La première bière artisanale haut-saônoise s'appelle Kalex.
Elle est blonde comme les blés et se prénomme Kalex.
Elle a du corps, et du caractère. Et dans les mois à venir, elle pourrait bien faire un carton. Chez les grossistes en alcool, dans quelques supermarchés plus tard, qui sait. Ne la cherchez pas en tout cas chez les disquaires, car sous ce nom fleurant bon la science-fiction, se cache un produit du terroir, fabriqué localement et artisanalement.
Le garage de la maison de village d'Alexandre Redoutey a été transformé en micro-brasserie.
Photos Jean-Charles SEXE
Kalex est la première bière confectionnée en Haute-Saône, à Lavigney. Dans ce village, Alexandre Redoutey a choisi de s'établir après cinq années en Charente-Maritime en tant qu'éducateur spécialisé. Changement de vie, d'orientation professionnelle.
Retour à la terre, puis direction l'amer. « Je voulais vivre à la campagne, avec un métier autre qu'agriculteur ». Parallèlement à son envie de reconstruire une maison germe doucement l'idée d'une brasserie. L'étincelle ? Elle viendra grâce à des copains, amateurs de bières, qui s'approvisionnent dans le Jura. Le brasseur passionné à Granges-sur-Baume lui met la pression : « Pourquoi vous ne la fabriqueriez pas vous-même ? »
« C'est une bière plutôt féminine, idéale à l'apéro », juge Alexandre Redoutey.
Un ennemi, la bactérie
Même si le milieu reste un peu hermétique lorsqu'il part en quête de renseignements, « secrets de fabrication obligent », il avance. Vite.
Notamment grâce à l'Institut de la Boisson et de la Malterie de Vandoeuvre. Son projet est dans les tuyaux. Il démarre avec de petits kits puis décide de recycler le garage de sa ferme en micro-brasserie. Eau, malt d'orge en provenance de Lille, levure et houblon remplacent vélos et voiture. Cuves et tanks à lait se transforment en outils de production. Tâtonnements, expérimentations décevantes ne freinent pas l'apprenti-chimiste, d'autant que son canevas récolte le Défi Jeune au niveau régional, en 2004.
Un jour, « la fermentation haute à 20°C fonctionne », le « process » sur lequel il s'applique donne ses premiers fruits. Ce qui était « en gestation depuis quatre ans » connaît une éclaircie. Son enthousiasme et la possibilité de « garder du temps pour soi à côté » finissent de le convaincre, même si « maîtriser ce produit vivant reste un challenge quotidien », un combat permanent contre un ennemi nommé bactérie.
Entre brasseurs -sachant que vingt micro-brasseries (1) naissent chaque année en France-, on ne frôle pas encore l'ébullition. « On se refile des trucs, comme on dit, mais jamais les recettes ».
Objectif de production pour Kalex : 10.000 litres par an
Vente en direct
Son oncle joue le cobaye de service, occasionnellement Kalou, la copine d'Alexandre, « mais pas (son) père ou (son) beau-père qui la trouve toujours bonne ». Avec le temps, « l'expérience de brassage », le goût de « Kalex » va encore s'améliorer, prévient Alexandre Redoutey, qui croit dur comme fer à la pérennité de son activité « micro-économique » en milieu rural. « Oui, il y a un marché, une tendance à la recherche des produits de qualité ». Surfer sur la vague bio, aussi.
Depuis l'ouverture officielle il y a un mois, la vente se fait en direct ou par le biais de petits intermédiaires. Pas de commerce à grande échelle, non conforme à la philosophie de celui qui s'est toujours beaucoup impliqué au niveau associatif.
Pourtant, il bouillonne encore d'idées, de projets, à commencer par la sortie d'une bière blanche, fin mai. Avec toujours à l'esprit « d'arriver à quelque chose en partant de rien ». Sans laisser retomber la pression. « Si c'est trop pépère, je risque de m'ennuyer... »
(1) Il existe actuellement sept micro-brasseries du même genre en Franche-Comté, dont quatre dans le seul Jura.
Source : http://www.estrepublicain.fr
