Le temps à recomposer

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Silvie
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Le temps à recomposer

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Les étudiants en horlogerie du lycée de Morteau et du centre professionnel de Porrentry vont restaurer et faire battre l'horloge planétaire d'un musée de Saint-Petersbourg.

Ils ont vingt ans, ils savent déjà qu'être jeune n'est ni une qualité ni un défaut mais un état de la vie. C'est que le temps qu'ils valorisent ou réparent, est le matériau de leur travail. Ils se sont fait silencieux, les dix étudiants horlogers du lycée polyvalent de Morteau, lorsqu'ils se sont retrouvés seuls, avec leurs profs, autour de l'horloge planétaire. Fascinés, ils ont regardé avec jubilation cette pièce rare du XVIIIe siècle, provenant des collections du Kunstkamera Museum de Saint-Petersbourg. « Ça va être vraiment intéressant », a lâché une fille du groupe.

Installée au centre professionnel de Porrentruy, l'horloge vient d'arriver de Russie. Les étudiants de Morteau et les élèves suisses en horlogerie de Porrentruy vont la restaurer et la faire battre à nouveau. La remise en état de cette horloge à sphère mouvante fabriquée pour une partie à Paris par Joseph Dupressoir, et pour l'autre à Besançon, a été partagée entre les deux établissements. Les Suisses fabriqueront les pièces mécaniques de remplacement y compris des aiguilles. Les Mortuaciens, plus axés sur l'histoire et le patrimoine horlogers, prennent en charge le mécanisme de l'échappement comptant le temps. « Nos étudiants une fois acquis le diplôme des métiers d'art en horlogerie, travaillent soit à la restauration de pièces historiques soit à la conception dans de grandes fabriques horlogères. La sauvegarde du patrimoine horloger fait partie du référentiel de leur diplôme, cette restauration sera intégrée dans leur cursus de formation. C'est un défi et un partenariat transfrontalier qui valorisent les savoir-faire de nos deux établissements », indique Marc Jaillet, proviseur du lycée de Morteau.

Apportée de France en Russie (achat par une riche famille ou cadeau ? ), cette horloge est restée propriété privée jusqu'à sa vente par un particulier dans les années 1940. « Nous n'avons pu retracer l'itinéraire de l'horloge. Après la révolution de 1917, beaucoup de choses ont été vendues par des familles. L'horloge a été vendue par un certain Levinson, il y en a une autre identique au musée », précise Tatiana Moïsseva du Kunstkamera Muséum venue à Porrentruy.

Pièce de très grande valeur, l'horloge restituant le mouvement des planètes, repose sur un marbre posé sur un socle d'acajou orné de bronze. Les quatre cadrans de laiton donnent respectivement les heures et les minutes et les phases de la lune, les jours, les semaines et les quantièmes du mois, les marées dans vingt-quatre ports du monde, les heures décimales. « La partie Dupressoir est de 1730 environ, l'autre partie de 1793. On voit les positions de sept planètes du système solaire. C'était un objet à but illustratif, éducatif et aussi de luxe », souligne Laurent Barotte, Belfortain, enseignant en horlogerie à Porrentruy. Ses collègues de Morteau, Patrice Buteau et Agnès Vannet, rapportent : « Peut-être retrouvera-t-on un document d'époque, un brevet déposé à la bibliothèque nationale. Si nous ne retrouvons pas de document, nos choix techniques de restauration seront à faire valider par des experts. L'horloge a dû être remaniée, il y a inadéquation entre le socle d'acajou à ligne sobre et motifs décoratifs napoléoniens et le cadran décimal de l'époque révolutionnaire avec journées de dix heures de cent minutes chacune ».

Quinze cents heures de travail étalées sur deux ans seront nécessaires pour rendre tout son lustre à cette belle horloge. Elle retrouvera ensuite sa place au Kunstkamera Muséum, en fait le musée d'anthropologie et d'ethnographie Pierre le Grand rattaché au prestigieux Ermitage.

source : http://www.estrepublicain.fr
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