obelix a écrit :On retrouve la même chose avec Nemetodurum qui deviendra Nanterre, par exemple. Dans les deux cas, nous avons le D de "durum qui disparaît, ou plutôt qui se fond avec le T de nemetodurum et dans manduodurum ce sont les deux D qui se fondent ensemble après élision des voyelles qui les séparent. Le T et le D sont de même nature. Ces deux sons sont formés au même endroit et de la même manière dans la bouche, la seule différence est que l'une est "sourde", l'autre sonore, ce qui fait que ces deux consonnes se "fondent en une seule après la disparition des voyelles qui les séparent. Si je ne me trompe pas, la disparition des voyelles est nommée "élision" et la fonte des consonnes est nommée "assimilation". Tout cela est très bien étudié dans la phonétique historique. On en trouve de nombreux traités sur internet ...
[d] : consonne occlusive, lamino-dentale (ou lamino-alvéolaire), sonore et orale ;
[t] : consonne occlusive, lamino-dentale (ou lamino-alvéolaire), sourde et orale.
élision assimilation
NEMETODURUM --> NEMET-DURUM --> NEMETURUM --> NAMTUR --> NANTERRE
MANDUODURUM --> MAND-DURUM --> MANDURUM --> MANDUR --> MANDEURE
Dommage que tu ignores une graphie gallo romaine de Mandeure avec un T et non un D comme (EPO)MAN
DUODURUM qui rapprocherait encore plus Mandeure avec le cas de Nanterre:c'est EPAMAN
TUDURUM(DURO).
Jacques Lacroix dans ses livres sur "Les noms d'origine gauloise" et plus précisément dans celui de "La Gaule des activités économiques" écrit à ce sujet en page 219:
Epamantuduro (cette dernière confirmée par les variantes Epaman
tuduru,Epiman
turo)(Jeannin,1986,39;Billy,1993,71);
la graphie avec -t- ne saurait donc être considérée comme une erreur de copiste.
La coexistence des formes -t-/-d- suggère qu'à l'époque gallo-romaine il y a eu hésitation sur la façon de prononcer le t gaulois,ce que souligne Pierre-Yves Lambert:"La graphie avec -d- semblerait indiquer que les Romains ont compris la sourde gauloise (sans doute simple et douce) comme l'équivalent de leur sonore (2003,48).Nous pensons donc que l'élément -mand- d'Epamanduoduro relève du thème mant(alo),combiné à l'initiale avec l'appelation celtique du cheval,epa-/epo-,qui ne s'est pas maintenue dans le toponyme moderne,raccourci.
La bourgade antique de Mandeure (installée dans une boucle du Doubs) se développa au croisement de deux axes routiers:axe sud-nord,de l'Helvétie et du Jura aux Vosges;axe ouest-est,du Rhône au Rhin (Bedon,2001,213-215;Joan,2003,328-356,avec plan du réseau routier,329).Elle était lieu de upture de charge,car le Doubs était navigable jusqu'à Mandeure seulement,et les marchandises fluviales devaient emprunter la route pour gagner le Rhin ou l'Ill (van Berchem,1982,271).On avait donc en ce site une plaque tournante de commerce par où transitaient hommes et marchandises,chevaux et voitures à chevaux (Jeannin dans Mangin et autres auteurs,1986,39,9;Lacroix,2001a,282-284;Joan,même ref).
Son nom de MANDEURE/Epa-manduo-duro,s'il désigne bien l'"Etablissement-de-la-route-aux-Chevaux",est parfaitement justifié.Mais comme la graphie EPAMANTUDURUM et plus encore les commentaires de J. Lacroix et P.Y. Lambert affaiblissent sinon ruinent ta thèse Mandubiens/Mandeure,tu les ignores...
Dommage pour la manifestation de la vérité.