Alésia...

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jost
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Message par jost »

B loiseau a écrit :Salut Obé

Pour ma part je pense qu'une grosse partie de l'infanterie de Vercingétorix était déja sur place, à Courcelles-les-Montbéliard et que la cavalerie et une petite partie de l'infanterie, se déplaçait pour intercepter César et l'attirer au pied de l'oppidum des Mandubiens. A+
Oui, c'est une hypoythèse.
Ce qui me chiffonne c'est que cette "petite partie de l'infanterie" se déplaçait avec les bagages de Vercingétorix.
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Message par B loiseau »

Salut Jost

Oui, ta remarque est pertinente, mais on peut supposer qu'il s'agissait d'un leurre, pour attirer le Jules, du coté de Mandeure. A+
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lionel
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Message par lionel »

Beuillot a écrit :Les alésiopathes ne connaissent pas la trève des confiseurs! :sic:
Elle est finie, ou bien ? :euh:
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Message par jost »

B loiseau a écrit :il s'agissait d'un leurre, pour attirer le Jules, du coté de Mandeure
Je pensais que Mandeure était sur la route à emprunter ?
Du moins cela est présenté de la sorte sur tes cartes.
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obelix
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Message par obelix »

vieux sage a écrit :
obelix a écrit :Voici le trajet des deux armées . Je pense que César a pu vouloir éviter le couloir de la Saône, trop exposé à une attaque directe des gaulois depuis Autun . Pour se faire, il aurait voulu passer par la Suisse qui était un pays conquis depuis quelques années ...

En ce temps-là, le T.G.V. Est n'était pas encore en service (il ne l'est pas encore) : Vu la différence de longueur de parcours, comment dans ce cas expliques-tu que les Gaulois soient arrivés avant les Romains pour établir une embuscade ?
Après s'être regroupés à Autun, les gaulois ont très bien pu s'établir le long de la Saône (entre Auxonne et Gray, par exemple), de façon à intercepter les romains au cas où ils décideraient de choisir l'itinéraire le plus court pour rejoindre la province ... De là, ils se seraient trouvé à une distance plus courte que les romains ...

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Message par obelix »

obelix a écrit :Voici le trajet des deux armées . Je pense que César a pu vouloir éviter le couloir de la Saône, trop exposé à une attaque directe des gaulois depuis Autun . Pour se faire, il aurait voulu passer par la Suisse qui était un pays conquis depuis quelques années ...
On pourrait corriger facilement le parcours des gaulois, puisque si la frontière (fines) entre les lingons et les séquanes est bien la Saône, la rivière citée lors de la bataille préliminaire devrait être l'Ognon . (Pourquoi pas vers Villers-Sexel, là où le Rognon se jette dans l'Ognon ... :saint: )

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Message par vieux sage »

obelix a écrit : Après s'être regroupés à Autun, les gaulois ont très bien pu s'établir le long de la Saône (entre Auxonne et Gray, par exemple), de façon à intercepter les romains au cas où ils décideraient de choisir l'itinéraire le plus court pour rejoindre la province ... De là, ils se seraient trouvé à une distance plus courte que les romains ...

Obé ...


Les Gaulois auraient attendu que les Romains se mettent en route pour aller à leur rencontre.
Le texte de César prête à confusion :
1 - Les gaulois se seraient installés dans trois camps à 10000 pas des Romains.
2 - les Gaulois seraient venus en trois camps (trois étapes) s'installer à 10000 pas des Romains.
La première interprètation ne nous donne pas d'information relative à la durée du déplacement, par la suite César ne parle que d'un camp gaulois unique, il écrit aussi que Vercingétorix partage sa cavalerie en trois.
Si l'on retient la deuxième version,le combat se serait déroulé à environ trois journées de marche du point de concentration initial.
Soit à environ 100 km maximum !
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Message par jost »

vieux sage a écrit :Les Gaulois auraient attendu que les Romains se mettent en route pour aller à leur rencontre.
Le texte de César prête à confusion :
1 - Les gaulois se seraient installés dans trois camps à 10000 pas des Romains.
2 - les Gaulois seraient venus en trois camps (trois étapes) s'installer à 10000 pas des Romains.
La première interprètation ne nous donne pas d'information relative à la durée du déplacement, par la suite César ne parle que d'un camp gaulois unique, il écrit aussi que Vercingétorix partage sa cavalerie en trois.
Si l'on retient la deuxième version,le combat se serait déroulé à environ trois journées de marche du point de concentration initial.
Soit à environ 100 km maximum
Oui 100 km maximum !!!

Et si l’on retient la première traduction, l’on peut se demander : pourquoi 3 camps ?
Trois camps à 10 000 pas de romains ce n’est pas un détail… Ne serait-ce pas en raison de 3 itinéraires possibles vers la Province ? L’un vers le Nord, l’un tout droit et l’autre vers Sud ?
Une fois le trajet connu, Vercingétorix « convocatisque ad concilium » convoque à un conseil les chefs de ses cavaliers. La décision est d’attaquer la colonne romaine en marche.
César précise et fait dire à Vercingétorix « copias se omnes pro castris habiturum » toute l’armée stationnera devant le camp. Les trois camps gaulois ont donc convergé en un seul lieu.
De là 3 corps de cavalerie sont constitués, et César en fait de même.
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Message par vieux sage »

jost a écrit :
Oui 100 km maximum !!!

Et si l’on retient la première traduction, l’on peut se demander : pourquoi 3 camps ?
Trois camps à 10 000 pas de romains ce n’est pas un détail… Ne serait-ce pas en raison de 3 itinéraires possibles vers la Province ? L’un vers le Nord, l’un tout droit et l’autre vers Sud ?
.
Et les trois camps se seraient tous trois situés à 10000 pas ?
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Message par jost »

vieux sage a écrit :Et les trois camps se seraient tous trois situés à 10000 pas ?
Pourquoi pas ?
A partir d'un point, c'est possible. Non ?
Cela veut dire qu'a partir d'un lieu donné, trois routes sont possibles vers la Province.
Comme Vercingétoris ignorait la route que César allait prendre, il place trois camps à 10000 pas. Un fois l'itinéraire connu, deux camps convergent vers le troisième (celui de la route de César)
Voilà pourquoi César préciserait « convocatisque ad concilium » puis de rajouter et de préciser : « copias se omnes pro castris habiturum » c'est à dire toute son armée, donc les 3 camps réunis. Sinon pourquoi écrire " copias se omnes " ?
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Sauf que séparer son armée en trois, ce n'est pas très prudent ... :euh:

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obelix a écrit :Sauf que séparer son armée en trois, ce n'est pas très prudent ... :euh:

Obé ...
AH BON !!!
En sachant les Romains fixés à 16 km ?

De toute façon pour Mandeure tu ne peux pas retenir l’hypothèse (2) de Vieux Sage, en 3 camps = 3 jours
Seule la solution trois camps distincts est possible. Ou alors dis-nous comment tu traduis "trinis castris".
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vieux sage a écrit :
obelix a écrit :Voici le trajet des deux armées . Je pense que César a pu vouloir éviter le couloir de la Saône, trop exposé à une attaque directe des gaulois depuis Autun . Pour se faire, il aurait voulu passer par la Suisse qui était un pays conquis depuis quelques années ...

En ce temps-là, le T.G.V. Est n'était pas encore en service (il ne l'est pas encore) : Vu la différence de longueur de parcours, comment dans ce cas expliques-tu que les Gaulois soient arrivés avant les Romains pour établir une embuscade ?
salut, Vieux-Sage!

Rien dans le texte n'indique que Vercingétorix part de Bibracte pour venir s'établir, en trois étapes, ou dans trois camp, à dix milles pas des romains . On pourrait même penser à la lecture du texte, qu'étant donné la rivalité entre Vercingétorix et les héduens, que le chef gaulois aurait préféré reunir sa future armée en dehors du pays héduen, et en dehors du pays lingon qui est resté fidèle à César . Dans ce cas de figure les gaulois auraient pu se rattrouper en Séquanie, le pays frontalier avec ces deux derniers ...
Constans a écrit : Quand on connaît la trahison des Héduens, la guerre prend une extension nouvelle... ... Ils demandent à Vercingétorix de venir les trouver et de se concerter avec eux sur la conduite de la guerre. Celui-ci ayant consenti, ils prétendent se faire remettre le commandement suprême, et comme l’affaire dégénère en conflit, une assemblée générale de la Gaule est convoquée à Bibracte. On s’y rend en foule de toutes parts. La décision est laissée au suffrage populaire ; celui-ci, à l’unanimité, confirme Vercingétorix dans le commandement suprême. Les Rèmes, les Lingons, les Trévires ne prirent point part à cette assemblée ; les premiers parce qu’ils restaient les amis de Rome, les Trévires parce qu’ils étaient trop loin et étaient menacés par les Germains, ce qui fut cause qu’ils se tinrent constamment en dehors de la guerre et n’envoyèrent de secours à aucun des deux partis. Les Héduens éprouvent un vif ressentiment à se voir déchus du premier rang, ils déplorent le changement de leur fortune et regrettent les bontés de César, sans oser toutefois, les hostilités étant commencées, se tenir à part du plan commun. Eporédorix et Viridomaros, qui nourrissaient les plus hautes ambitions, ne se subordonnent qu’à contre coeur à l’autorité de Vercingétorix...
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jost a écrit :
obelix a écrit :Sauf que séparer son armée en trois, ce n'est pas très prudent ... :euh:

Obé ...
AH BON !!!
En sachant les Romains fixés à 16 km ?

De toute façon pour Mandeure tu ne peux pas retenir l’hypothèse (2) de Vieux Sage, en 3 camps = 3 jours
Seule la solution trois camps distincts est possible. Ou alors dis-nous comment tu traduis "trinis castris".
Sachant que les traductions du B.G. peuvent contenir des erreurs ou des approximations, je penche pour "en trois étapes", comme il est indiqué "en cinq étapes" pour l'épisode concernant gergovie . Maintenant, si tu penses que Mandeure est hors circuit, à cause de ces trois étapes, je viens d'expliquer que rien dans le texte n'indique que la coalition gauloise part de Bibracte .

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Message par Thierry39 »

RIen n'indique non plus que l'armée romaine soit partie de Langres et encore moins qu'elle soit partie vers le nord est pour aller porter secours à la Province.
Tu m'prends t'y pour un idiot, de pas m'être renseigné là-d'ssus ? Un litre de vin chaque midi qu'on a droit ! et la chopine le soir !
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Message par jost »

obelix a écrit :Sachant que les traductions du B.G. peuvent contenir des erreurs ou des approximations, je penche pour "en trois étapes", comme il est indiqué "en cinq étapes" pour l'épisode concernant gergovie . Maintenant, si tu penses que Mandeure est hors circuit, à cause de ces trois étapes, je viens d'expliquer que rien dans le texte n'indique que la coalition gauloise part de Bibracte .
Oui
Pour Gergovie il s’agit de rallier un point donné. Donc une fois l’Allier traversée, César atteint la ville en 5 camps (cinq jours de marches, Constans traduit par quatre étapes).

Dans le cas d’Alésia, c’est un déplacement de troupes qui doit être stoppé. Sur trois positions, à cause de 3 routes possibles, me parait plus logique.
Quant à considérer en 3 jours de marches ? Cela n’a d’intérêt d’être mentionné que depuis un point précis. Le seul qui est donné est Bibracte.
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Message par jost »

Pour Gergovie
VII 36 « Caesar ex eo loco quintis castris Gergoviam pervenit… »
Pervenio = parvenir
Renforcer par ex loco (hors lieu, déporté)
Donc César parvient à Gergovie en 5 camps


Pour Alésia
VII 66 « …circiter milia passuum decem ab Romanis trinis castris Vercingetorix consedit… »
Consido = s’asseoir
César s’installe en 3 camps

C’est clair ! Non ?
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Message par B loiseau »

Salut Jost

Voici ma théorie sur les possibilités qui s'offraient à nos protagonistes.

Reprenons au commencement et cherchons un itinéraire, partant du plateau de Langres (Andematunum) où je pense qu'en toute logique se sont rassemblées avant leur départ les troupes romaines. Même si César ne le dit pas, une chose est sûr c'est qu'il passait par l'extrémité du territoire des Lingons et qu'il allait rentrer en Séquanie. Les troupes se dirigeront vers la Séquanie puis iront chez les Mandubiens. Existe t-il des lieux qui peuvent encore porter la trace du nom des Mandubiens ? Aucun connu ? Seuls les habitants de Mandeure aujourd'hui portent ce nom. Les « Alésia » ou noms approchants par contre sont légions en France, et c’est pourquoi César précise qu’il s’agit de l’Alésia des Mandubiens. Nous n’en ferons pas la liste complète, mais nous pouvons en nommer quelques uns ayant été candidats au titre: Alise, Aluse, aliéze, Alaise, Aloise, Alès, Novalaise, etc. Alésia, ce mot signifie rocher en gaulois, mais pouvait servir à designer une éminence servant d’oppidum refuge.
Il nous faut trouver un lieu étant (encore en -52, ou ayant été) une grande métropole, raisonnablement proche des grandes routes de l’époque, routes suffisamment connues des troupes romaines pour qu’elles s’y engagent sans craintes.
Pour l’armée il ne faut pas avoir à traverser de grandes rivières autrement qu’à gué, donc pour la Saône seule flumine (rivière importante pouvant atteindre la taille d’un fleuve) sur le parcours le plus en amont possible. L’obligation de jeter des ponts aurait été préjudiciable, voire fatal. On se souvient de Bituit l’Arverne défait par les Romains alors qu’il traversait le Rhône et dont le pont, fait de grandes barques enchaînées, avait cédé.
L’itinéraire devait être le plus court possible pour se mettre à l’abri au plus vite, avec l’avantage de limiter les fatigues, les soldats devant être opérationnels dans les plus brefs délais. La route, elle, devait être assez large, en terrain plat, pour ne pas avoir une colonne trop étirée et permettre de se protéger des embuscades. Nous sommes renseignés sur la façon dont se déplaçaient les légions de Jules César en formation groupée pour parer aux escarmouches et protéger les bagages (1).

- Passer, par les portes de Bourgogne (2) et Porrentruy, semble la voie la plus directe. Depuis Rome, elle ouvre l’accès non seulement à la Séquanie mais aussi à toute la Gaule chevelue (3).

- Le col de Joux à Jougne via Vesontio (Besançon) est une autre alternative, chemin un peu plus long mais bien connu, sur des chaussées répertoriées depuis longtemps et la plus aisée d’après Gollut (4).

- Enfin en empruntant le passage du col de l’Ecluse dans l’Ain, César rallongeait son parcours et s’approchait dangereusement du territoire des Eduens et de celui des Arvernes. Dans ce cas de figure il faut prendre les routes plus au sud, sud-ouest de Langres et traverser une Saône plus large.

(1)Brevissimum agmen : En formation la plus courte à dix de front pour l’infanterie quand ils se considèrent en zone insécurisée, l’armée gauloise étant toute proche. Dans ce cas tous les bagages sont rassemblés en fin de colonne avec une arrière garde (R.Machin -ARA p52, et J César GDG Livre II -57 av J-C 18 Bataille de la Sambre « César avait pris les dispositions qui lui étaient habituelles ») César met toujours le plus grand soin à protéger les bagages, la règle avant l’action est de les mettre à l’abri.
(2)Nom donné plus tard à la région de Montbéliard, dont Porrentruy faisait partie ( aussi nommé pays de l’Ajoie ).
(3)Un grand camp romain a été découvert sur le mont Terrible (actuellement Terri), à côté de Porrentruy. Ceci prouve l’aspect stratégique de ce lieu de passage. Les fouilles ont mis à jour une inscription qui dit que Labiénus lieutenant de Jules César, y a séjourné avant d’être envoyé à Vesoul.
(4)Loys Gollut Historien franc-comtois du XVIe siècle



Il avait forcément tout prévu et surtout l’opportunité de changer d’itinéraire au dernier moment, option non négligeable. Il ne fait aucun doute qu’il savait par ses espions que Vercingétorix n’était pas resté les bras croisés et qu’il avait renforcé les défenses d’Alésia, toute proche de n’importe laquelle des routes qu’il pouvait choisir depuis Langres.

Une bataille sur son parcours était prévisible, c’est celle que l’on a appelée « bataille préliminaire ». Pour Vercingétorix les buts de cette attaque ont pu être multiples :

- détruire vivres et bagages des Romains, c’est certain

- semer la pagaille dans leurs rangs, c’est évident

- regonfler le moral de ses propres troupes, probablement

-mettre à l’épreuve et responsabiliser les Eduens, c’est possible

- défaire totalement les légions, c’est illusoire le Gaulois le sait bien

- attirer l’armée de l’Imperator devant Alésia l’invincible ?


Pour ce dernier point, c’est une question qui n’a guère été envisagée, et pourquoi pas ? Cela donnerait un sens plus intelligent stratégiquement à cette première bataille où il n’a pas mis toutes les forces dont il disposait.
Dans la partie d’échecs que se livrent les deux chefs, Vercingétorix sait qu’il n’aura pas le dessus dans une bataille rangée contre des légions aguerries et disciplinées, cet affrontement premier semble un épisode.
On sait par César que les Gaulois savent tirer les leçons de leurs expériences passées, seuls de solides murs avaient permis de résister et gagner à Gergovie. Pourquoi ne pas renouveler la recette à Alésia ? D’où ce choc préliminaire, aux avantages multiples, servant en quelque sorte d’appât.
L’attaque bien montée, frontale en amont, bilatérale plus au milieu de la colonne, pouvait affaiblir l’ennemi de façon considérable : pertes en hommes, vivres, chevaux, bagages.
La tactique redoutable des Germains (10000 recrutés aux cours des deux mois précédents) était de positionner des fantassins au milieu de cavaliers (1), le chef gaulois n’en n’avait pas connaissance. Cette force de percussion fait tout basculer, les cavaliers celtes défaits s’enfuient ( plus de 3000 cavaliers éduens morts). L’armée gauloise est obligée de se replier rapidement et de rejoindre Alésia sans avoir atteint ses objectifs de destruction et d’affaiblissement de l’adversaire.


(1) J César GDG Livre I -58 av J-C 48 Préliminaire de la bataille contre Arioviste. (Chaque cavalier a choisi pour le protéger un fantassin d’une prodigieuse agilité sorte d’ange gardien) et Livre IV-55 2 Mœurs des Suèves, et 12 Les Germains engagent les hostilités (Ils ont de petits chevaux dociles sans selle, descendent de leur montures pour combattre et frappent les chevaux romains par-dessous)




Plusieurs possibilités d'itinéraires:


On peut penser que les troupes romaines rassemblées à Langres ont intégré sur leur route les 10000 cavaliers germains qui venaient du Nord-est. Nous nous appuierons pour envisager son trajet sur les voies romaines connues qui ont certainement repris le tracé d’anciennes routes gauloises de largeur identique.

César a de multiples options pour rejoindre sa destination depuis Langres en passant par l’est :

- Passe-t-il par Bourbonne les Bains, Châtillon sur Saône ? Traverse t-il la Saône frontière naturelle entre Lingons et Séquanes, à Jonvelle ? (gué connu de tout temps avec à proximité un ruisseau nommé la Romaine, de même que des vestiges gallo-romains qui attestent de l’importance de ce lieu de passage antique). C’est là peut être l’extrémité, à l’orient(est) du territoire des Lingons.

- Il peut poursuivre son itinéraire par respectivement Corre, Vauvillers, St Loup-sur-Semouse, Luxeuil, et Lure. Il peut aussi passer par Amance, et rejoindre Luxeuil les bains. Dans ce cas l’armée romaine se dirige tout droit sur le passage de Porrentruy. Mais c’est faire un trajet bien long par le nord-est.

- Un gué sur la presqu’île de Mantoche (vers Gray) est une possibilité de traverser la Saône mais sans route antique importante aux environs immédiats.

- Opter pour Arbecey et franchir la Saône à Port d’Atelier, ayant le choix d’aller à Luxeuil ou Vesoul via Port sur Saône (Portus Abucini) est possible.

- Rejoindre Oiselay par Scey sur Saône par Frettes, Larret, traverser la rivière à Seveux, se diriger sur Besançon est envisageable.

- Passer par le sud vers Gray sans eau et sans route est périlleux, passer par le nord vers Luxeuil rallonge terriblement.


Les autres voies qui s’ouvrent à lui, passent toutes par Vesoul.

1- Vesoul, Besançon direct. Mais en plein été, sans point d’eau important, César a du hésiter à s’y engager.
2- Vesoul, Pont sur l’Ognon, ou Chassey Lés Montbozon, la vallée du Doubs et Besançon, parcours un peu plus long mais sur une voie très connue et surtout riche en eau.
3- Vesoul, Vy-Lés-Lure, Montbéliard, Porrentruy.
4- Vesoul, Chassey Lés Montbozon, ou Pont sur l’Ognon, L’Isle sur le Doubs, Montbéliard ou Besançon.

Vercingétorix pensait que César fuyait en Italie par le chemin le plus court. Si César décide de prendre un itinéraire qui passe par la Séquanie, (ce que confirment les commentaires) c'est-à-dire passer par sa capitale Vesontio pour faire route vers Ariarica (Pontarlier) et prendre le passage de Jougne, en direction de Lausanne, cela oblige Vercingétorix à prendre les devants.
Il positionne les cavaliers en trois corps sur la route des légions de César, un frontal les autres sur chaque flan.
Il lui faut faire barrage de façon efficace pour amoindrir l’adversaire, et peut être le détourner de son objectif de Besançon. Et si la capitale Séquane n’a pas été citée par César alors qu’elle est sur un parcours conduisant tout droit à la Province, c’est qu’il ne l’a pas atteinte.
On peut penser bien que ce ne soit pas spécifié dans les textes que l’attaque se fait pendant le passage d’une flumine, c’est que Vercingétorix veut profiter à cet endroit d’un ralentissement de l’armée romaine au passage d’un gué affaiblissant momentanément une colonne désorganisée. Il lui reste à évaluer le moment le plus opportun : se trouver en face de huit légions et des bagages laissés sans la protection des quatre légions de l’arrière-garde qui en ont normalement la charge, mais qui n’ont pas encore traversé. Détruire les précieux bagages était le premier objectif du Gaulois. C’était bien calculé !
César, lui, connaît bien les dangers d’un tel passage et prend deux mesures de protection ; il engage les cavaliers
germains entre les premières légions qui traversent et prend le soin de remplacer leurs montures fatiguées par leur venue d’outre Rhin par les chevaux frais (deux mois de repos) de la cavalerie romaine.

Cette « bataille préliminaire » où la situer ?


Stratégiquement au passage d’une rivière importante flumine : La Saône ou l’Ognon; Nous savons peu de chose sur le lieu sinon qu’il y a une rivière et une hauteur dominante. Ceci convient à plusieurs sites Vesoul et Pont sur l’Ognon entre autres.

A Pont sur l’Ognon avec les hauteurs de Rougemont et Uzelle et la rivière l’Ognon, ces éléments sont présents. Deux villages, Cubry et Cubrial (1) pourraient avoir leur origine dans la langue gauloise : cobo= victoire, ritu=course à cheval (Dictionnaire de la Langue Gauloise p 120 et 260). Peut-être en mémoire de la bataille de cavalerie et de la poursuite qui s’en suivit. Cela reste une possibilité à confirmer.

Autre hypothèse Vesoul. Avec sa hauteur la Motte, qui domine le pays , la rivière le Durgeon et le lieu dit le Camp de César à Vaivre en Montoille, ce site est en accord avec la description du proconsul.

L’un comme l’autre de ces lieux ne peut en aucun cas être à plus de soixante à soixante-dix kilomètres d’Alésia, un fantassin (2) sur un terrain favorable pouvait très bien parcourir cette distance en une journée et demie d’été, surtout s’il n’était pas encombré de la totalité de son paquetage.

(1)De tout temps un lieu de passage (lieu dit voie de Jules César). Au XIXé Siècle L’archéologue Jules Gauthier a observé un retranchement antique au sud du château de Bournel au moment de sa construction. Les noms de Cubry en 1187 et Cubrial en 1262 dates de leur premières mention n’ont pas changés depuis.
(2)Chiffres avec les mesures de l’époque: Une lieue=4.455 KM, Marche forcée : 8 à plus ou moins 10 lieues /jour = 35.64Km au minimum et 44.54 Km/jour au maximum en fonction de la nature du terrain et de la durée du jour. Ces chiffres peuvent être largement dépassés, avec un équipement minimum, et marche de nuit. De plus le péril motive. Nous avons un exemple de marche forcée dans le livre VIII de GdG quand Jules César assiégeant Gergovie (fin avril -52) va au devant des troupes eduennes avec ses fantassins. Il revient devant Gergovie en effectuant vingt cinq milles en un jour soit environ 38Km, sur terrain accidenté et dans la foulée des deux journées de marche.


Voila j'espère qu'avec cela tu comprendra mieux mon point de vue. A+
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peqa
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Re: Alésia...

Message par peqa »

Excellente analyse de Bloiseau, très convaincante sauf peut être sur un point assez important. Je ne crois pas que les Gaulois ignoraient les techniques de combats des Germains car ils se rencontraient souvent sur des champs de bataille. En revanche les Gaulois ont du être surpris par la présence même des Germains car la situation entre Romains et Germains était une franche hostilité. Les Germains avaient boutés les Romains hors de leur territoire manu militari. Cette alliance est donc surprenante.
Peqa
jost
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Re: Alésia...

Message par jost »

« Déjà on entendait dire que César avait quitté Gergovie, déjà des bruits couraient concernant la défection des Héduens et le succès du soulèvement général, et les Gaulois, dans leurs entretiens, affirmaient que César avait été coupé, n’avait pu franchir la Loire, et, contraint par la disette, avait pris le chemin de la Province… »

« …Alors Labiénus, comprenant, en présence d’un tel renversement de la situation, qu’il devait complètement changer ses plans, songea non plus à faire des conquêtes et à livrer bataille à l’ennemi, mais à ramener son armée saine et sauve à Agédincum… »

Pourquoi Agédincum ?

César VII 62.10
« …Labiénus retourne à Agédincum, où avaient été laissés les bagages de toute l’armée ; puis, avec toutes ses troupes, il rejoint César… » (Constans)
« inde cum omnibus copiis ad Caesarem pervenit.”
Or « pervenit » ne signifie pas « rejoindre » (ce qui pourrait sous entendre un changement de direction), mais « parvenir », donc parvenir « ad Caesarem » à César.

César s’était probablement placé sur l’axe de déplacement de Labiénus.
Labienus croyant César en Province, partait tout simplement sur Rome.
Nous sommes donc sur un axe PARIS-ROME (cet axe passe très précisément par Alise et Chaux des Crotenay), Salins et Eternoz sont légèrement plus au Nord.
Cet itinéraire, le plus direct, longe l’extrême frontière (ouest) des Lingons, et Langres en est bien loin…


Par ailleurs comment peut-on affirmer, pour justifié facilement (facilius), que la route la plus longue, celle qui consiste à traverser toute l’Helvétie, du Nord au Sud, était le trajet le plus sécurisé, ? Il me semble que les Helvètes faisaient partie de la coalition ? Ne fourniront-ils pas 8000 hommes à l‘armée de secours ? Qui aurait empêché Vercingétorix de harceler César tout au long de cette route là ?
"La vérité est une ligne tracée entre les erreurs."
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