La manif des agriculteurs à Besançon le 16/10/09

Economie et autres faits de société en Franche-Comté
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Karine
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La manif des agriculteurs à Besançon le 16/10/09

Message par Karine »

En tracteur, à pied, en voiture, les agriculteurs et les acteurs du milieu rural sont conviés à manifester leur mécontentement face aux politiques libérales destructrices.

L' ambiance est tendue en ce début de conseil. Le moral n’y est pas. « Les trésoreries se dégradent et les perspectives ne sont pas bonnes. Depuis plusieurs années, nous manifestons notre désapprobation face aux politiques mises en place. Nous ne sommes pas écoutés, aussi bien à Bruxelles qu’à Paris. Ce vent libéral prôné par le pouvoir en place va conduire notre agriculture à la faillite », lance Martial Marguet. Dans un deuxième temps, il a rappelé les multiples actions conduites depuis un an aussi bien par les Jeunes agriculteurs que la FDSEA dans les GMS lors d’opération de stickage, de retrait des linéaires de certains produits, à la Draaf, le blocage d’usines de transformation ou encore lors du blocage d’une centrale d’achat. Le résultat n’est pas à la hauteur des attendus…
Abandonner
des créances
Le rouleau compresseur avance pas à pas. Les prix ne font que de baisser et celui constaté sur la paye d’avril est irrespectueux pour les agriculteurs qui se dépensent sans compter 365 jours par an pour offrir des produits de qualité irréprochables aux consommateurs. A l’arraché, en juin 2009, un accord sur le prix à 280 euros la tonne est conclu. C’est insuffisant… mais très supérieur aux prix constatés en Allemagne, en Belgique… qui s’approchent des 200 à 220 euros la tonne. « Nous devons manifester notre mécontentement et revendiquer une année blanche, demander une révision de la politique agricole avec la mise en place de régulation pour toutes les productions, et des créanciers devront abandonner des créances, c’est une des conditions indispensables pour sauver notre agriculture », s’exclame le président Jean-Claude Jeannin. La date du 16 octobre est retenue. En tracteur, à pied, en voiture, nous vous convions tous pour montrer notre mécontentement face à ces politiques libérales destructrices qui vont condamner les plus faibles. Prenez contact avec votre délégué cantonal ou votre président de syndicat local qui doit organiser une réunion sur votre canton pour donner toute l’ampleur attendue à cette manifestation.
Trois sécheresses
en 6 mois
Etienne Lachat s’est fait le porte-parole des producteurs du nord-est du département. « Depuis le début de l’année, nous enregistrons un déficit d’eau jamais observé. Nous constatons une pluviométrie de 350 à 400 millimètres depuis le début de l’année. Dans ce secteur, la moyenne des 25 dernières années est de 1 400 millimètres. En mai-juin, il a fait froid et un important déficit est observé. En août, le mercure a affiché des records et depuis le début de septembre… pas une goutte de pluie… Mes vaches pâturent dans des chaumes. Des exploitations nourrissent leur cheptel depuis le 14 juillet avec des fourrages secs. La situation n’est plus tenable. Une réunion de travail avec les agriculteurs de notre syndicat met en évidence un besoin de 200 à 300 tonnes de fourrages. Mais où se le procurer ? Et à quel prix ? » Une procédure Calamités est en route. Nous attendons les résultats mais nous savons que cette démarche à des limites.
Pour conclure, le président a demandé à chaque délégué cantonal de programmer sur chaque canton en liaison avec le responsable JA une réunion de travail pour organiser au mieux cette manifestation du 16 octobre à Besançon. Des affiches seront adressées à chaque canton. Il convient de s’investir dans cette campagne d’affichage pour faire passer très largement ce message de détresse à l’ensemble des habitants du milieu rural. Ainsi, il convient d’inviter l’ensemble des acteurs du milieu rural, élus, marchands de bestiaux, vétérinaires, inséminateurs contrôleurs laitiers, marchands de matériels, marchands d’aliments, agent relations cultures à cette manifestation. Notre agriculture a un prix. Nous devons la défendre collectivement et unis.
FDSEA du Doubs

Un article de La Terre de chez nous
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Karine
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Chaud bouillant !

Message par Karine »

Environ 1500 agriculteurs et plus de 500 tracteurs ont traversé la ville. Une mobilisation
impressionnante qui faillit déborder.

Comme le lait sur le feu. Ça chauffe, ça bouillonne et parfois… ça déborde. C’était le cas vendredi 16 octobre à Besançon, où plus d’un millier de paysans, venus avec plus de 500 tracteurs de toute la Franche-Comté, ont manifesté leur « ras-le-bol » devant la préfecture.
« Il y en marre, marre, marre et plus que marre ! » s’époumone au micro, le président de la FDSEA du Doubs, Jean-Claude Jeannin. Un message adressé aux « courageux » députés et conseillers généraux qui ont essuyé des tirs d’œufs, de tomates, de pommes. « Il paraît que vous votez… on se demande à quoi vous servez ?» leur a ensuite renvoyé l’agriculteur de Montenois. « Vous contribuez à empiler le mille-feuilles administratif alors qu’il faut changer la politique agricole commune pour que nos campagnes vivent et que tous les consommateurs européens aient droit à une sécurité alimentaire ».
Le discours sera applaudi. Pourtant, des projectiles continuent à fuser, notamment en direction de l’orateur. Rien d’étonnant, selon lui. « Les gens ont l’impression que l’on crie dans le désert. Il faut que les pouvoirs publics tirent la leçon de cette mobilisation et qu’ils nous donnent de l’espoir .»
Comme par exemple l’annonce d’« un plan pour sauver l’agriculture », revendique Fréderic Perrot, le président de la FRSEA. « En terme de trésorerie, c’est une véritable catastrophe ! Les prix pratiqués dans la cour de ferme, toutes productions confondues, sont dignes des années 80. Ça et des charges franco-françaises, nous n’en voulons pas ! Nous allons vers une faillite économique. »
Dans ce contexte, « une année blanche pour pouvoir différer les charges » serait une bonne décision de la part du gouvernement, estiment les responsables syndicaux.
« Désespérés »
« Sarkozy, le grand copain de Jean-Edouard Leclerc, a un petit peu oublié les gens qui se lèvent tôt », enchaîne Julien Bigand, le président régional des Jeunes agriculteurs. « Les grandes fortunes ne sont pas dans l’agriculture, mais dans la grande distribution qui se gave sur le dos des producteurs et des consommateurs. Il faut qu’il y ait des sanctions sur ces pratiques ».
Dans la foule, ça chauffe, les esprits bouillonnent… Du coup, le passage des paysans en tracteur devant la préfecture manque de déborder. Si certains se contentent de klaxonner et d’afficher des slogans comme « Producteurs exploités, consommateurs volés »,« Agriculture en détresse, le malheur est dans le pré », « sincères “condo lait ances” », d’autres mettent le feu à des bottes de paille, hissent les fourches télescopiques des tracteurs sur les murs de la préfecture, jettent des projectiles à l’intérieur, s’empoignent avec les RG, puis poussent la remorque qui fait office de tribune devant la porte avant de faire mine de charger avec un tracteur.
Des « incidents à la mesure de la tension qu’il y a sur le terrain », selon le président de la chambre d’agriculture, Daniel Prieur qui ira jeter quelques pneus dans le feu avant de partir.
De mémoire de syndicaliste, Jean-Claude Jeannin, dit avoir vu, « il y a 30 ans, 1 000 agriculteurs à Besançon, mais pas avec une tension pareille. Aujourd’hui, il en fallait peu pour que ça dégénère. Les gens sont désespérés »
Fabrice Colombani

Article publié sur La Terre de chez nous
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