"Le lion de Bartholdi a un ancêtre. Le sculpteur colmarien voulait symboliser l'héroïque défense de 1871 en mettant en situation le roi de la jungle brisant la flèche de l'agresseur.
Mais il ignorait sans doute que le noble animal appartenait déjà, indirectement, au bestiaire figuratif de celle qui allait devenir la cité du Lion. Christophe Cousin, conservateur en chef du patrimoine belfortain, rappelle en effet que le gisant du comte Renaud de Bourgogne s'appuie sur ce symbole de force, ornant par ailleurs de nombreux blasons moyennâheux.
Il souligne aussi que le lion, dans la tradition médiévale, "incarne l'espérance de la résurrection, car il appelle à la vie, par son souffle ou ses rugissements, ses lionceaux qui naissent les yeux clos."
Ce gisant, situé à l'intérieur de l'abbaye de Beaume-les-Messieurs, fait actuellement l'objet d'une réplique en résine teintée, éxécutée par un atelier grenoblois. Elle a été commandée par la ville de Belfort dans le cadre du 700ème anniversaire de son affranchissement féodal.
Cette représentation de Renaud de Bourgogne, comte de Montbéliard et seigneur de Belfort, sera en vedette du 19 octobre au 19 mars, au sein de l'exposition "Belfort, 1307 : l'éveil à la liberté", présentée à la Tour 46.
Il était naturel que le principal acteur de ce premier pas vers la démocratie locale ne soit pas oublié, même si l'octroi des franchises aux bourgeois de la ville n'était pas altruiste. Car ces lions prélèvent toujours leur part, afin de nourrir leur supposé prestige."
Article de François Zimmer paru dans L'Est Républicain samedi 9 septembre 2006.
