
Plusieurs centaines d'éleveurs de moutons et de chèvres se sont insurgés à Berne contre la protection du loup.
Selon eux, le «concept loup» est un échec.
Berne, c'est un peu la ville à la campagne. Le marché aux fleurs et aux légumes organisé chaque mardi devant le Palais fédéral illustre la permanence du lien qui unit citadins et paysans.
C'est aussi ce lien que plusieurs centaines d'éleveurs de moutons et de chèvres, venus de toute la Suisse, ont cherché à ranimer en manifestant hier sur la Place fédérale.
Ils étaient 800 selon les organisateurs. Entourés de quelques-unes de leurs bêtes, ils se sont insurgés contre la protection du loup.«Elle ne doit pas passer avant celle des animaux de rente», souligne German Schmutz, président de la Fédération suisse d'élevage ovin.
La manifestation était aussi organisée par la Fédération suisse d'élevage caprin et l'Association de défense contre les grands prédateurs.
Choc des images
Des photos montrant des animaux à moitié dévorés expliquent la mobilisation des éleveurs. Cet été, les loups ont élargi leur terrain de chasse à dix cantons et fait quelque 200 victimes parmi les petits ruminants.
L'apparition de meutes pourrait encore aggraver la situation.
Pour les manifestants, les indemnités ne résolvent pas le problème car une attaque de loup anéantit d'un seul coup un travail zootechnique de longue haleine.
Sans compter l'horreur de découvrir des cadavres déchiquetés!
La date de la manifestation ne doit rien au hasard.
Une session parlementaire s'ouvre la semaine prochaine et les éleveurs espèrent que les Chambres feront bon accueil à plusieurs interventions parlementaires qui réclament la levée de la protection du loup ou du moins une réduction de son niveau de protection.
Le Conseil fédéral a déjà répondu à certaines d'entre elles en témoignant d'une timide ouverture.
Dans ses réponses aux motions des conseillers nationaux Oskar Freysinger (UDC) et Roberto Schmidt (PDC), il s'oppose certes à la dénonciation de la Convention de Berne qui protège le loup mais il se dit prêt à défendre une réduction de son niveau de protection et à réviser l'ordonnance sur la chasse pour donner davantage de compétences aux cantons.
Les deux parlementaires étaient hier les orateurs vedettes de la manifestation. «Vous me pardonnerez en tant que Valaisan de souffrir d'un syndrome du loup», s'est exclamé Roberto Schmidt. «C'est en Valais que le dernier loup a été tué en 1947 et c'est aussi en Valais qu'il est réapparu en 1995!» Selon lui, le concept loup développé par la Confédération a montré son inefficacité.
«Le loup n'est plus une espèce menacée. Il n'a pas sa place en Suisse.»
Pour Oskar Freysinger, la Confédération a fait une bêtise en signant la Convention de Berne qui protège la faune et la flore sans prévoir une réserve pour les grands prédateurs.
«Dans beaucoup de pays, cette convention n'est plus respectée mais les Suisses veulent toujours jouer les bons élèves.» Ironisant sur une ordonnance fédérale qui réglemente dans le détail les conditions de détention des animaux de compagnie, il constate que la Confédération protège moins bien les moutons que les hamsters et les poissons rouges.
Les éleveurs de moutons et de chèvres espèrent quant à eux renouer le dialogue avec l'Office fédéral de l'environnement. Ils veulent notamment être mieux représentés dans les instances qui définissent la politique du loup.