
IL HURLAIT COMME UN DAMNÉ
Debout sur ses étriers, il entama une longue litanie de jurons et d'imprécations destinés à galvaniser ses soudards «Tuez-les tous !Qu'il n'en reste pas un !... Je veux voir le sang des Comtois couler comme une rivière dans les rues de Dole ! » Et il donna le signal de la tuerie en faisant sauter d'un coup de hache la tête d'une jeune femme. La sauvagerie et l'ampleur du massacre dépassèrent, et de loin, tout ce que l'on avait pu voir jusqu'alors. Quatre heures durant, on tua, viola, éventra, égorgea, fit éclater des crânes. Des familles entières furent passées au fil de l'épée. D'autres furent brûlées vives dans les caves où elles s'étaient réfugiées. « On pataugeait dans le sang, dans les boyaux et les débris de cervelle... » Soudain, comme las de tuer, les soudards perdirent de leur ardeur. Mais Charles d'Amboise, à la cuirasse rouge et dégoulinante de sang, veillait. Les yeux exorbités et la bave aux lèvres, il hurlait comme un damné : « Tuez... tuez ! ».