Histoire moderne

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Karine
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Enregistré le : dim. 05 févr. 2006, 13:40

Histoire moderne

Message par Karine »

J'ai choisi de reproduire ici l'intégralité de l'article paru dans l'Est Républicain, malgré une certaine orientation politique. Vous voudrez bien ne considérer que l'initiative humanitaire.

Sur le chemin de l'école Massoud

Baptisé du nom du héros national, un groupe scolaire vient d'être construit dans les montagnes afghanes. Grâce à la ténacité de la Franc-Comtoise Chantal Véron.


BESANÇON. Elle passe les fêtes de fin d'année dans l'agglomération bisontine où elle habite. Ou plutôt habitait, car Chantal Véron vit en Afghanistan depuis 2002.


Peu d'Occidentaux connaissent ce pays comme cette enseignante en disponibilité, tombée sous le charme en 1976, « comme touriste ». Elle a commencé à s'y rendre régulièrement à partir de 1995.


Chantal Véron a co-fondé l'association Negar (1) qui aide les femmes afghanes à obtenir les mêmes droits que les hommes. Une démarche qui passe par l'éducation. La Comtoise, qui se méfie de Kaboul et de ses ONG « aux 4-4 rutilants », avait découvert en 1996 un coin du bout du monde, dans la vallée de Bajgah, à 250 km au nord de la capitale. Grâce à des fonds de différents organismes (dont la FSU, le syndicat enseignant, et l'association « Solidarité laïque »), elle vient de coordonner sur place la construction d'une école. « Les travaux ont débuté en juin, elle a été inaugurée le mois dernier », indique-t-elle de son ton serein et déterminé.


Six cents élèves



Ce groupe scolaire de belle facture a été érigé « par la main-d'oeuvre locale dans les règles de l'art et le respect des normes antisismiques, avec des pierres des montagnes amenées à dos d'ânes ou d'hommes. »


Le bâtiment, qui a coûté 67.000 €, comporte 14 salles de classe et accueille 600 élèves, garçons et filles, du CP à la 3e, encadrés par une vingtaine d'enseignants, dont une seule femme « pour le moment ». La plus grande curiosité manifestée par les enfants, « ce fut à l'arrivée des tables et chaises. Elles ne font pas du tout partie de la tradition du pays. Chez eux, les gens s'assoient sur des coussins et tapis ».


Le nom de baptême de cette réalisation s'est imposé tout seul. Une plaque à l'entrée indique qu'il s'agit là de « l'école Massoud, héros national et martyr ». Les habitants de la vallée ont combattu avec le commandant Massoud, assassiné par Al Qaïda deux jours avant les attentats du 11 septembre 2001.


Quelques semaines plus tard, les Américains et leurs alliés reprenaient Kaboul aux talibans. « Actuellement la capitale est de plus en plus dangereuse, il y règne une très mauvaise ambiance. »


Soldats « écoeurés »



Pour Chantal Véron, le bilan de l'Isaf, l'organisme qui regroupe les différentes armées étrangères présentes sur le sol afghan depuis cinq ans, est dramatiquement négatif : « Ce pays aurait pu vite sortir du cauchemar taliban. Son peuple est très dynamique. Mais la volonté américaine en a décidé autrement. Pour le gouvernement des Etats-Unis, l'Afghanistan représente avant toute autre considération une position militaire stratégique. Je rencontre assez souvent les soldats français, ils sont écoeurés de l'attitude américaine. »


La Franc-Comtoise n'a pas oublié le bombardement survenu en mars 2005 dans le village où est désormais implantée l'école Massoud : « Le chef de ce village avait prévenu l'Isaf qu'il restait chez lui des armes du temps où il combattait avec Massoud. Des soldats hollandais devaient les récupérer. Mais un avion a lâché une bombe sur sa maison. 26 morts, 35 blessés. Les talibans n'ont pas d'avion, que je sache. » L'enquête menée sur cette bavure probablement d'origine américaine « a été étouffée ». Nul doute qu'à l'école Massoud, on saura cultiver le devoir de mémoire.


Joël MAMET (1) Contact : Negar, BP 10, 25770 Franois (www. negar-afghanwomen. org).
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