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Article du vendredi 19 juin 2009
Plus de 150 ans d'activité faïencière à Salins-les-Bains
L'activité faïencière salinoise remonte à 1857. Cette année-là, deux faïenciers de Nans-sous-Saint-Anne, Granger et Moniotte, achètent l'ancien couvent des Capucins et les terres environnantes. L'emplacement bénéficie de la proximité de dessertes routières et ferroviaires et surtout de la force hydraulique de la rivière Furieuse. L'usine est reprise par Bourgeois, Page et Cie en 1862. Elle occupe 120 ouvriers en 1889 et exporte une partie de sa production vers l'Algérie et l'Égypte. Les recherches vers de nouvelles compositions de pâte rapportent à la manufacture une médaille d'argent lors de l'Exposition universelle de Paris en 1889.
En 1912, Edouard Charbonnier, fils d'un faïencier de Longchamp rachète l'usine. En quelques années, il crée un quartier industriel. L'essor de l'activité est considérable. Les fours tournent à plein rendement. A son décès, son fils Pierre reprend la manufacture qu'il modernise. Il concentre son effort sur l'exportation et continue à embaucher. Dans les années cinquante, près de 400 personnes travaillent dans les ateliers salinois. Le développement des salles de bains dans les maisons porte un rude coup à l'entreprise dont le chiffre d'affaires s'appuie beaucoup sur la vente de services de toilettes (broc et cuvette en faïence). Débute alors l'ère de la vaisselle.
« Salins était la première faïencerie française en terme de qualité », indique Daniel Clot qui travaille actuellement à la rédaction d'un livre retraçant l'histoire de l'activité faïencière salinoise. « Alors que Digoin ou Lunéville fabriquaient à la tonne, Salins créait des services », raconte ce passionné d'histoire locale. La force de Salins, « c'était la créativité, l'originalité et la qualité des décors », analyse-t-il. Après cessions majoritaires d'actions à la faïencerie de Sarreguemines, Pierre Charbonnier prend sa retraite en 1983. La nouvelle direction oriente sa production vers le sanitaire. C'est un échec.
« Le savoir a disparu en 1998, à la fermeture de l'entreprise », estime Claude Jourdant, maire de Salins. Les métiers ne perdurent plus aujourd'hui que dans les mains d'un atelier de modelage resté sur le site et dans celle du nouveau propriétaire de Super Ceram. Il est le seul aujourd'hui à personnaliser les objets depuis la cessation d'activité d'Agnès Marchand et de l'atelier Jean de Terre plus récemment. Il y a deux ans encore, outre les deux potiers, Salins comptait six magasins de faïence et d'arts de la table. Ils ne sont plus que trois aujourd'hui.
Daniel Clot travaille à la rédaction d'un livre sur les faïenceries qui paraîtra cet automne. Photo Philippe Trias