obelix a écrit : mar. 17 mai 2022, 12:03
Ça fait un petit moment qu'on tourne autour de la toponymie, et je viens de découvrir quelque chose qui permet d'aborder le sujet de la guerre des Gaules d'une nouvelle manière et vous allez voir que c'est d'une surprenante évidence. Allons-y :
Comme promis, après avoir montré qu'une voie passant par Besançon et Langres et qui est certainement beaucoup plus ancienne qu'on le pense, n'était certainement qu'une portion d'une route de 900 kms environ qui reliait la Grande Bretagne à l'Italie entre Calais/Dunquerke en France et Ivrée en Italie. Je vais rentrer un peu plus dans le détail, afin de vous montrer à quel point on peut rapidement augmenter notre compréhension de l'organisation de la Gaule et des mécanismes qui ont guidé les pas de César au cours de la Guerre des Gaules.
Pour commencer, depuis l'utilisation des ressources minéralogiques, telles que le silex, l'aphanite, le grès etc, pour l'âge de la pierre, et l'or, l'argent, le cuivre, l'étain, le plomb, le zinc, le fer pour les âges des métaux, un problème se pose. Les ressources indispensables à la vie que sont les vivres issues de la culture et de l'élevage se situent majoritairement en plaine, tandis que les ressources minéralogique se situent majoritairement dans les reliefs. Deux natures de terrains entièrement opposées qui vont amener les hommes à développer les transports. Je ne m'attarde pas plus sur ce sujet, ça prendrait des semaines à développer, je continue donc avec une remarque, c'est que les métaux sont particulièrement mal répartis sur la surface de la planète à l'instar des ressources énergétiques, ce qui entraîne non seulement de coûteux transports, mais aussi inévitablement des guerres atroces, l'actualité est là pour en témoigner. Dans un premier temps donc, je vais parler du trafic des marchandises à travers la Gaule, ensuite seulement j'aborderai celui de la guerre des Gaules.
Bien qu'en Gaule, il ait existé de nombreuses ressources, dont une partie était revendue aux plus gros consommateurs qu'étaient les peuples de la méditerranée à cette époque, et surtout les Grecs, puis les Romains. Comme c'est toujours le cas, grâce à ce trafic les intermédiaires les plus proches du consommateurs sont les mieux rémunérés et cherchent de plus en plus loin les ressources à vendre auprès de peuples plus pauvres qui vendront leurs ressources et leur travail pour une "bouchée de vin". On trouve dans le récit de la guerre des Gaules tous les indices de ce trafic, je peux en fournir un certain nombre si vous le désirez.
Donc afin de dresser un rapide bilan des principaux axes de transport des métaux qui traversaient la Gaule, voici les principaux. A la veille de la conquête romaine, la Route de l'Etain (je les appellerai ainsi même si d'autres métaux transitaient en même temps) qui reliait l'Italie à l'Espagne, grand producteur d'étain et de cuivre, passait par la "Provincia" récemment conquise. La principale route de l'étain en provenance de Germanie partait du Rhin pour rejoindre Vienne d'où elle traversait les Alpes par le Mont Cénis (si je ne me trompe pas). Une partie du trafic s'effectuait par bateaux, d'abord sur le Rhin, puis rejoignait le Doubs par Mandeure pour descendre jusqu'à Vienne via la Saône et le Rhône. Quant aux ressources fournies par la Grande Bretagne, elle passaient par plusieurs axes principaux. Il semblerait qu'à l'origine deux routes préexistaient aux importations de la Grande Bretagne à cause du fait qu'en Gaule, il existait deux foyers principaux d'extraction de l'étain qui était la plus précieuse de par sa rareté, il s'agit de la Bretagne et d'une zone située non loin de l'embouchure de la Loire ces deux routes rejoignaient Vienne l'une en suivant le cours de la Loire où elle devait récupérer l'étain en provenance du Massif Central, l'autre, celle en provenance de Bretagne rejoignait certainement aussi la Loire puis la Bourgogne. On sait aussi qu'une partie du trafic s'effectuait par la Seine et aboutissait par la Bourgogne à la vallée de la Saône. Ce sont les peuples de ces régions productrices de la Gaule qui allaient chercher par bateaux l'étain du Kent où se situaient les plus grandes mines d'étain de l'époque. C'est de cette manière que ces voies ont gardé leur importance jusqu'à la conquête romaine. Il reste une voie, celle qui est au départ de la discussion, c'est celle qui partant de Calais (ou Dunquerke), suit un cardo qui passe par Arras, Reims, Chalon en Champagne, Langres, Besançon, Pontarlier, puis frôlant le lac Léman à l'est s'enfile dans la vallée de Syon, franchit le col du Grand Saint Bernard et sort des Alpes par la Vallée d'Aoste où on trouve un jambon presque aussi bon qu'en Séquanie ...
Voilà, il me semble avoir exposé l'essentiel de ma connaissance sur le sujet. J'ajouterai juste que la plupart de ces voies étaient doublée d'un trafic fluvial, voire que le trafic était principalement effectué sur les rivières dans le sens de l'écoulement de celles-ci. La voie devait servir à remonter les courants trop importants et à relier les zones où aucune rivière ne permet le transport. De même, on peut s'étonner que les matériaux en provenance de la Grande Bretagne n'aient pas été transportés entièrement par la mer via le détroit de Gilbraltar, mais je pense que c'est à cause de la sécurité difficile à garantir sur mer face à un certain nombre de bateaux pirates, ce qui est facilement faisable sur terre grâce à l'implantation de camps fortifiés contenants un grand nombre de soldats tout le long du parcours. Je reviens juste sur les ports présents sur nos rivières dès la protohistoire, et qui ont des rôles différents selon le cas. Les ports les plus importants sont ceux qui sont situés aux points de rupture de charge, c'est à dire soit à l'endroit en amont du quel la navigation devient impossible par manque de tirant d'eau, soit que la rivière en question s'écarte de la direction que prend la voie pour arriver à destination. Les plus importants, dans notre région sont : Port sur Saône, Mandeure, et probablement Port-Lesney, sur La Saône, le Doubs et la Loue. D'autres ports fonctionnent en binôme pour permettre de décharger à terre une embarcation et son chargement pour la remettre à l'eau plus loin, afin de franchir une zone particulière qui ne permet pas au bateau d'avancer. J'imagine que dans de nombreux cas, il suffisait de soulager le bateau d'une partie de son chargement et lui restituer une fois la zone de bas fonds passée. Enfin, on rencontre des ports un peu partout le long des rivières pour servir de desserte à un village, une villa, une voie transversale, etc ...
Bon, voilà pour l'instant ...

Il est tard ...
