Tu l'as entendu aussi, Karelle
Moi, j'étais au collège du plateau quand c'est arrivé. On a tous très bien entendu. Les murs de la maison à St-Lupicin ont tremblé. Molinges a aussi "entendu", tout comme Champagnole, Longchaumois, Septmoncel, etc.
Le Progrès de ce jour (
http://www.leprogres.fr) :
Un mur du son qui fait du bruit
Stupeur et tremblement mardi soir après le passage d'un avion supersonique dans le ciel du haut Jura.
Mardi soir, 19 heures (
18 h 50 exactement, ndlp), une énorme détonation fait trembler les rues de Saint-Claude et Champagnole. Le bruit, une sorte d'explosion surpuissante, est entendu à Lavans-lès-Saint-Claude, Saint-Lupicin et à 8 km à l'est de Champagnole.
Passé un instant de stupeur, les rumeurs les plus folles se propagent.
Hier encore, les supputations allaient bon train et les conversations se sont poursuivies toute la journée pour tenter de trouver la cause de ce « bang ».
Chaudière explosée ? Immeuble effondré ? Tremblement de terre ? Crash d'un avion ? Explosion ? Tir de mines ? Les théories les plus folles ont circulé.
Selon la gendarmerie de Saint-Claude, il s'agirait d'un avion de chasse qui aurait passé le mur du son.
Seulement, après vérification auprès des bases aériennes de Luxeuil en Haute-Saône, de Dijon et de Colmar, il s'avère qu'aucun appareil français ne survolait la zone.
La base aérienne de Taverny, en région parisienne, semblait également ne pas être au courant alors qu'elle recense tous les vols d'appareils militaires en France.
À Luxeuil, c'est clair : « Nos chasseurs, dans leur configuration actuelle, avec deux gros réservoirs de carburant ne peuvent pas passer le mur du son » assure le lieutenant Fournier, directeur de vol de la base.
À Dijon et à Colmar, aucun appareil, selon les directeurs de vol des deux bases, ne se trouvait en entraînement sur la zone.
En Suisse, à Sion et Payerne, même son de cloche. « Nos appareils ne peuvent pas voler après 17 heures, explique Rodolphe Gloor, contrôleur aérien de la base de Payerne. Cela arrive de temps en temps que nous survolions le Jura, mais ce n'était pas le cas mardi. »
Une règlementation sévère
«
Cependant, reprend le lieutenant Fournier, il peut s'agir d'une mission d'interception d'un appareil étranger.
Dans ce cas là, sur ordre, les pilotes peuvent passer le mur du son quelle que soit la zone. »
Les vols supersoniques sont en effet extrêmement réglementés en France.
Les pilotes, avant leur entraînement, doivent déposer un plan de vol et respecter un des 24 axes, sorte de « couloirs aériens » tracés en France et qui sont censés survoler des zones peu habitées.
Ils doivent aussi se trouver à une altitude de plus de 10 000 mètres, le « niveau de vol 330 ».
Cependant, la carte des axes d'entraînement (MILAIP ENR 5.1.3) laisse clairement apparaître qu'il n'existe aucun tracé de ce type au dessus du Jura. Le plus proche se trouve entre le nord de Dijon et le nord de Besançon.
Alors, manÅ“uvre d'interception d'un appareil qui n'était pas censé se trouver là ? Non respect de la règlementation sur les vols supersoniques par le pilote ? Le mystère reste entier.
Repères
1947 : Charles Yaeger, aux commandes de son Bell X-1, a franchi pour la première fois le mur du son en 1947
1 224 km/h : La vitesse du son dépend du milieu dans lequel il se propage et de la température. À 20°C, dans l'air, elle est d'environ 340 mètres par seconde soit 1 224 km/h
33 000 pieds : L'altitude de vol des avions franchissant le mur du son doit se trouver au niveau de vol 330, soit 33 000 pieds ou 10 000 mètres
24 : Il existe 24 couloirs aériens dédiés à l'entraînement des pilotes d'avions franchissant le mur du son en France
50 km : Le «
bang » d'un avion supersonique peut s'entendre jusqu'à 50 km de son point d'origine.