jost a écrit :Yannos a écrit : - elle est enclavée entre des collines intermissam collibus (BG,VII,70).
Pouvez-vous nous expliquer comment"intermissam" singnifie "enclavée ? Nous ne demandons qu'à comprendre.
Yannos a écrit :Enclavée entre des collines... plutôt qu'entourée de collines... oui je suis d'accord, c'est une variation de vocabulaire qui pêche par manque de neutralité.

Là encore vous n'expliquez, ni analysez le verbe "intermitto".
POurquoi enclavée, plutôt que entourée, et pourquoi pas "mis entre" ?
Quelle portée donnez-vous à "inter" ?
Y a-t-il continuité ou interruption ? si oui, aux extrémités ou dans la chose même ?
Enclavée entre des collines n'est effectivement pas une traduction
stricto sensu de "intermissam collibus": c'est une déduction, faite par Berthier suite à la confrontation des indications topographiques et stratégiques contenues dans le BG
Par contre, le choix "entourée de collines" pour "
intermissam collibus" relève de la logique pure:
1/ logique linguistique: "
intermissam" est l'accusatif féminin singulier de "i
ntermissus", participe passé de "
intermitto"... me demander quelle portée j'y donne à "
inter" est aussi pertinent que si je vous demandais quelle portée vous y donnez à "
mitto"!
La bonne question serait peut être plutôt de savoir quel sens donne César à "i
ntermitto":
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intermisso loci spatio inter cohortes, BG V, 15, 4 : y'a-t-il un espace entre les cohortes ou des cohortes au milieu de cet espace ? Les traducteurs autrement plus chevronnés que nous votent unanimement pour l'espace entre les cohortes... Plaine entre les collines 1- collines dans la plaine 0
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cum viginti quinque cohortibus magnoque equitatu contra hostem proficiscitur et mille passuum intermisso spatio castra communit, BG. VI, 7, 4 : "il marche à la rencontre des ennemis avec vingt-cinq cohortes et une nombreuse cavalerie et installe son camps"...à une distance de mille pas entre lui et les ennemis où au milieu de ces ennemis sur une distance de mille pas ? Même unanimité des traducteur! Plaine entre les collines 2 - collines dans la plaine 0
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Castris ad eam partem oppidi positis Caesar, quae intermissa flumine et a paludibus aditum, BG VII, 17, 1 : César installa son camps du coté de la ville qui était libre ....entre celle-ci et le fleuve et les marais... ou au milieu du fleuve et des marais? Pas une traduction étayant la seconde option! Plaine entre les collines 3 - collines dans la plaine 0
- et donc "
in ea planitie, quam intermissam collibus tria milia passuum in longitudinem patere", BG VII, 70, 1 : "Dans cette plaine qui s'ouvrait sur une longueur de 3000 pas"..."entre des collines" ou " avec des collines au milieu" ?
Visiblement, César situe la plaine dans un intervalle entre des hauteurs qui la bordent. Et 1, et 2, et 3-0 !
Mais les 3000 pas in longitudinem se rapportent à la plaine, sujet principal de patere, et pas à l'intervalle... faute d'une conjonction pour nous dire qu'il faut surseoir à cette règle de base et attribuer les 3000 pas à l'intervalle. la plaine fait 3000 pas de long et prend place dans un intervalle entre des hauteurs, intervalle dont les dimensions ne sont pas précisées... mais forcément inférieur à la longueur de la plaine...sinon, César aurait parlé de largeur de la plaine.
2/logique topographique: deux rivières bordent l'oppidum, il n'y en a plus qu'une dans les parties basses de la plaine au moment d'en dévier une partie pour mettre en eau l'un des fossés... elles ont donc formé un confluent après avoir longé chaque coté de l'oppidum et se sont rejointes devant lui, pour ne plus constituer qu'un
flumen qui baigne les partie basses de la plaine, laquelle est donc son bassin de réception, imposant une forme triangulaire à la partie de l'oppidum qui fait face à la plaine. Cette plaine est barrée par les fortifications romaines, à une distance cohérente avec la longueur des lignes d'investissement donnée par César, lesquelles y font forcément face à l'oppidum: entre ses lignes, César a installé son camps en position favorable... et il y reste malgré tout de la place, coté extérieur des lignes romaines, pour une bataille de cavalerie contre 8000 cavaliers gaulois qui "couvrent toute la plaine"... comme on imagina mal qu'il couvrissent toute la plaine, y compris l'espace occupé par les lignes romaines et le camps de César, on est bien obligé de conclure que ce "toute la plaine", désigne l'espace laissé libre en arrière, entre les défenses césariennes et l'extrémité de la plaine. César précise que l'armée de secours c'est établie sur une colline en retrait des lignes romaines à 1000 pas de celles-ci et que de tous les camps qui occupaient les crêtes de chaque coté de la plaine, les soldats romains avaient une vue plongeante sur la scène. Et la longueur de cette plaine, c'est trois mille pas,
tria millia passum in longitudinem, répétée trois fois par César!
3/ logique stratégique: sauf l'attaque du camps Nord, l'armée de secours n'a attaqué que coté plaine... donc, soit les gaulois étaient des crétin barbares qui ne connaissaient que le foncer dans le tas droit devant, soit la topographie leur interdisait de profiter de leur large surnombre pour encercler les romains et distendre leurs effectifs défensifs en multipliant les fronts. Tous les militaires et tous les joueurs de Rome Total War savent que 250.000 guerriers répartis par paquets de 50.000 sur 5 fronts auraient submergé les romains en deux coup de cuillère à pot, malgré les défenses formidables mises en place, dans 100% des cas... de même s'ils avaient pu attaquer à 250.000 sur un front long de 3000 pas! Pourquoi n'attaquer d'abord qu'avec 8000 cavaliers en gardant 242000 fantassins en réserve? Parce que rien que 8000 cavaliers suffisent à couvrir l'espace qui reste libre et qu'il n'y reste plus de place pour y caser les fantassins. Pourquoi 250.000 guerriers gaulois chevronnés, n'ont pu submerger 60.000 à 70.000 romains malgré trois tentatives? Parce que la largeur du front autorisée par la topographie et les positions romaines ne permettaient pas d'exploiter ce surnombre.
Comme César nous décrit bel et bien un alignement oppidum puis plaine de 3000 pas, coupée par la contrevallation, le camp de César et la circonvallation libérant encore un espace suffisant pour un combat de cavalerie que 8000 cavaliers suffisent à couvrir puis l'armée de secours, installée sur une colline à mille pas de la circonvallation, le tout bordé de part d'autre par des camps romains d'où la vue est plongeante sur la plaine; Comme l'armée de secours à vue ses capacités d'action entravée par la topographie, limitant ses possibilités d'attaque à deux fronts (plaine et camps Nord) et encore, au prix d'une marche nocturne pour le second, au point d'annuler son avantage numérique écrasant; quelle autre configuration pourrait donc convenir qu'une plaine de faible largeur enclavée entre des hauteurs, démarrant au pied de l'oppidum pour se refermer 3000 pas plus loin, dans le prolongement de celui-ci ?