L'origine de la boisson.
Il existe en gros deux origines.
La première (aujourd'hui pratiquement rejetée) : l'élixir d'absinthe aurait été inventé par les moines de l'
abbaye de Saint-Benoît située à Montbenoît (près de
Pontarlier) puis auraient transmis leur recette au docteur Ordinaire qui partis ensuite à Couvet pour cause d'exil politique. Il s'avéra que cet élixir n'était pas fait à base d'absinthes mais à base de chicorée.
La deuxième origine (plus probable) : Henriette Henriod, dit la mère Henriod, vivait à
Couvet (Suisse) et élaborait des remèdes à base de plantes dont l'élixir d'absinthe. Elle aurait créé cet élixir avant la venue du docteur Ordinaire vers le deuxième tiers du 18ème siècle. Avec les plantes de son jardin, elle créa l'élixir d'abord par macération puis par distillation chez elle, et le vendait surtout pour un usage médicinal.
Puis cet élixir fut acheté par le major Dubied à la mère Henriod, lorsqu'il vit que les consommateurs n'étaient pas tous malades.
Il ouvrit la distillerie Dubied Père et Fils à Couvet en 1798 et assisté par Henri-Louis Pernod (son véritable nom était Abram-Louis Perrenoud) fit consommer cette boisson en dehors du cadre pharmaceutique.
Henri-Louis Pernod qui voit un engouement pour cette boisson décide de monter sa propre distillerie toujours à Couvet. Cependant elle devient vite trop petite, et pour satisfaire la clientèle française, il décide de s'installer à Pontarlier en 1804 (ou 1802??), ce qui lui permet en même-temps de s'affranchir des droits de douane. Avec sa femme Emélie Dubied (fille du major), il eut un fils Louis qui reprit l'usine par la suite, mais à la mort prématurée de celui-ci, c'est Emélie qui prend la direction quand Henri-Louis décède, avant de la céder. [...]
La consommation est cependant limitée au massif jurassien. En 1830 pour la
conquête de l'Algérie, les bataillons emportent avec eux de l'absinthe pour purifier l'eau, puis prennent l'habitude de la consommer. Ils font de même à la
Conchenchine (sud du Viet-nam) et à
Madagascar.
Puis de retour en France, les officiers français continuent de la consommer sur les grands
boulevards parisiens. La bourgeoisie française fière d'être à coté de ses conquérants écoutent leurs histoires, et bientôt l'absinthe devint vite à la mode. Les écrivains, poètes et autres artistes se prennent aussi au jeu de l'heure verte (consommation de l'absinthe vers 17h ) où ils se retrouvent volontiers pour discuter. Même les femmes consomment de l'absinthe. Puis d'une boisson de bourgeois, petit à petit elle se popularise, pour devenir la boisson de tout le monde.
Pour assurer la consommation de plus en plus importante, de nombreuses distilleries voient le jour de 1830 à 1870, mais elles sont surtout basées en Franche-Comté et en Suisse, puis quand l'absinthe se démocratise le nombre de distilleries explose. Les fabriques sont créées un peu partout en France (Paris, Bordeaux, Lyon, Dijon...), puis dans le monde (Afrique, Asie, Amérique, Europe).
L'absinthe a pour berceau historique le
Val-de-Travers (Suisse), mais a pour berceau économique la région de Pontarlier.