Message original: Thierry39
j'accuse
Tu me rappelles quelqu'un, toi.
Pour terminer, je dirai que ce qui justifie le système de santé et de retraite c'est la fraternité parce que la France est une Nation, belle idée et invention de la Révolution de 1789, c'est maintenant devenue un gros mot, c'est dommage.
I do plussoy. J'ai trop entendu, dans des services d'urgences, des gens qui venaient "pour une radio du genou" (ça, ça m'énerve d'emblée : on ne vient pas pour un radio du genou mais parce qu'on a mal au genou, ça m'a régulièrement démangé de donner leur radio aux gens accompagnée d'un "oualà, au-rouâre"). Je ne vous cache pas que ces gens viennent le dimanche aprèm' quand fait pas beau, et qu'ils ont mal au genou depuis 10 ans. "Pourquoi venez-vous maintenant?" "La semaine, j'ai pas le temps." Réponse beuilloïde: "Vous faîtes vos courses le dimanche? Vous allez au garage le dimanche? Chez le coiffeur?" Ce ne sont heureusement pas ces gens-là qui représentent la majorité des consultants aux urgences.
L'autre argument qui me fait bondir, quand on apprend à un "patient" qu'une radio le WE coûte 2 fois plus cher qu'en semaine, c'est le classique "Ouais, ben moi, ça fait 20 ans que je cotise et qu'eu chuis jamais malade, alors faudrait songer au retour sur investissement!"
Réponse beuillomorphe : "vous préférez être dialysé trois fois par semaine ou être paraplégique, et donc être un parasite pour la société?"
Effet immédiat.
Bon, y a plein de trucs dans vos échanges sur lesquels j'aimerais rebondir, mais ça me prendrait 12 pages (et l'beuillot est assez saoûlant comme-ça).
Moulinette, je dirais que, malgré toutes tes bonnes intentions et les bémols que tu rajoutes à tes coups de gueule, tu vires parfois dans les considérations de comptoir de restau-routier (ne le prend pas mal, tu sais que je t'

). Simplement, moi qui vis dans une région privilégiée au niveau de l'emploi, et qui ai un cercle d'amis d'un diamètre impressionnant (du chercheur en économie au mec qui n'a aucun diplôme en poche, du cameraman au maître-nageur, du PDG au phytothérapeute en herbe (

)), je constate que "y'a du boulot, y' a qu'à vouloir" n'est pas vrai. Parmi les catégories professionnelles citées ci-dessus, celle qui apporte le moins de réponses est bien sûr "aucun diplôme en poche". Il s'agit d'un ami, algérien d'origine (oui, il cherche les ennuis), prêt à accepter N'IMPORTE QUOI pour vivre et qui, pourtant, est régulièrement à la limite de la précarisation. Un autre ami des nôtres est responsable d'un agence Addeco et, malgré ce piston, les opportunités sont rarrissimes.
Je ne m'étendrai pas outre-mesure sur la situation des hôpitaux français, qu' une énorme majorité de médecins étrangers fait tourner, venus de pays dont la situation est tellement catastrophique qu'ils préfèrent se faire exploiter ici. Les médecins français, eux, ne sont pas prêts à bosser 70h/semaine pour 2000€/mois.
De façon inversée par rapport à l'industrie, la médécine française se délocalise.
J'ai effectué un bref stage comme externe dans un service de chirurgie gynéco-obstétrique il y a une quizaine d'années. La loi française stipule que toute femme enceinte de moins de 12 semaines d'aménorrhée (arrêt des règles) a droit à une IVG si elle la souhaite. La même loi précise qu'aucun médecin n'est tenu de pratiquer cet acte si celà va à l'encontre de ses convictions éthiques, philosophiques, religieuses, etc... Or, la pratique faisait que les gens astreints à cette tâche peu valorisante étaient des internes arabes, généralement musulmans, dont les croyances et les principes allaient totalement à l'encontre de ce genre de pratique. Imaginnez l'ambiance.
T'es pas bien chez nous, Rachid? La porte est grande ouverte. Et quel Gérard va remplacer Rachid?