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Article du 18 janvier 2008
Le Doubs
Santé : L'hôpital s'éloigne, Montenois crée un pôle médical de proximité
Daniel Jeannin (à gauche) et l'architecte Alain Valet présentent les plans du nouveau centre-bourg qui s'étend sur quatre hectares. Photo Françoise Jeanparis« Quand on a décidé de déplacer l'hôpital à Trévenans, personne n'est venu demander l'avis du maire de Montenois ou de Colombier. A nous de nous organiser pour offrir des soins de proximité », martèle Daniel Jeannin, le maire de Montenois.
Ça pourrait ressembler à une réunion électorale au cours de laquelle un candidat expose ses grands projets mais ça ne l'est pas. Des plans couvrent la longue table, tandis que des images « du Montenois de demain » défilent à l'écran.
Dans le gîte planté entre forêts et prairies, Lougres et Montenois, il y avait réunion de travail hier matin.
Premiers coups de pioche
Du sérieux. Du lourd puisqu'il concerne non seulement Montenois, village champignon de 1 500 habitants dont la population a doublé en une poignée d'années mais intéresse, en raison de sa dimension sociale et économique, toutes les communes périphériques. Pas un hasard si l'on retrouve autour de la table les représentants des communautés de communes des Trois cantons avec le président Gaston Cornu, des Isles du Doubs avec le conseiller général Rémy Nappey.
Seule la vallée du Rupt manque à l'appel en début de séance. Bureaux d'études, agence d'urbanisme de Montbéliard, services techniques du département, de la Région et de la sous-préfecture sont là également pour le lancement d'un projet « remarquable » dont les premiers coups de pioche viennent d'être donnés au cÅ“ur du village de Montenois. Les travaux de voirie ont démarré.
Aux élus d'anticiper les besoins
Ce petit village rural situé à la convergence de trois communautés de communes, aux portes de l'Aire urbaine, aurait-il trop d'ambitions ? « On sait où l'on va, assène Daniel Jeannin qui a fait de l'anticipation sur le tempo « bouge ou crève » son credo. Quand il a créé un centre commercial dans sa petite commune avec une supérette, une pharmacie etc., certains ont crié « à la folie ».
Vingt-deux ans plus tard, personne n'imaginerait se passer de ce pôle commercial. « Si on n'a pas la démarche de faire dans nos communes, rien ne se fera. Aux élus d'anticiper les besoins. Il ne suffit pas de faire venir des gens en proposant de l'habitat, il faut des équipements, des services. Effet boule de neige garanti. L'équipement amène de nouveaux habitants ».
La solitude du toubib de campagne
Quand Daniel Jeannin a une idée derrière la tête, difficile de lui faire lâcher prise. « Le projet d'aménagement du cÅ“ur de village, j'en entends parler depuis quinze ou vingt ans. J'admire cette continuité dans l'action », lance Pierre Hélias, le conseiller général de Montbéliard Ouest.
Sur quatre hectares de terrains disponibles, le centre du bourg va être métamorphosé avec petite révolution en milieu rural, la création d'un pôle médical de proximité à l'emplacement de l'actuel centre commercial, lequel sera reconstruit et agrandi juste derrière. 800 m2 de services et de soins avec trois médecins, une pharmacie, un ou deux kinés, un pôle d'infirmières libérales, peut-être un dentiste et un secrétariat commun pour assurer la cohérence de l'ensemble. « Le vrai problème du toubib de campagne, c'est sa solitude pour affronter les problèmes comme les gardes. À trois, ils pourront se partager les heures de permanence. L'intérêt est d'assurer la continuité du service avec des médecins de garde, permettre aux habitants de nos cantons de trouver les soins non seulement sur place mais en continu », résume Daniel Jeannin.
L'éloignement prochain de l'hôpital de Montbéliard sur le site médian de Trévenans a conduit l'édile à réfléchir et à organiser un site médical de proximité. Les permis de construire sont déposés. La démarche va plus loin encore avec, sur le même site, la création d'une salle de motricité, des logements adaptés pour les personnes âgées à mobilité réduite, un espace restauration, une salle de réunion.
« En travaillant en ville, quel intérêt d'habiter à Montenois ou dans les communes proches, si, en plus, il faut faire des kilomètres pour aller faire ses courses, chez le médecin, scolariser ses enfants ou consommer des loisirs », conclut Daniel Jeannin, un maire visionnaire qui fait bouger le monde rural.
Françoise Jeanparis