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Article du lundi 29 juin 2009
Salins-les-Bains : les salines au patrimoine mondial de l'Unesco
Le maire Claude Jourdant , au centre, au côté de Marie-Chritine Chauvin, de retour hier de Séville : « On est content, on est allés jusqu'au bout et on a la réussite » / Photo Philippe Meulle
Les salines de Salins-les-Bains ont été inscrites samedi au patrimoine mondial de l'Unesco, en complément à la Saline royale d'Arc-et-Senans. La petite cité comtoise rayonne de nouveau grâce à l'or blanc
Les cloches annoncent la bonne nouvelle
C'est à 8 h 30, hier, que toutes les cloches des églises de la ville se sont mises à sonner annonçant la bonne nouvelle : les salines de Salins-les-Bains sont inscrites sur la liste du patrimoine mondial par l'Unesco. Le comité du patrimoine mondial réuni à Séville a rendu sa décision tard samedi soir.
« On est passé à 22 h 45 » indiquait Claude Jourdant, le maire de Salins, présent en Andalousie avec son adjoint.
Une inscription en complément
Les salines de Salins-les-Bains ont été reconnues patrimoine mondial mais il s'agit d'une inscription en extension de celle de la saline royale d'Arc-et-Senans, (un modèle d'architecture visionnaire, conçu par Claude-Nicolas Ledoux ), inscrite depuis 1982.
Un site industriel classé
C'est le site d'exploitation du sel ignigène (évaporation de la saumure par le feu), soit un site du patrimoine industriel qui est classé. Philippe Mairot, conservateur en chef du patrimoine et directeur des Musées des techniques et des cultures comtoises commente : « C'est une architecture banale, une architecture industrielle comme il y en a eu beaucoup tout au long du XVIIIe et du XIXe siècle qui tout à coup se trouve aux côtés des pyramides d'Égypte et du temple d'Abou Simbel, etc. Derrière une architecture qui en elle-même n'est pas brillante, c'est ce témoignage extraordinaire des tireurs de sel qui est reconnu. Parce que dans le monde industriel c'est rarissime qu'on ait des monuments qui puissent témoigner comme ça de milliers d'années d'activité ».
Doubler le nombre de visiteurs
Les salines de Salins accueillent actuellement 50 000 visiteurs par an, elles peuvent espérer attirer désormais autant de visiteurs qu'à Arc-et-Senans, soit à peu près 120 000 visiteurs par an. « On a déjà une billetterie commune » indique Claude Jourdant. Philippe Mairot observe : « Maintenant les deux salines vont être plus que jamais associées. Elles sont très complémentaires, si elles sont promues avec la même force ce n'est pas démesurément ambitieux de penser qu'on pourrait avoir autant de visiteurs dans l'une que dans l'autre. »
Pas définitivement acquise
« Une telle reconnaissance, elle oblige, elle n'est pas définitivement acquise » remarque Philippe Mairot. « Tous les 5 ans l'Unesco fait un rapport sur l'entretien des sites, souligne Claude Jourdant, elle assure un contrôle. » Philippe Mairot précise : « L'Unesco n'attribue pas de moyens du tout, elle entraînera plutôt des charges nouvelles des exigences de professionnalisme. »Il faut donc que « les travaux de restauration continuent pour que la mise en valeur de la saline soit complète. »
Nathalie Bertheux
« C'est immense pour une petite ville comme Salins »
« On est content. On avait un bon dossier et on est allé jusqu'au bout, on a eu la réussite. Hier (samedi, ndlr) il y a deux autres sites français qui sont passés et qui ont été refoulés (les sites naturels des Causses et des Cévennes et l'œuvre architecturale et urbaine de Le Corbusier) » commente le maire Claude Jourdant. Le dossier a été initié il y a 7 ans : « On est inscrit sur la liste indicative du patrimoine mondial de l'Unesco depuis 2002 » souligne le maire. Puis Salins décide de demander son rattachement à la saline royale d'Arc-et-Senans qui est déjà classée au patrimoine mondial depuis 1982. Le dossier est monté avec les conseils du musée des techniques et cultures comtoises, de la DRAC, du ministère de la culture. La Ville fait aussi appel à un cabinet parisien, spécialiste en ce domaine pour travailler sur le dossier. Il est finalement déposé en février dernier à l'Unesco par le ministère de la culture. Ce travail ajouté au rapport d'Icomos (conseil international des monuments et des sites) a convaincu le comité du patrimoine mondial de l'Unesco.
Après Arc-et-Senans en 1982, l'œuvre de Vauban à Besançon l'an dernier, Salins est donc le 3e site classé en Franche Comté. « Pour une région aussi invisible en terme touristique que la Franche Comté, aussi modeste dans ses réalisations, c'est la plus belle reconnaissance qui puisse s'imaginer pour un monument. C'est le prix Nobel pour un monument » observe Philippe Mairot. Et d'ajouter : « C'est vraiment une chose immense pour une petite ville comme Salins. Enfin, pour une ville qui est devenue petite, qui a été très brillante, rayonnante et qui aujourd'hui trouve une espèce de reconnaissance a posteriori, de cette gloire que l'or blanc lui avait apportée. » Selon Philippe Mairot, l'inscription de Salins au patrimoine de l'Unesco, « c'est le panthéon pour les ouvriers du sel. Il y a un énorme contraste entre l'histoire invisible de tous ces ouvriers et la reconnaissance dans laquelle ils sont aujourd'hui au centre, c'est la vie des tireurs de sel qui est reconnue. »
« C'est un mélange de joie, de bonheur et de beaucoup d'émotion, parce que c'est une reconnaissance mondiale » observe Marie-Christine Chauvin, conseillère générale du canton de Salins, présidente du comité départemental du tourisme (CDT). Et d'ajouter : « Après avoir eu le 4 juin le pays d'art et d'histoire sur Poligny, Arbois et Salins, on a vraiment le summum de la reconnaissance avec l'Unesco. »