Grand peintre comtois s'il en est, mais aussi écrivain et poète, Pierre Bichet est décédé dans sa 86è année.
Les obsèques de celui qui a peint et repeint les paysages comtois, notamment en hiver, sous la neige, seront célébrées à 14h30 en l'Église de Saint-Bénigne de Pontarlier.
Mort de Pierre Bichet
Mort de Pierre Bichet
Rarement dans le coin, mais jamais bien loin.
- Thierry39
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Article du mercredi 20 février 2008
Disparition de Pierre Bichet
Le peintre de la neige et du massif jurassien s'est éteint lundi à Pontarlier. Du massif du Vercors aux volcans du globe avec Haroun Tazieff, en passant par Saint-Germain-des-Près, retour sur destinée hors du commun
«A trois ans, j'avais de la neige jusqu'aux yeux et ne m'en remis jamais ». Cet hiver encore, Pierre Bichet est encore monté aux Fourgs à la Biche, sous épouse, pour voir les premières neiges recouvrir le paysage de son Jura natal.
Ni ses tours de monde dans les pas de son ami Haroun Tazieff, ni les multiples expériences d'une vie qui ressemble à un roman n'ont pu le détourner des neiges jurassiennes dont il reste le grand imagier. Né en 1922, Pierre Bichet découvre la peintre dès l'enfance en fréquentant tous les étés le salon de peinture des Annonciades de Pontarlier juste en face du commerce de ses parents. Sa vocation s'affirme tôt et ses premiers maîtres sont les peintres comtois Fernier, Roz, Bouroult et Charigny. Aux cours de dessin du soir succèdent alors l'école des Beaux-Arts de Besançon, puis celle de Paris. La guerre contrarie pourtant sa vocation d,artiste mais lui permet de retrouver ses montagnes. « Totalement réfractaire aux travaux d'outre-Rhin », il est arrêté par la Gestapo en mars 1943 et incarcéré dans la prison de Pontarlier. Il s'échappe et rejoint le maquis de Malleval dans le Vercors, dont il sera l'un des rares survivants. Chasseur alpin quelques mois sur le front des Alpes, il retrouve Paris et Saint-Germain-des-Près à la fin de l'année 1945.
Aux Beaux-Arts, il apprend le métier de peintre dans le même atelier que Bernard Buffet et Jean Ricardon et découvre la lithographie dans les ateliers d'artisans-graveurs (où il rencontre fréquemment le catalan Salvador Dali). À cette période, il voyage régulièrement en Italie, de musée en musée, avec le philosophe Jules Vuillemin. Après une dizaine d,année dans la capitale, il s,installe définitivement à Pontarlier avec son épouse « la Biche » qui, par son soutien, joue un rôle important dans sa carrière.
Autour du monde
La rencontre avec Haroun Tazieff va pourtant modifier le cours de son existence. Le vulcanologue lui propose en 1956 de l'accompagner pour un premier tour du monde des volcans au cours duquel ils réalisent Les rendez-vous du diable, qui va connaître un succès international. Jusqu'en 1993, des dizaines de voyages suivront en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, sur les volcans d'Italie, ou sur le Cervin avec Rébuffat pour « le décidément très courageux et sympathique Bichet » selon Jean-Luc Godard. C'est d'ailleurs au cours d'un séjour au Japon avec Ariane Mnouchkine qu'il rapporte ses fameux petits carnets à dessins allongés sur lesquels il dessine le Jura. L'artiste a beau avoir couru le monde, il n'aura pas d'autres muses que le Jura. Dans sa région, Bichet se passionne alors pour la spéléologie, l'archéologie ou encore l'aile delta. Mais son métier de peintre revient vite au centre de ses préoccupations, même si le décès accidentel de deux de ses enfants l'affectent profondément au début des années 1980. S'il devient très populaire avec la lithographie, il réserve chaque été au public des Annonciades (dont il est président) ses toiles monumentales, ses grandes neiges, qui n'ont pas d,égal pour exprimer la force de son pays.
Forte personnalité, remarquable orateur, qui sait trouver les mots justes pour raconter tout en pimentant adroitement son propos d'anecdotes savoureuses, passionné et passionnant, il garde intactes une grande curiosité et une faculté d'émerveillement. « J'ai aimé le ski, la spéléologie, l'alpinisme, confiait récemment le peintre. Je remercie le ciel d'avoir eu le loisir de tout concilier. Rouler sa bosse autour du monde rend bienfaisant et tolérant. Mais être aventurier pour moi, c'est avant tout être peintre ». Il ne restait presque plus de neige sur le massif quand ses yeux de peintre et de cinéaste se sont fermés lundi en début d'après-midi.
Samuel Cordier
Les obsèques auront lieu, jeudi à 14 h 30, à l'église Saint-Benigne de Pontarlier.
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Article du mercredi 20 février 2008
Disparition de Pierre Bichet
Le peintre de la neige et du massif jurassien s'est éteint lundi à Pontarlier. Du massif du Vercors aux volcans du globe avec Haroun Tazieff, en passant par Saint-Germain-des-Près, retour sur destinée hors du commun
«A trois ans, j'avais de la neige jusqu'aux yeux et ne m'en remis jamais ». Cet hiver encore, Pierre Bichet est encore monté aux Fourgs à la Biche, sous épouse, pour voir les premières neiges recouvrir le paysage de son Jura natal.
Ni ses tours de monde dans les pas de son ami Haroun Tazieff, ni les multiples expériences d'une vie qui ressemble à un roman n'ont pu le détourner des neiges jurassiennes dont il reste le grand imagier. Né en 1922, Pierre Bichet découvre la peintre dès l'enfance en fréquentant tous les étés le salon de peinture des Annonciades de Pontarlier juste en face du commerce de ses parents. Sa vocation s'affirme tôt et ses premiers maîtres sont les peintres comtois Fernier, Roz, Bouroult et Charigny. Aux cours de dessin du soir succèdent alors l'école des Beaux-Arts de Besançon, puis celle de Paris. La guerre contrarie pourtant sa vocation d,artiste mais lui permet de retrouver ses montagnes. « Totalement réfractaire aux travaux d'outre-Rhin », il est arrêté par la Gestapo en mars 1943 et incarcéré dans la prison de Pontarlier. Il s'échappe et rejoint le maquis de Malleval dans le Vercors, dont il sera l'un des rares survivants. Chasseur alpin quelques mois sur le front des Alpes, il retrouve Paris et Saint-Germain-des-Près à la fin de l'année 1945.
Aux Beaux-Arts, il apprend le métier de peintre dans le même atelier que Bernard Buffet et Jean Ricardon et découvre la lithographie dans les ateliers d'artisans-graveurs (où il rencontre fréquemment le catalan Salvador Dali). À cette période, il voyage régulièrement en Italie, de musée en musée, avec le philosophe Jules Vuillemin. Après une dizaine d,année dans la capitale, il s,installe définitivement à Pontarlier avec son épouse « la Biche » qui, par son soutien, joue un rôle important dans sa carrière.
Autour du monde
La rencontre avec Haroun Tazieff va pourtant modifier le cours de son existence. Le vulcanologue lui propose en 1956 de l'accompagner pour un premier tour du monde des volcans au cours duquel ils réalisent Les rendez-vous du diable, qui va connaître un succès international. Jusqu'en 1993, des dizaines de voyages suivront en Amérique du Sud, en Afrique, en Asie, sur les volcans d'Italie, ou sur le Cervin avec Rébuffat pour « le décidément très courageux et sympathique Bichet » selon Jean-Luc Godard. C'est d'ailleurs au cours d'un séjour au Japon avec Ariane Mnouchkine qu'il rapporte ses fameux petits carnets à dessins allongés sur lesquels il dessine le Jura. L'artiste a beau avoir couru le monde, il n'aura pas d'autres muses que le Jura. Dans sa région, Bichet se passionne alors pour la spéléologie, l'archéologie ou encore l'aile delta. Mais son métier de peintre revient vite au centre de ses préoccupations, même si le décès accidentel de deux de ses enfants l'affectent profondément au début des années 1980. S'il devient très populaire avec la lithographie, il réserve chaque été au public des Annonciades (dont il est président) ses toiles monumentales, ses grandes neiges, qui n'ont pas d,égal pour exprimer la force de son pays.
Forte personnalité, remarquable orateur, qui sait trouver les mots justes pour raconter tout en pimentant adroitement son propos d'anecdotes savoureuses, passionné et passionnant, il garde intactes une grande curiosité et une faculté d'émerveillement. « J'ai aimé le ski, la spéléologie, l'alpinisme, confiait récemment le peintre. Je remercie le ciel d'avoir eu le loisir de tout concilier. Rouler sa bosse autour du monde rend bienfaisant et tolérant. Mais être aventurier pour moi, c'est avant tout être peintre ». Il ne restait presque plus de neige sur le massif quand ses yeux de peintre et de cinéaste se sont fermés lundi en début d'après-midi.
Samuel Cordier
Les obsèques auront lieu, jeudi à 14 h 30, à l'église Saint-Benigne de Pontarlier.
- peqa
- Quasi incurable…
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Pierre Bichet
J'apprends le décès de Pierre Bichet avec beaucoup de tristesse.
J'avais à son égard - dans le connaitre personnellement - au moins deux sources de sympathie. La peinture bien sûr, tournée vers cette neige fraîche et pure des montagnes de Pontarlier. Ces coins ont été ceux de mon adolescence. J'allais y skier presque tous les week ends d'hiver avec le CAF. Cette neige est restée dans ma mémoire, surtout celle des vendredi soirs lorsque nous montions en peau de phoque ouvrir le châlet pour le lendemain. Pierre Bichet me rapprochait - avec une grande délicatesse - de ces souvenirs encore très vivants.
La seconde raison est la vulcanologie. J'ai passé quelques années de ma vie professionnelle dans ce secteur (géothermie dite de "haute énergie", dont Haroun Tazieff avait été l'initiateur en France. Monde curieux fait de gens courageux et de scientifiques remarquables. Pierre Bichet avait certainement regardé ce monde avec une extrême intensité.
Merci à lui pour sa vie et sa peinture
Peqa
J'avais à son égard - dans le connaitre personnellement - au moins deux sources de sympathie. La peinture bien sûr, tournée vers cette neige fraîche et pure des montagnes de Pontarlier. Ces coins ont été ceux de mon adolescence. J'allais y skier presque tous les week ends d'hiver avec le CAF. Cette neige est restée dans ma mémoire, surtout celle des vendredi soirs lorsque nous montions en peau de phoque ouvrir le châlet pour le lendemain. Pierre Bichet me rapprochait - avec une grande délicatesse - de ces souvenirs encore très vivants.
La seconde raison est la vulcanologie. J'ai passé quelques années de ma vie professionnelle dans ce secteur (géothermie dite de "haute énergie", dont Haroun Tazieff avait été l'initiateur en France. Monde curieux fait de gens courageux et de scientifiques remarquables. Pierre Bichet avait certainement regardé ce monde avec une extrême intensité.
Merci à lui pour sa vie et sa peinture
Peqa