Son master en technologies agroalimentaires en poche, Dimitri Morin est parti travaillé dans des grandes entreprises industrielles (William Saurin puis Justin Bridou), mais l’épanouissement professionnel n’était pas au rendez-vous. Le jeune homme et sa compagne Lucie avaient en tête de créer leur propre micro-brasserie depuis leurs études. A l’époque, Dimitri découvre l’univers des brasseurs, « un milieu qui m’a tout de suite intéressé ». Puis il a l’opportunité d’acquérir le matériel qu’il stocke en attendant de trouver un local. Vivant en Ardèche, le couple trouve finalement une maison à Nancray, le pays de Dimitri.
Démarrage prometteur
Le 13 décembre, Dimitri Morin a donc commencé la fabrication de bières artisanales dans cette ancienne menuiserie située Grande rue. Ouverte du mercredi au samedi de 16 h à 19 h, la microbrasserie est devenue un lieu de rendez-vous pour les amateurs de bonnes bières blonde, ambrée ou brune. Dimitri Morin a même obtenu la licence autorisant la consommation sur place.
Déjà le comptoir est installé et permet aux clients de déguster avant de repartir avec leurs bières.
« J’envisage d’en produire entre 15 000 et 20 000 l par an, c’est suffisant pour en vivre. » Le démarrage s’annonce en tout cas prometteur, mais le jeune homme garde la tête froide. « Je suis plus que content, mais j’essaie de ne pas trop m’enflammer… Ce peut être l’effet nouveauté. Je n’ai pas envie que ce soit un truc éphémère, mais que ça s’inscrive dans la durée et que les gens se souviennent qu’il y a une brasserie à Nancray. »
Dimitri Morin bénéficie également d'un marché de la bière artisanale qui a le vent en poupe. "Nous sommes 16 ou 17 brasseurs en Franche-Comté, ce n'est pas un marché concurrentiel". Depuis une dizaine d'années, les micro-brasseries reviennent sur le devant de la scène. Les grandes brasseries comme Heineken et Kronenbourg ont par contre perdu des volumes.
Faire vivre le village
Des bières artisanales dont le goût n'est pas standardisé et qui sont carbonatées naturellement, "c'est toute la différence entre la bière industrielle et la bière artisanale".
Actuellement, Dimitri Morin vend donc la Doubs blonde et la Doubs ambrée. Il met au point une brune, la Doubs loureuse, qui sera plus forte en amertume et plus alcoolisée. Cet été, il sortira une blanche, la Doubs soeur blanche, avant Noël la Doubs doune, et au printemps la Doubs biste. "J'utiliserai pour ces trois-là des produits locaux : du blé et du miel (pour la bière de printemps) de Nancray. Je cherche à travailler sur des réseaux courts pour ce type de produits".
Le jeune brasseur a aussi envie de faire vivre son village et fourmille d'idées. Il a ainsi l'intention de lancer en mai ou en juin un concours où tous ceux du village qui le souhaitent pourront venir avec leur spécialité (macarons, gâteaux, meringues...). "Je suis sûr qu'on peut avoir au moins 100 produits différents". Une façon plus conviviale, à l'heure d'Internet et des réseaux sociaux, de créer du lien entre les habitants. "C'est aussi pour ça que j'ai quitté le monde industriel. Maintenant j'ai aussi du temps pour cogiter sur d'autres choses et faire la différence par l'ingéniosité plutôt que par la compétitivité".
Florence Mourey, le 05/02/2011
Procédés de fabrication
La bière est fabriquée à partir de quatre matières premières :Les sucres fermentescibles et non fermentescibles sont extraits de l'orge trempé dans l'eau et chauffé pendant 1h30 à 2h à 50-70°C par brassage automatique.
- l'eau "ici, c'est une eau de source qui vient de la Loue", précise Dimitri Morin ;
l'orge, la céréale la plus utilisée qui provient d'une malterie belge ;
le houblon, plante aromatique
les levures, qui permettent de transformer les sucres en alcool et en gaz carbonique.
La résine de houblon se diffuse à partir de 100°C, elle est de deux types, amérisant et aromatique. Elle apporte une touche particulière à la bière en fonction de ce que le brasseur veut. "La recette est propre à chaque brasseur en fonction de la variété et de la température".
Ensuite, la bière est refroidie et mise en cuves de fermentation pendant environ cinq jours durant lesquels les levures se transforment en sucres.
Après, le liquide reste dans la cuve, c'est la garde, et décante sur une semaine.
Puis on passe à la mise en bouteilles. La bière fermente encore en bouteille pendant 10 à 15 jours.
Un petit dépôt naturel se forme et le gaz carbonique se fait naturellement.