Le Territoire de Belfort totalise aujourd'hui 290 exploitants agricoles, dont 220 producteurs laitiers. La semaine dernière, la remise en cause du protocole d'accord sur le prix du lait provoquait immédiatement des réactions des deux syndicats FDSEA et CDJA. Ceux-ci ont invité leurs adhérents à se réunir devant la préfecture avant de rejoindre le conseil général pour y déposer leur demande de Revenu de Solidarité Active.
Au cours de la manifestation, les agriculteurs ont d'abord déversé une benne de lisier devant la préfecture avant de rejoindre le conseil général où ils furent reçus par les élus départementaux.
Tour à tour, les représentants agricoles ont exposé la situation de la profession dans un département ou, en prime, les espaces à destination agricole se réduisent comme peau de chagrin.
Ils ont tenté de faire comprendre que nous ne sommes plus dans une phase d'inquiétude, d'avenir incertain, mais bien tout au bord d'un gouffre qui, à l'heure actuelle, ensevelit déjà 20% des leurs, les autres étant tous "en zone rouge" à la fin de l'année 2009.
Pascal Koehly, président de la FDSEA, a déclaré clairement que si la baisse du prix du lait annoncée la veille était maintenue, un chaos sans précédent s'en suivrait.
Aligner les prix sur l'Allemagne
Pourtant, les privés comme les coopératives du Grand Est ont décidé d'aligner les prix sur ceux de l'Allemagne, bafouant ainsi l'accord du 3 juin dernier qui fixait à 280 euros maximum les 1000 litres. Aujourd'hui, ce lait est payé 270 euros au producteur, la nouvelle décision amènerait le prix à 230 euros. La perspective est inconcevable face à une envolée des charges fixes toutes confondues.
Les agriculteurs ont également mis à profit cette rencontre avec les élus pour mettre en avant leur ressenti au jour le jour. Tous ont le sentiment d'être parfaitement inconsidérés, relégués au ban des condamnés dans un grand tourbillon d'indifférence.
Pour clore cette sombre matinée, les agriculteurs ont déposé leurs demandes de RSA, symbolique peut-être, mais certainement pas autant qu'on aimerait le croire.
Odile Talon, le 27/03/2010
