Thierry39 a écrit :
Cher Daniel,
Je ne suis pas fermé aux avis qui divergent des miens mais je ne vais pas pour autant changé d'avis. Je ne dis pas que ça n'arrivera jamais mais ça n'est pas une question d'âge. Pierre Jeandot a bien changé d'avis à près de 60 ans.
Concernant Eternoz, effectivement on n'y retrouve pas le "in colle summo" (qui est pour moi relatif à la plaine comme le comprennent tous ceux qui ont essayé de dessiner Alésia : Paladio, Berthier, Le Mire, l'auteur d'Alcibiade Didascaux, etc.) et ce n'est pas un point de détail. Mais il y aurait bien d'autres choses à objecter comme récemment sur le camp nord qui est trop éloigné des lignes (et surtout à l'extérieur de celles-ci) avant que tu ne proposes un autre tracé pour le moins surprenant. Il y a aussi la question du nombre des "duo flumina". Bref, je ne suis pas convaincu par Eternoz. J'espère que ça ne te fait pas de peine mais, même après avoir vu Eternoz, je reste sur Salins.
Thierry
Cher Thierry,
Nous nous sommes mutuellement tous trouvés sympas et il est maintenant difficile de se contredire...
Nous avons tous un point de vue différent, aussi les critiques que nous formulons ne vont pas contre la personne mais à l'encontre des sites proposés.
Il est de fait qu'il n'y a que moi qui ne situe pas la colline au-dessus de la plaine et c'est vaisemblablement pour cette raison que le site est resté ignoré de tous les chercheurs qui sont venus ici à Alésia.
"La plaine de 3.000 pas se trouve à l'EST de la colline couronnée par l'oppidum, et le flanc oriental de celle-ci est moins raide que les autres flancs." écrit le Colonel Henri Le Mire dans "Alésia en Séquanie", page 58.
Je ne comprends pas que l'on puisse écrire cela et être en même temps défenseur du site de Salins.
Le colonel Le Mire a-t-il été enrôlé post-mortem dans l'ASHPS ?
Quand aux croquis de Palladio ils illustrent parfaitement le site d'Eternoz, le grand architecte ne place pas l'oppidum au-dessus d'une grande hauteur. N'ayant pas vu le site il ne pouvait pas être plus précis.
Cela ne me fais pas de peine que tu restes ancré sur tes positions, je trouve seulement qu'en défendant un site qui en plus de quarante ans n'a pas été reconnu et ne pourra jamais être reconnu, tu retardes la découverte de la vraie Alésia.
Les critiques de Salins à l'encontre de CHAUX et de CHAUX contre Salins sont (vice-versa) empreintes de bon sens.
Mais les critiques contre le site d'Eternoz ne sont pas étayées.
Notamment à propos des camps de la colline du Nord
"Les camps de Réginus et Rébilus sont trop éloignés des lignes", dis-tu ?
Voici ce que j'écris dans "Alésia le sacrilège de César" (épuisé).
<< Le château d'Amondans correspond parfaitement aux descriptions de César : le terrain est défavorable et légèrement en pente - iniquo loco et leniter declivi, comme il est dit au chapitre 83 -, de la Grande Côte (526 m), au camp d'Amondans (481 m).
Cet endroit est assez vaste pour y établir un ou deux camps de 50 hectares ou plus. Les Romains n'ont pas occupé le sommet de la Grande Côte. C'est de là que les 60.000 hommes de Vercassivellaunos déferlèrent sur le camp des deux légats.
VII, 86 : "Lorsqu'il en a CONNAISSANCE (il ne voit donc pas le camp nord), César envoie Labiénus avec six cohortes au secours de ceux qui sont en difficulté ; il lui donne l'ordre, s'il ne peut tenir, de replier les cohortes et de faire une sortie, mais seulement à la dernière extrémité." VII, 87 : "Labiénus rassemble trente-neuf cohortes qu'il eut la chance de retirer des garnisons voisines, et il ENVOIE des messagers pour informer César."
César se rend lui-même auprès des autres combattants. Les Gaulois enfermés dans la place, désespérant de forcer les positions de la plaine, tentent l'escalade des loca praerupta = précipices, pentes escarpées."
Pour tenter une jonction avec les hommes de l'armée de secours, les assiégés descendent par le chemin qui conduit à Chiprey ; ils tentent d'escalader les pentes sur la rive droite de la Vau de Coulans à l'endroit où la falaise s'interrompt. Sous une grêle de traits ils délogent les défenseurs des tours, ils comblent les fossés avec de la terre et des fascines, ils arrachent la palissade et le parapet.
VII, 87 : "César envoie le jeune Brutus avec six cohortes, puis son légat Caïus Fabius avec sept autres ; à la fin la lutte devenant plus vive, il amène lui-même des troupes fraîches. César, ayant rétabli le combat et refoulé l'ennemi, ordonne qu'une PARTIE DE LA CAVALERIE LE SUIVE, il prend
quatre cohortes et se dirige par les pentes ( César n'écrit pas qu'il traverse les gorges d'une rivière) vers l'endroit où se trouve Labiénus."
Sur ordre de César,
l'autre partie de la CAVALERIE contourne les retranchements extérieurs (Il s'agissait vraisemblablement de la cavalerie installée au Camp Cassar), elle descend par le Val de Norvaux et rejoint le Hameau du fromage au-desus de Cléron. >>
Toutes ces informations de César nous montrent bien que les camps des deux légats sont éloignés des lignes qui sont dans la plaine.
De plus César nous dit au § 83,7 : "Vercassivellaunos sorti du camp à
la première heure et ayant PRESQUE achevé son mouvement au lever du jour." Cela nous indique qu'il a fallu plus d'une nuit pour faire le trajet entre le camp de l'armée de secours et les camps des deux légats.
Le déroulement de ce grand mouvement de troupes va à l'encontre du site de Salins ! IRREFRAGABLE, mon cher Thierry.