Lettres persanes - Fatemeh Farajmandi
Lettres persanes - Fatemeh Farajmandi
Arrivée gare de Montbéliard, en septembre 2006, Fatemeh Farajmandi répondra ceci à sa mère jointe au téléphone : « Maman, la ville est pleine de fleurs... » Près d'un an plus tard, cette jeune iranienne évoque son parcours à la terrasse d'un café. « Je suis née dans le sud de l'Iran, à Bandar Lengeh sur les rives du golfe Persique, confie-t-elle. Zola, Balzac, Alexandre Dumas m'ont donné très jeune le goût de la France et de la langue française ». Une proximité linguistique également entretenue par les films égyptiens diffusés dans son pays et résonnant souvent de citations francophones.
Après un premier séjour en Europe, courant 2004, entre Vienne, Rome et Paris, Fatemeh choisira donc l'hexagone. Désormais étudiante en filière Produits et services multimédia (PSM) à l'université des Portes du Jura, elle retient « la beauté de l'architecture du centre-ville ». Son blog, dédié à la photo (voir adresse ci-dessous), esquisse d'ailleurs une vision très touchante de la cité des Princes aux côtés de superbes clichés de son pays natal.
« Outre les sciences et la technologie, note Fatemeh, mon intérêt s'oriente surtout vers l'art ». Un amour du beau partagé par le peuple iranien, qui célèbre depuis des siècles ses artistes comme des saints. Car contrairement aux idées reçues, le pays ne se résume pas à ses mollahs. Tous les ans, des milliers d'Iraniens communient ainsi sur la tombe du poète Ferdousi, auteur culte du Xe siècle à l'origine de la grande épopée nationale rédigée en persan : le Livre des rois (shah nameh).
« À Téhéran, explique-t-elle, mon métier d'infographiste ne me satisfaisait plus. S'ouvrir à d'autres cultures permet d'élargir les perspectives ». Progresser certes, sans oublier ni renier néanmoins ses origines. « Chez moi, les habitants de chaque région arborent avec fierté leur costume traditionnel, précise Fatemeh. En Europe, les tenues vestimentaires restent extrêmement semblables. Dans l'apparence, rien ne différencie un allemand, d'un suisse ou d'un français. C'est dommage ». Une critique directe de l'uniformisation accélérée du monde.
Marjane Satrapi, autre iranienne installée en France et désormais célèbre suite à sa bande dessinée Persépolis, croque aussi avec talent ces tribulations de l'exil. Récemment adapté au cinéma puis récompensé au festival de Cannes 2007, ce remarquable film d'animation trace les contours d'une vie à cheval entre deux univers. Des milliers de kilomètres de distance, entre Europe et Moyen-Orient, qui n'empêchent cependant pas la circulation des idées et des émotions via le livre ou la BD. « Petite, sourit Fatemeh Farajmandi, j'adorais les aventures de Tintin traduites en persan... »
Vivien Jeancler
BLOG
http://homepage.mac.com/fatemeh
Source : http://www.agglo-montbeliard.fr/typo3/index.php?id=1764
Après un premier séjour en Europe, courant 2004, entre Vienne, Rome et Paris, Fatemeh choisira donc l'hexagone. Désormais étudiante en filière Produits et services multimédia (PSM) à l'université des Portes du Jura, elle retient « la beauté de l'architecture du centre-ville ». Son blog, dédié à la photo (voir adresse ci-dessous), esquisse d'ailleurs une vision très touchante de la cité des Princes aux côtés de superbes clichés de son pays natal.
« Outre les sciences et la technologie, note Fatemeh, mon intérêt s'oriente surtout vers l'art ». Un amour du beau partagé par le peuple iranien, qui célèbre depuis des siècles ses artistes comme des saints. Car contrairement aux idées reçues, le pays ne se résume pas à ses mollahs. Tous les ans, des milliers d'Iraniens communient ainsi sur la tombe du poète Ferdousi, auteur culte du Xe siècle à l'origine de la grande épopée nationale rédigée en persan : le Livre des rois (shah nameh).
« À Téhéran, explique-t-elle, mon métier d'infographiste ne me satisfaisait plus. S'ouvrir à d'autres cultures permet d'élargir les perspectives ». Progresser certes, sans oublier ni renier néanmoins ses origines. « Chez moi, les habitants de chaque région arborent avec fierté leur costume traditionnel, précise Fatemeh. En Europe, les tenues vestimentaires restent extrêmement semblables. Dans l'apparence, rien ne différencie un allemand, d'un suisse ou d'un français. C'est dommage ». Une critique directe de l'uniformisation accélérée du monde.
Marjane Satrapi, autre iranienne installée en France et désormais célèbre suite à sa bande dessinée Persépolis, croque aussi avec talent ces tribulations de l'exil. Récemment adapté au cinéma puis récompensé au festival de Cannes 2007, ce remarquable film d'animation trace les contours d'une vie à cheval entre deux univers. Des milliers de kilomètres de distance, entre Europe et Moyen-Orient, qui n'empêchent cependant pas la circulation des idées et des émotions via le livre ou la BD. « Petite, sourit Fatemeh Farajmandi, j'adorais les aventures de Tintin traduites en persan... »
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- peqa
- Quasi incurable…
- Messages : 790
- Enregistré le : lun. 13 août 2007, 23:10
- Localisation : Région Parisienne
- Contact :
Bonjour,
Très agréable de retrouver quelques images d'Iran où je séjournais il y a 40 ans! Si Fatemeh en a dans ses collections il serait intéressant de voir aussi des images de la mosquée du vendredi d'Isfahan (les petites coupoles en briques... des merveilles!) et quelques images des églises d'Isfahan (il y en a trois) et de leurs peintures hollandaises. Là encore de pures merveilles...
Je garde aussi un souvenir très vif du Palais au quarante colonnes (Tchehel Sotoun) à Isfahan, notamment des peintures extérieures (les dames en grand chapeau). J'aimerais aussi revoir cela et je suis certain que ces images surprendraient beaucoup de Français...
Merci en tout cas pour cette promenade dans ce merveilleux pays, plein de souvenirs pour moi.
Peqa
Très agréable de retrouver quelques images d'Iran où je séjournais il y a 40 ans! Si Fatemeh en a dans ses collections il serait intéressant de voir aussi des images de la mosquée du vendredi d'Isfahan (les petites coupoles en briques... des merveilles!) et quelques images des églises d'Isfahan (il y en a trois) et de leurs peintures hollandaises. Là encore de pures merveilles...
Je garde aussi un souvenir très vif du Palais au quarante colonnes (Tchehel Sotoun) à Isfahan, notamment des peintures extérieures (les dames en grand chapeau). J'aimerais aussi revoir cela et je suis certain que ces images surprendraient beaucoup de Français...
Merci en tout cas pour cette promenade dans ce merveilleux pays, plein de souvenirs pour moi.
Peqa
Il faut toujours suivre le désir de la ligne (Matisse)
...et bonne visite sur mon blog http://peqa.blogspot.com
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- peqa
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Bonjour Beuillot,
C'est un excellent projet d'aller faire un tour en Iran et je te suggère de le reprendre si celà est encore possible. Ce pays est bien loin de l'image que nous en avons ici. En réalité il a été la source de beaucoup de nos sciences et de nos comportements. Sur le plus visible - je veux dire l'architecture - ils ont presque tout inventé plusieurs siècles avant que nous ne sachions poser une pierre sur l'autre.
J'ai parlé dans mon autre message de la mosquée du vendredi à Isfahan. C'est la plus ancienne de la ville, sans doute construite vers 850/900. Peu de décors. Mais la cour intérieure est entourée d'un déambulatoire comprenant, je crois, 120 petites coupoles. En briques toutes simples. Mais chacune de ces coupole offre un agencement différent des briques. C'est un exercice de style étonnant et superbe. Il y a là, en résumé, toutes les finesses de notre art gothique, venu bien après.
Isfahan est l'une des merveilles du monde. Tu nous montres - merci - la grande mosquée bleue (la mosquée du roi), mais celle de la reine (Lotfollah) sur la même grande place est un petit bijou. Idem pour le palais du roi... L'intérieur est un lieu de sérénité décoré de fleurs, de feuillages et d'oiseaux.
Il y a en effet trois églises à Isfahan, confondues avec des mosquées au premier regard. L'intérieur est couvert, du sol au sommet des coupoles, de peintures hollandaises primitives. On y resterait des heures...
A l'époque de Chah Abbas (contemporain de Louis XIV) l'Iran était un pays de progrès, de science, d'accueil, de tolérance, de vie artistique intense... Isfahan en reste un témoignage époustouflant.
Amusant de parler de l'Iran ici
A bientôt
Peqa
C'est un excellent projet d'aller faire un tour en Iran et je te suggère de le reprendre si celà est encore possible. Ce pays est bien loin de l'image que nous en avons ici. En réalité il a été la source de beaucoup de nos sciences et de nos comportements. Sur le plus visible - je veux dire l'architecture - ils ont presque tout inventé plusieurs siècles avant que nous ne sachions poser une pierre sur l'autre.
J'ai parlé dans mon autre message de la mosquée du vendredi à Isfahan. C'est la plus ancienne de la ville, sans doute construite vers 850/900. Peu de décors. Mais la cour intérieure est entourée d'un déambulatoire comprenant, je crois, 120 petites coupoles. En briques toutes simples. Mais chacune de ces coupole offre un agencement différent des briques. C'est un exercice de style étonnant et superbe. Il y a là, en résumé, toutes les finesses de notre art gothique, venu bien après.
Isfahan est l'une des merveilles du monde. Tu nous montres - merci - la grande mosquée bleue (la mosquée du roi), mais celle de la reine (Lotfollah) sur la même grande place est un petit bijou. Idem pour le palais du roi... L'intérieur est un lieu de sérénité décoré de fleurs, de feuillages et d'oiseaux.
Il y a en effet trois églises à Isfahan, confondues avec des mosquées au premier regard. L'intérieur est couvert, du sol au sommet des coupoles, de peintures hollandaises primitives. On y resterait des heures...
A l'époque de Chah Abbas (contemporain de Louis XIV) l'Iran était un pays de progrès, de science, d'accueil, de tolérance, de vie artistique intense... Isfahan en reste un témoignage époustouflant.
Amusant de parler de l'Iran ici
A bientôt
Peqa
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- Beuillot
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- Localisation : Pars collis ad orientem solem :invis: .
Salut à toi, peqa.
Je m'ai bien trompé en ce qui concerne la mosquée dont tu parlais
.
Je m'étonnais que tu n'utilises pas l'AOC "mosquée bleue", et c'était à juste titre.
Mon désir de visiter la Perse reste intact, malgré ce contre-temps. Je pense cependant que visiter l'Iran avec un iranien apporte potentiellement beaucoup plus de satisfactions et d'opportunités qu'en simple touriste. Ceci étant applicable, bien sûr, à tous les pays.
J'ai pas mal rêvé en feuilletant le Lonely Planet s'y rapportant (je ne répèterai jamais assez que c'est LE guide de ouayage nomba ouane, laissez tomber cette daube de "routard").
J'ai bien conscience que ce pays est loin de l'image mollahesque et barbue que nous en avons en occident (puisque c'est bien de celle-ci que tu parlais, j'imagine). Toutes les personnes d'origine iranienne que je connais sont des gens drôles, ouverts et cultivés. On peut toujours rétorquer que c'est pour cette raison qu'ils ont émigré en 1979.
Quoi qu'il en soit, l'ami avec qui j'aurais dû partir m'a confirmé que, à quelques exceptions près bien évidemment, on peut vivre des échanges extrêmement enrichissants dans ce pays.
Il est clair que ce peuple a apporté énormément au monde entier en matière de sciences, littérature, philosophie etc... ainsi que l'a fait le monde arabe (mais ne dîtes jamais à un iranien qu'il est arabe, c'est comme dire à Murie qu'il est normand ou que Nantes n'est pas en Beurtagne
).
*** Message édité par beuillot le 21/11/2007 11:29 ***
Je m'ai bien trompé en ce qui concerne la mosquée dont tu parlais

Je m'étonnais que tu n'utilises pas l'AOC "mosquée bleue", et c'était à juste titre.
Mon désir de visiter la Perse reste intact, malgré ce contre-temps. Je pense cependant que visiter l'Iran avec un iranien apporte potentiellement beaucoup plus de satisfactions et d'opportunités qu'en simple touriste. Ceci étant applicable, bien sûr, à tous les pays.
J'ai pas mal rêvé en feuilletant le Lonely Planet s'y rapportant (je ne répèterai jamais assez que c'est LE guide de ouayage nomba ouane, laissez tomber cette daube de "routard").
J'ai bien conscience que ce pays est loin de l'image mollahesque et barbue que nous en avons en occident (puisque c'est bien de celle-ci que tu parlais, j'imagine). Toutes les personnes d'origine iranienne que je connais sont des gens drôles, ouverts et cultivés. On peut toujours rétorquer que c'est pour cette raison qu'ils ont émigré en 1979.
Quoi qu'il en soit, l'ami avec qui j'aurais dû partir m'a confirmé que, à quelques exceptions près bien évidemment, on peut vivre des échanges extrêmement enrichissants dans ce pays.
Il est clair que ce peuple a apporté énormément au monde entier en matière de sciences, littérature, philosophie etc... ainsi que l'a fait le monde arabe (mais ne dîtes jamais à un iranien qu'il est arabe, c'est comme dire à Murie qu'il est normand ou que Nantes n'est pas en Beurtagne

*** Message édité par beuillot le 21/11/2007 11:29 ***
Si j'y suis t'été, c'est pas pour y rêtre.
Comme ça. Pour rien.
Comme ça. Pour rien.

