
Monsieur le Directeur,
Je me permets de vous écrire aujourd'hui pour remettre en question les langues possibles d'êtres étudiées en BTS Animations et gestions touristiques locales dans la région Franche-Comté.
A l'heure actuelle, trois langues étrangères sont proposées : anglaise, allemande et espagnole. Mais je souhaite dés à présent m'inscrire dans une autre option linguistique qui mérite attention : « Les langues populaires de Franche-Comté : franc-comtois et francoprovencal » . Il en va de la sauvegarde d'une tradition linguistique ancestrale où seul le secteur du tourisme lié au patrimoine peut intervenir.
Ainsi, la Franche-Comté, terre aux milles couleurs et aux milles contrastes, a été, depuis plusieurs siècles, la malheureuse victime d'un génocide culturel. Génocide qui a amputé et qui ampute encore, non pas aveuglement, mais bien volontairement, une histoire, une tradition et un encrage identitaire mené de part et d'autres par une éducation française et européenne assassine, très loin des réalités d'un véritable apprentissage linguistique, à ce jour aseptisé et non diversifié.
Par les écrits et les traditions orales qui ne nous sont parvenus, nous savons que, historiquement et culturellement, on parlait en Franche-Comté, le français, le latin, l'italien ainsi que le franc-comtois et le francoprovencal. Ainsi ce que l'on appellera vulgairement plus tard « le patois » n'était en fait que les langues du peuple, des langues vivantes, parlées au cœur des quartiers ouvriers et des villages, mais également écrites, en poésies et en chansons.
Quelle dynamisme aujourd'hui pour ses deux langues populaires de Franche-Comté ? Faible, très faible, même à l'agonie, ou totalement disparu dans certains secteurs. Lueurs d'espoir tout de même dans la République et Canton du Jura, en Fédération Helvétique ou le franc-comtois est encore couramment parlé, ou encore en Pays de Savoie ou le francoprovencal commence à être enseigné dès la primaire, est, encore mieux, cette langue est reconnu par la constitution italienne dans la région du Val d'Aoste.
En Franche-Comté donc, les heures des langues populaires s'assombrissent de jours en jours ! En effet, l'usage du franc-comtois et du francoprovencal n'a cessé de diminuer depuis l'instauration de la loi du 28 mars 1882, dite loi Ferry, sous la 3ème République Française. Les instituteurs de l'époque interdisant les échanges linguistiques autre que le français, chassant avec mépris l'usage du parler comtois dans la vie de tout les jours de la bouche de ces enfants nés avec la langue de leurs ancêtres et l'envie, par la suite, de la faire partager ! L'éducation française a donc, en à peine cent ans, effacée de la mémoire collective, des langues vieilles de plusieurs siècles.
Alors, si rien n'est fait d'ici les 10 prochaines années, le franc-comtois comme le francoprovencal, disparaitront définitivement de notre culture et de notre patrimoine, et avec elles, une grande partie de l'histoire comtoise, mais aussi, preuve d'une stupidité remarquable de la part de notre éducation, une grande part d'amour d'une terre, d'un pays et de ses gens.
Comme marchant dans les pas de l'Abbé Garneret, homme simple mais illustre, au combien attaché à son pays comtois, et à titre d'exception, j'invoque :
- qu'une langue ne s'apprend pas dans une simple salle de classe, mais au contraire, se transmet par le cœur au contact d'une culture;
- que la sauvegarde des langues populaires de Franche-Comté est imminente;
- que la transmission d'une culture linguistique en voie de disparition est un droit et un devoir légitime devant être reconnu;
Ainsi je formule le souhait d'étudier « les langues populaires de Franche-Comté : franc-comtois et francoprovencal » en OPTION LANGUE VIVANTE 2, en remplacement de la langue allemande.
Je vous pris d'agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de ma considération distinguée.
Billy FUMEY
Elève BTS AGTL, MFR de Pontarlier