Émotion et simplicité pour l'hommage au docteur Jean Michel

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Thierry39
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Émotion et simplicité pour l'hommage au docteur Jean Michel

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Article du mercredi 23 avril 2008


Émotion et simplicité pour l'hommage au docteur Jean Michel

Le silence de l'auditoire était palpable, hier matin, lorsque Raymond Aubrac a témoigné de sa rencontre avec le médecin résistant, pendant la cérémonie en l'honneur du centième anniversaire de sa naissance.


Des mots simples pour raconter des événements devenus légendaires dans l'histoire de la Résistance française. Ses mois de fuite, avec sa femme Lucie, enceinte, et leur petit garçon de deux ans, entre le Rhône, l'Ain, et le Jura. Les semaines passées cachées à Villevieux, grâce à la protection de la population et des trois soeurs Bergerot. Et grâce aux soins du docteur Michel.
« Ma femme était enceinte, presque à terme, se souvient Raymond Aubrac. Le docteur Michel a joué un rôle important. Il l'a soignée pendant un mois. Lorsque il a fallu s'enfuir vers Londres, quelques heures avant le décollage près de Bletterans, il a donné un traitement à Lucie pour retarder l'accouchement. Et il m'a donné des ciseaux et du fil, au cas où. C'est la dernière fois que j'ai vu le docteur Michel. » L'évasion de la famille Aubrac a eu lieu dans la nuit du 8 au 9 février 1944. Le docteur Michel serait assassiné deux mois et demi plus tard par les Allemands, pour avoir soigné l'auteur d'un attentat contre la Gestapo. Plus de soixante ans après, Raymond Aubrac confie son émotion de voir un lycée porter le nom de ce camarade.

« Les Résistants étaient
des désobéissants »
Pour Raymond Aubrac, le docteur Michel fait partie de ces Français qui n'ont suivi que leur conscience, soignant des maquisards qu'il ne dénoncera pas, en connaissant les risques encourus. Lors de sa rencontre avec les élèves plus tôt dans la matinée, l'homme d'histoire avait d'ailleurs insisté sur le fait que les Résistants étaient des « désobéissants ». « Je n'ose pas le dire aux professeurs, taquine-t-il, mais il faut aussi apprendre aux élèves à désobéir. Désobéir à des règles qu'on n'accepte pas mais obéir à ce qui nous semble juste et important. »
Les élèves, un peu timides et impressionnés, se sont intéressés aux motivations des Résistants et à leur expérience de la peur. Leur invité expliqua donc avec clarté et humour cet engagement, qui avait débuté simplement, par quelques graffitis et tracts distribués pour protester contre la situation dans laquelle se trouvait la France en 1940. Et en tant qu'ancien commissaire de la République, ayant participé à la reconstruction de la France et à la mise en place de ses institutions, Raymond Aubrac est très concerné par l'actualité.
« Quand on a établi le programme de la Résistance, avec par exemple la Sécurité sociale, la France était très pauvre, souligne-t-il. Je ne comprends pas ce qui se passe actuellement. Je suis choqué qu'on parle de diminuer les allocations familiales, de revenir sur certains acquis alors que la France est plus riche qu'après la guerre. »
Canne à la main et cape verte sur l'épaule, Raymond Aubrac continue de promener son regard engagé sur notre monde, et reste comme son épouse un inlassable passeur de mémoire.

Les femmes sortent de l'ombre

Les Résistants étaient aussi des Résistantes. Souvent moins connue, leur action dans la région est en ce moment à l'étude par l'Association des anciens combattants de la Résistance (ANACR) et les Amis de la Résistance. Dans le Jura, les trois soeurs Bergerot ont été des figures importantes, en hébergeant des dizaines de résistants à Villevieux, comme la famille Aubrac pendant plusieurs semaines avant leur fuite à Londres en février 1944. De nombreuses jeunes femmes ont également participé à l'histoire de l'hôpital des Crozets, éphémère centre chirurgical qui fut constitué dans le village en août et septembre 1944 lors des derniers combats qui chassèrent les troupes nazis du sol français. Carmen Tournier, 82 ans, y fit ses débuts d'infirmière avant de commencer ses études et sa carrière à Paris. Elle était présente à la cérémonie et a pu évoquer son expérience avec son camarade Raymond Aubrac.
Le film de Jean-Paul Salomé, « Les femmes de l'ombre », sortie en mars dernier, rendait hommage à ces femmes résistantes.


L'hommage a donné lieu à une réflexion sur la transmission de la mémoire

Trois membres de la famille du docteur Jean Michel étaient présents, hier, à l'hommage organisé par le lycée près duquel il vivait et fut arrêté : sa belle-soeur Andrée Michel, et deux nièces, Françoise Halba et Bernadette Gouin. Celle-ci a connu son oncle, qui fut assassiné alors qu'elle avait 12 ans. « Je me souviens très bien de la période de sa mort. C'était horrible, confie-t-elle après la cérémonie. Nous n'avions pas de nouvelles depuis plusieurs jours. Je suis rentrée de l'école, et j'ai vu tout le monde pleurer. Quand j'ai appris sa mort, ce fut un énorme choc ». Un choc qui traumatisera toute la famille des années durant, et imposera le silence. « Nous ne parlions pas de mon oncle, explique Françoise Halba, qui est née après la guerre.
C'était trop douloureux pour mes parents. Mais les gens de l'extérieur l'évoquaient. Vers l'adolescence, je me suis mise à poser des questions, et j'ai découvert son histoire. Nous découvrons d'ailleurs encore des choses ».
Ce silence, Vincent Compagnon le connaît bien. Cet ancien élève du lycée Jean Michel est en master à l'université de Montpellier et réalise un mémoire sur les trois lignes de démarcation qui traversaient le Jura. « Ce fut très difficile pour nos parents de savoir ce qui c'était passé pendant la guerre, explique-t-il. Les souvenirs étaient trop douloureux à évoquer. Mais aujourd'hui, pour les petits-enfants, la parole se libère. Les anciens savent qu'ils sont les derniers témoins et ils ont besoin de transmettre ».
Et les jeunes sont réceptifs. Bernadette Gouin a apprécié la curiosité des jeunes élèves du collège Briand qui ont réalisé un film sur son oncle. Et preuve vivante, Cécile, Gaëlle et Margot, élèves de première, participantes du concours national de la Résistance, ont lu un poème à la cérémonie.
« C'était une période terrible, déclare Gaëlle. Il fallait beaucoup de courage pour résister. »
«Sans eux nous ne serions peut-être pas là, libres, aujourd'hui. » conclut Cécile.
Tu m'prends t'y pour un idiot, de pas m'être renseigné là-d'ssus ? Un litre de vin chaque midi qu'on a droit ! et la chopine le soir !
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