Les mouches

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Karine
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Les mouches

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Sus aux mouches


Alexandre Coronel
Jura agricole et rural
Publié le: 14 juin 2007
Page 5

Pendant les mois chauds, la mouche peut avoir un impact négatif sur la qualité du lait
Les mouches entraînent des pertes de productions et sont vecteurs de maladies. Limiter leur pullulation passe d'abord par l'hygiène du bâtiment d'élevage et des abords. Une stratégie qui peut être complétée par des applications précoces et régulières de produits larvicides.

La mouche, ou plutôt les mouches, car il en existe plusieurs espèces, font partie des insectes nuisibles à l'élevage laitier comme à l'élevage viande. Les animaux agacés, nerveux, dépensent une partie de leur énergie à les éloigner. « Des études ont été conduites pour évaluer le préjudice, aussi bien en production laitière qu'en production de viande », relève le docteur vétérinaire Cédric Chapuis, directeur du Groupement de Défense Sanitaire du Doubs.

Les pertes mesurées peuvent aller jusqu'à 20 kg de lait par semaine pour une vache laitière ! Une infestation de 100 mouches par animal (observée pendant 100 jours), entraîne sur les jeunes bovins en croissance une perte de gain moyen quotidien de 200 g, soit un manque à gagner d'environ 20 kg sur cette période. « Il peut y avoir aussi des conséquences sur la qualité du lait, avec des animaux qui tapent, des décrochements de la griffe au moment de la traite et des souillures du lait. »

La mouche est également un vecteur ou un hôte intermédiaire de virus, bactéries ou parasites. Ainsi, certaines mouches peuvent être attirées par l'odeur du pus des mammites estivales, et interviennent ainsi dans la transmission de cette maladie. La mouche d'automne (Musca autumnalis) porteur du germe Moraxella bovis est vecteur de la kérato-conjonctivite infectieuse des bovins (infection oculaire, connue sous le nom de maladie de l'Å“il blanc).

Pas de solution radicale

Outre ces conséquences zootechniques directes, les mouches causent par leur présence des désagréments pour les travailleurs et les résidants à proximité des exploitations animales. « Il n'existe à l'heure actuelle aucune solution radicale pour se débarrasser des mouches. Tout ce qu'on peut faire, c'est essayer de contenir la pullulation par des applications précoces de produits larvicides, que l'on renouvelle tous les trois à quatre semaines, de manière à limiter le nombre d'adultes. »

La maîtrise de l'infestation passe par une bonne connaissance du cycle de la mouche. La mouche domestique, espèce la plus répandue des 600 dénombrées en France, est présente sur tous les continents. Elle se reproduit sur des déchets organiques, ce qui en fait une source évidente de la contamination des produits animaux par des agents infectieux. « La durée du cycle de la mouche domestique dépend fortement de la température. D'environ 50 jours à 16°C, ce cycle passe à 8-12 jours à 25-30°C. La femelle adulte arrive à pondre entre 500 à 800 Å“ufs malgré sa courte durée de vie. » Après 12 heures d'incubation, l'Å“uf donne naissance à une larve effectuant plusieurs mues pendant 5 à 9 jours, jusqu'au stade nymphal qui dure lui-même un à deux jours avant de déboucher sur la forme adulte.

Un cycle fortement dépendant de la température

« En plus de la température, les différents stades doivent trouver des conditions favorables à leur développement (humidité, présence de matière organique sous forme liquide, tranquillité). Il existe donc des lieux de ponte particulièrement propices au développement larvaire. Ce sont les fumiers, litières et particulièrement les endroits non piétinés (le long des murs, au pied des poteaux) ou très humides (sous les abreuvoirs), poursuit le directeur du GDS. Compte tenu de ces divers éléments - cycle court, grande quantité d'Å“ufs, lieu de vie - il est illusoire d'espérer éliminer en totalité le développement des mouches. L'objectif est de maîtriser la population à un niveau acceptable en agissant le plus en amont possible du cycle de leur développement. »

Compte tenu de ces différents éléments, on comprend mieux la nécessité d'agir tôt. La ponte des mouches débute en effet dès que la température atteint +8°C, c'est-à-dire en avril dans nos régions. « En élevage conventionnel, le recours aux produits larvicides doit alors être utilisé tôt dans la saison, dès les mois d'avril ou mai selon les années afin de limiter l'apparition des adultes. L'action sur les adultes ne doit être qu'un complément car une mouche adulte avant d'être tuée aura pondu 500 à 800 Å“ufs. 90 % des mouches présentes dans un élevage étant nées dans celui-ci, l'objectif est donc bien de limiter le développement des larves. Pour cela le traitement larvicide au printemps devra concerner les tas de fumier, les logements des veaux, les endroits où la litière n'est pas piétinée et tassée par les animaux (périphérie des bâtiments, des poteaux, sous les mangeoires, près des bacs à eau, périphérie des fosses). Le renouvellement doit être effectué toutes les six semaines pour une bonne maîtrise. » Il s'agit donc d'une véritable routine pour l'éleveur.

Agir tôt

Première cible de l'éleveur soucieux de limiter les nuisances des mouches : les lieux de ponte. « Il faut agir sur la propreté générale de l'exploitation et de ses abords : éliminer les tas de fumier et supprimer l'épandage l'été à proximité des bâtiments, ne pas laisser de restes d'aliment au niveau des mangeoires, laver - décaper le bâtiment annuellement, aérer les locaux, protéger les cadavres contre le soleil et avoir une aire de dépôt éloignée des bâtiments. » Au sein du troupeau, certaines catégories d'animaux nécessitent une attention particulière. Il s'agit des bêtes présentant des lésions, ainsi que des veaux à diarrhée et à gros nombril.

L'action contre les formes adultes concerne à la fois les bâtiments et les animaux eux-mêmes : ceux-ci constituent en effet 15 % de la surface fréquentée par les mouches. « Pour les bâtiments, il faut avoir au préalable lavé puis décapé les surfaces afin de retirer toute la matière organique. Le maximum de surface devra être traité pour ne pas laisser la zone de repli aux mouches », explique Cédric Chapuis. Ce grand nettoyage peut-être l'occasion d'éliminer d'autres parasites, tels les poux. « Il suffira d'associer un traitement des animaux (sur prescription vétérinaire) à la rentrée des locaux. En effet les poux peuvent survivre d'une année sur l'autre sur des supports inanimés, les animaux peuvent se contaminer dans les bâtiments comme à l'extérieur en particulier au voisinage des haies. »

« Les traitements pour les animaux doivent se faire sur prescription du vétérinaire, le choix du produit doit intégrer des notions d'efficacité, d'absence de toxicité pour l'homme, les animaux et l'environnement et de commodité d'emploi. Ce sont des produits à utiliser avec précaution en veillant au respect strict des doses ». Enfin l'utilisation de pièges rubans, ou électriques, brasseur d'air en salle de traite aura également un effet dépresseur sur les populations adultes.



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Carte d'identité : La mouche domestique

La mouche domestique adulte mesure 6 à 8 mm de long et possède une envergure de 13 à 15 mm. Son thorax de couleur grise est orné de quatre nervures longitudinales foncées. Au repos, ses ailes sont déployées.

Cycle de vie :

Possédant une métamorphose complète, la femelle pond dans du fumier ou des matières en décomposition. Au cours de son existence (environ 3 mois) elle pond plus de 600 Å“ufs. Ceux-ci sont blancs, cylindriques et mesurent 1 mm de long. Des larves lisses, blanches, dépourvues de pattes semblables à de petits vers naissent 10 à 15 heures plus tard, dans le langage courant, ce sont les asticots. Elles se « nymphosent » à l'abri de la lumière et atteignent leur maturité après trois mues, le développement larvaire étant dépendant des températures. L'individu adulte apparaît au bout de 4 à 5 jours si le temps est chaud, un mois plus tard si les conditions météorologiques sont défavorables. 12 générations de mouche peuvent donc se succéder en une année, si le climat est chaud voire tropical.

Localisation :

Avec une portée de vol de 8 km, la mouche domestique est omniprésente dans les zones tempérées. La température influençant grandement leur cycle de vie, elle peut être active et très présente toute l'année à l'intérieur des bâtiments, ou plus saisonnière en hiver à l'extérieur.

Alimentation :

La mouche a une préférence pour les aliments liquides car elle ne mastique pas. Elle aspire le liquide avec une trompe rétractile (le labium) qu'elle déploie de sa tête. Si un aliment est trop compact, elle le dilue en vomissant sur lui des substances sécrétées par son intestin contenant des enzymes. Elle suce ensuite le liquide digéré. En régurgitant fréquemment une partie de son repas précédent, elle transmet des microbes pathogènes à nos aliments. Une mouche peut être porteuse de plus de deux millions de bactéries.

Article paru sur : http://www.juragricole.com/news/printpa ... uches.html
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