de la gloire » d'Alain Cointat, Les Presses du Midi - 2006

(1) « Les Montmartrois », éditions André Roussard 2004
(2) Mais pas la plus petite impasse, ni à Besançon, ni à Saint-Vit et jusqu'à présent, personne ne s'en est plaint

[Angusdels]

Un peu mon idole...

[Beuillot]

Ton Berlutti à toi?