obelix a écrit :Les gaulois ont très bien pu abattre la majeure partie du bétail et le conserver séché, salé ou fumé . On sait que les séquanes étaient réputés pour leurs salaisons .
Votre remarque sur
pecus est tout à fait exacte... mais à quantité de viande produite équivalente, les quantités de nourriture et l'espace nécessaire d'une espèce à l'autre ne varient pas énormément: c'est bien davantage ce qu'elles mangent qui change. Et le fait que les gaulois transportait tout par chariot à bœuf donne un indice supplémentaire pour une estimation à peu près cohérente basée sur cette espèce... mais qui reste une simple estimation.
Sinon, la salaison, ça demande 2kg de sel par kg de viande et l'ensemble doit être maintenu à 4°maxi pendant plusieurs semaines... pourquoi croyez vous qu'on tuait le cochon en hiver, dans nos campagnes? Même si le siège avait eu lieu en hiver, pour les 6000 vaches gauloises de l'estimation, de 200kg chacune, il aurait fallu plus de mille tonnes de sel...est-ce bien raisonnable ?
Le séchage demande aussi du temps et un climat sec et beaucoup de place... à moins de le faire par fumage, effectivement... mais cette opération demande de bonnes réserves de combustible et une sacrée logistique... il aura bien fallu couper, fendre, apporter, stocker tout ce bois et entretenir les feux: pour les quantités dont on parle, ça veut dire du monde qui s'en occupe pratiquement 24h/24... chaud! Ah, il faut aussi un léger temps de salage préalable.
Ceci dit, la place nécessaire pour le bétail, on peut sans doute la réduire...pas au point de caser tout le monde sur le Mont Auxois, cependant, je vous rassure. On est en fin d'été et il n'est pas impossible qu'on dispose de stocks de foins, initialement prévus pour l'hivers, sans doute... mais c'est la guerre! Ensuite, vu le nombre de bouche à nourrir, et les circonstances, on a probablement consommé au fur et à mesure qu'on abattait. Au moment de la discussion, le cannibalisme est envisagé comme une solution ultérieure de dernier recours. On a seulement plus de blé...mais si l'on expulse les mandubiens, c'est forcément pour prolonger l'utilisation de ce qu'il reste à manger par ailleurs, en réduisant le nombre de bouche à nourrir: donc, il reste des choses à manger... A priori tout ce qui n'est pas céréale est imaginable (viande sur pied et légumes) sinon, pourquoi César se serait-il contenté de parler du manque de blé?
D'un autre coté, le fait qu'expulser les Mandubiens ( en fait, tous les non-combattants) soit une mesure suffisante pour envisager de tenir un peu plus longtemps donne a penser qu'ils représentent un contingent non négligeable parmi les assiégés: on ne parle sans doute pas simplement de centaines ni même de milliers de personnes. Donc, nos estimations basées sur la ration quotidienne pour 80.000 guerriers, même s'il en est mort quelques un depuis le début du siège, sont plutôt probablement inférieures à la réalité.