Eustache a écrit :
C'est quoi, tes sources, Obé ????
D'après cette
brochure (page 22 du PDF) de l'office de tourisme du Pays de Montbéliard :
"C’est un éleveur anabaptiste, Joseph Graber, qui dépose le nom de « montbéliarde » (en 1872)".
LE PAYS
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Article du 19 octobre 2008
Histoire
La montbéliarde, cette vache venue d’ailleurs
Contemporaine de la tour Eiffel, la « race montbéliarde » a été reconnue officiellement à l’Exposition universelle de 1859. Photo Yves Pradeilles
Il y a 300 ans arrivaient au Paîs les premiers mennonites à qui l’on doit la race montbéliarde.
« Ce sont des gens simples qui se distinguaient par le collier de leur barbe et leurs habits dépourvus de boutons » écrivait le pasteur Mathiot à propos de ces mennonites persécutés venus de Suisse. Ils s’étaient établis dans plusieurs fermes du Pays de Montbéliard en 1708, sollicités par le prince Léopold Eberhard. Cela va faire trois cents ans (1).
Des fermiers avant-gardistes
Au début, c’était seulement quelques familles venues du canton de Berne, les Graber, Kaufmann, Widmer, Mosimann… Plus tard, d’autres vinrent d’Alsace, de la vallée de Sainte-Marie-aux-Mines d’où elles étaient expulsées. Une bien triste histoire liée à la religion que celle de ces « chrétiens sans défense et sans vengeance », anabaptistes persécutés pour leur foi depuis le début du XVIè siècle déjà.
Leur doctrine, issue du protestantisme, rejette en effet le baptême des enfants et se fait l’apôtre d’un second baptême au temps de l’adolescence. Partisans paisibles de Menno Simonis (1498-1561), lui-même disciple de Luther, ils tirent leur nom de ce bouillant fondateur qui parcourut les Pays-Bas, le nord de l’Allemagne et la Suisse alémanique en opérant des conversions.
Les mennonites se multiplièrent et se répandirent ensuite au début du XVIIIè siècle en Suisse romande (Neuchâtel, Franches-Montagnes) et en Alsace, victimes de nouvelles persécutions. Protégés et donnés en exemple par les princes protestants du Wurtemberg, le duc Léopold Eberhard leur donnera des fermes à exploiter dans sa principauté de Montbéliard, considérant que ces hommes possèdent des qualités particulières dans la culture et l’élevage.
Venus de l’Oberland bernois avec quelques vaches et taureaux dont la robe est tachetée rouge et blanc (excellentes laitières), ils vont s’appliquer à tirer profit de leur qualité d’éleveurs.
On imagine aisément, il y a trois cents ans, la population locale et surtout celle des campagnes tenue de cohabiter avec ces nouveaux arrivants.
Le souvenir de Joseph Graber
Des gens austères, excellents agriculteurs par ailleurs. Au fil du temps, on apprécia leurs qualités. Voici ce qu’écrit le citoyen David au citoyen Quirot le 8 Prairial de l’An IV (2) : « Pour parler de leur façon de cultiver les terres et abreuver les prairies, il est notoire qu’ils y réussissent incomparablement mieux que les gens naturels du paîs, quoiqu’il soit vrai que des habitants ont profité du bon exemple et sont devenus de très bons agriculteurs. Mais par où les anabaptistes ont commencé ? Premièrement, par changer l’espèce de bestiaux à partir des vaches et des taureaux de Berne. Et les paysans, leurs voisins, profitant de ces taureaux pour faire saillir leurs vaches, on a vu changer les bêtes à cornes au point que le bétail rouge est d’un tiers plus gros qu’avant l’arrivée des anabaptistes… Quant à la culture des terres, ils y mettent plus de fumier et les récoltes sont meilleures… ».
Les années ont passé. La sélection du bétail a opéré. En 1989, on a fêté en Franche-Comté le centenaire de la « race montbéliarde » née la même année que la tour Eiffel.
Une race de vaches aux qualités laitières et bouchères reconnue officiellement à l’Exposition universelle de 1889 et dont l’appellation revient à un certain Joseph Graber, descendant des premiers anabaptistes établis au Pays.
(1) in M. Vernier, Histoire de la race montbéliarde, Besançon 1953
(2) Cité par M. Vernier
Yves Pradeilles