Il y a trente ans, Jacques Duhamel s'éteignait

[Thierry39]

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Article du vendredi 14 septembre 2007


Il y a trente ans, Jacques Duhamel s'éteignait


Le député-maire centriste dolois mort à 53 ans a laissé une empreinte forte dans la ville qui lui a donné une avenue et un lycée


Il y a trente ans tout juste, le député-maire de Dole, Jacques Duhamel, devenu ministre sous l'ère Pompidou, disparaissait des suites d'une sclérose en plaques.
Duhamel et Dole, ce fut une histoire d'amour, aussi passionnée que brève. Il n'en fut en effet maire que huit ans. Parachuté dans la sous-préfecture du Jura à l'invitation d'Edgar Faure dont il fut le directeur de cabinet à Paris, la greffe fut immédiate. Il devint tour à tour parlementaire avec le soutien des modérés et de la gauche en battant le candidat gaulliste ; conseiller municipal de Charles Laurent-Thouverey ; conseiller général et premier magistrat de la ville. Elle a gardé de ses mandats la zone portuaire, l'aménagement du canal des Tanneurs et du cours Saint-Mauris ainsi que le développement de la ZUP des Mesnils-Pasteur.
« Jacques Duhamel a profondément aimé Dole » confie son ami Jean-Claude Vuillemin, maire-adjoint à l'époque aux côtés des Aimé Niemaz (« son bras droit »), Pierre Talagrand (« son bras gauche »), Robert Fichère, Michel Fleuriot.
« Naturellement fédérateur, généreux, irradiant, Jacques s'est senti immédiatement dans son pays » confie Jean-Claude Vuillemin, aujourd'hui procureur général au Conseil supérieur de la Magistrature. Et la force de Duhamel sera de savoir jongler entre Paris et sa circonscription jurassienne : des remises de distinctions au festival de Cannes à l'élection de Miss Muguet à Chaussin, le ministre savait redevenir en un clin d'oeil l'élu de terrain, abordable et humaniste.
Car à Paris, dès 1969, il est devenu le politique incontournable : président du parti Centre démocratie et progrès qu'il fonde, il apporte son soutien au candidat Pompidou à la présidentielle, qui en fera successivement son ministre de l'Agriculture de 69 à 71, puis son ministre des Affaires culturelles jusqu'en 73. Mais fidèle à ses racines qu'il a su faire germer dans le Jura, on l'y rencontre chaque fin de semaine, avec son épouse Colette et parfois dans son costume de « père poule ». « Sa popularité était telle qu'il lui fallait un temps incroyable pour remonter la rue des Arènes » se souvient son compagnon de jeu au poker, Pierre Talagrand.
La succession relèvera d'ailleurs de l'impossible. La maladie faisant chemin,
Armand Truchot prendra le relais de Jacques Duhamel à la tête de la ville dès 1976 mais sera battu par le socialiste Jean-Pierre Santa-Cruz en 1977.

Fabrice Veysseyre-Redon
fveysseyre-redon@leprogres.fr



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Sa maison ouverte samedi

A l'occasion des journées européennes du patrimoine, le Dolois Jean-Claude Laval a accepté d'ouvrir les portes de la maison où vécut Jacques Duhamel dans les années 60.
« Il avait tout d'abord occupé le rez-de-chaussée comme bureau puis s'était étendu à l'étage où lui et son épouse se logeaient. Il y installa aussi ensuite sa permanence » explique le propriétaire des lieux.
On pouvait régulièrement y croiser sa secrétaire, Mme Jacquet, et son chauffeur et homme de confiance, Michel Besançon, plus connu sous le nom du « Pita ».
Samedi, il sera possible d'accéder à la cour et au jardin, d'ordinaire fermés au public, au fond duquel les visiteurs peuvent également admirer de curieuses colonnes que l'on doit aux jésuites. Par ailleurs, des panneaux informeront le visiteur sur l'action doloise de Jacques Duhamel en matière de patrimoine.
Samedi 16 septembre, de 10 à 12 heures et de 14 à 18 heures, 20, rue des Arènes, place aux Fleurs, à Dole.




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REPERES
Quelques repères sur Duhamel

> Un adjoint de marque
Il sera collaborateur d'Edgar Faure durant sept ans jusqu'à devenir directeur du cabinet à la présidence du Conseil. Il est alors assisté par un certain Valéry Giscard-d'Estaing.
> 1 % construction
C'est sous son ministère que sera développé le système du 1 % aux arts plastiques. Ainsi, à la construction de bâtiments publics, 1 % du coût doit être consacré à la création d'oeuvres d'art.
> De ministre en ministre
Jacques Duhamel, alors ministre des Affaires culturelles, nommera en 1972 Jack Lang à la direction de Chaillot. La suite, on la connaît.
> Famille
Duhamel a quatre fils : l'aîné, Jérôme, énarque, se tue en voiture en 1971 alors qu'il va chercher son père à l'aéroport à Hyères. Le second, le médiatique Olivier, deviendra eurodéputé socialiste. Stéphane est aujourd'hui président du journal La Provence et Gilles, médecin à l'IGAS.
Colette, leur mère, est désormais retirée à Sanary-sur-Mer après s'être remariée avec l'éditeur Claude Gallimard, lui aussi disparu.
> Mémoire en images
Il lui revient en mai 71 de remettre la Légion d'honneur à Charlie Chaplin au festival de Cannes. Charlot saisit sur scène la canne de Duhamel pour esquisser quelques pas mythiques. Un grand moment culturel que l'INA vient de mettre en ligne gratuitement sur internet.
A voir sur http://ina.fr/archives
pourtous

[Duploussarsinonrien]

Il était de bon ton en son temps de se moquer de ce ministre qui passa de l'agriculture à la culture. Son passage dans le ministère de la Culture a laissé de bons souvenirs et il est régulièrement cité dans les ministres qui ont compté à ce poste.

Jacques Duhamel avait les sourcils aussi épais que ceux de Pompidou. Et s'il a été mis en selle par Edgar Faure, on peut dire aussi qu'il n'a jamais pris les mauvaises habitudes du cher Edgar (dont une vraie biographie a été publié voici quelques mois, signée par Patrice Lestrohan). Dommage d'ailleurs que rien n'existe sur Jacques Duhamel.

D.

[Moulin à rata]

A-t-il un lien de parenté avec Alain Duhamel ?

[Thierry39]

Non il n'y a pas de lien entre les deux. En revanche Jacques Duhamel est le père d'
Olivier Duhamel (universitaire, éditorialiste et ancien député européen). Le forum étant apolitique, je n'irai pas plus loin mais je n'en pense pas moins ...