Bourgades comtoises.

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Le riolu
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Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Je remets pour vous encourager à écrire sur vos villages ou villes : Allondans.

Allons dans les champs dit le paysan.
Allons dans les cieux dit l’alouette.
Allons dans le ciel dit le vent.
Allons dans le vent disent les nuages.
Allons dans les champs dit la pluie.
Allons dans les rivières dit la goutte d’eau.
Allons dans la mer dit la rivière.

Allons dans les champs dit le paysan.
Allons dans les chemins dit le routard.
Allons dans les trous disent les cailloux.
Allons dans le lointain dit la route.
Allons dans les rues disent les voitures.

Allons dans les champs dit le paysan.
Allons dans les oreilles disent les chansons.
Allons dans les bouches disent les mots.
Allons dans les yeux disent les paysages.
Allons dans le cœur dit l’amitié.
Allons dans la tète dit l’amour.
Allons dans la dot dit le mariage.

Allons dans les champs dit le paysan.
Allons dans l’église dit le curé.
Allons dans le baptistère dit le prètre.
Allons dans l’école dit l’instituteur.
Allons dans la mairie dit l’élu municipal.
Allons dans les impots dit le controleur.
Allons dans la prison dit le gendarme.

Allons dans les champs dit le paysan.
Allons dans les bois dit le bucheron.
Allons dans les jardins dit le maraicher.
Allons dans les prairies dit l’éleveur.
Allons dans la rivière dit le pècheur.
Allons dans l’atelier dit le menuisier.
Allons dans les jardins dit le maraicher.

Allons dans les champs dit le paysan.
Allons dans la danse dit la jeune fille.
Allons dans le mariage dit la fiancée.
Allons dans la maison dit l’épouse.
Allons, dans ton travail dit la femme.
Allons dans la vie dit la maman.
Allons dans mon lit dit la maitresse.
Allons dans la tombe dit la mort.

Allons dans les champs dit le paysan.

le riolu


Ce traje ouvert à tous n'a pas de péage.
Il ne m'appartient pas.
Tout un chacun peut y mettre ses godillots, escarpins, chaussons, voire chausettes :héhé: tongues, tatanes ou sabots.
J'y mettrai d'autre vies.
Parler beaucoup est une chose, parler à bon escient en est une autre.
Sophocle.
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Moblot
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Moblot »

Bon, je t'écoute le Riolu...


Pour un nom



On dit ce pays riche, mais pourtant, il y a quelques années, celui-ci connu une période de grande misère, et de nombreux Suisses étaient venus se réfugiés parmi nous. Quelques famille vinrent s’installés dans le coin, ou il n’y avait, par ailleurs, que quelques fermes isolée. De lieu-dit, suite à cet afflux, cela devint un petit village. Un préfet, aillant entendu cela, passa dans le coin. Trouvant que le lieu avait quelque importance, il demanda alors à la population de trouver un nom pour ce village. La population avait deux jours pour cela, devant d’abord élire un maire. Et c’est un Suisse qui fut choisi. Les délibérations furent houleuses. Différents noms furent proposés : Saone, déjà pris. Alésia, trop improbable pour une future localisation. Dole plaisait, mais les gens ce battaient pour avoir ou non un accent….Et les palabres durèrent, durèrent, durèrent….Tant et si bien que lorsque le préfet revint, aucun nom n’avait encore été trouvé.
Prenant à part l’édile, il lui demanda si un nom était trouvé. Notre valeureux Suisse, de répondre avec son accent encore plus trainant que le notre : « MAN, c’est NAAAaannn ». Prenant cela pour une réponse, le préfet s’empressa de noter cela sur une tablette, remercia, et s’en fut.
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Eustache »

:lol:
marcheuse naturellement sauvage
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Re: Bourgades comtoises.

Message par lionel »

Excellente, Moblot ! :bravo:
A bove ante, ab asino retro, a stulto undique caveto.
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obelix
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Re: Bourgades comtoises.

Message par obelix »

Ceux qui espéraient voir leur niveau de vie augmenter, de la baise en sont ! :jesors:
Solem lucerna non ostenderent
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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

obelix a écrit :Ceux qui espéraient voir leur niveau de vie augmenter, de la baise en sont ! :jesors:
Je me demandais comment intégrer Besançon. Merci obélix.
Parler beaucoup est une chose, parler à bon escient en est une autre.
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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Belleherbe.
Dans le village une simple observation de la nature montrait que l’herbe était meilleure et plus dense de l’autre coté du pont. Mais les vaches refusaient d’y aller brouter. Personne ne comprenait pourquoi.
On avait beau pousser les troupeaux, leur faire prendre des chemins détournés, il n’y avait rien à faire ; Arrivées vers cette pature, les animaux regimbaient et renaclaient. C’était à n’y rien comprendre.
Tout changea cependant le jour où un jeune chevreau gourmand et innocent passa en trottinant sur le pont. En entendant ces petits piétinements sur le tablier, le Fouletot qui dormait contre une pile, sursauta, et risqua un œil pour controler qui passait par là. Il avait peur des hommes, mais le chevreau lui parut tout à fait à la taille de son estomac. Alors, il jaillit sur le pont et de sa grosse voix, lui dit : Ah ! que voilà un bon repas tout chaud, tout prèt ; Je vais me régaler. Le chevreau en tremblant de ses quatre frèles pates, le supplia : Ne me mange pas , je suis trop petit, je n’ai rien sur les os. Laisse-moi manger de cette belle herbe, je grossirai. Je deviendrai aussi gros que mon grand frère qui va bientôt arriver. ‘‘Comment tu oses vouloir manger de cette belleherbe que je fais pousser en pissant dessus et en y chiant partout. Je l’engraisse, moi, monsieur. Mais comme ton grand frère va venir, fous le camp !’’ Et d’un grand coup de sabot il l’envoya valser par dessus la colline. Puis il attendit, attendit, longtemps. Il crut avoir été berné quand un tip, tip, tip le mit en émoi et le fit bondir sur le pont. Devant le Fouletot se tenait un cabri, qui surpris par cette apparition fantastique se prit à trembler d’effroi. ‘‘Ce soir c’est festin m’a dit mon horoscope !’’ ‘‘ Excuse-moi je voulais gouter de cette belle herbe dont on m’a dit tant de bien.’’ ‘‘Tu oses venir brouter ma belleherbe ; Pour cela tu vas ètre dévoré.’’ ‘‘ Si tu veux tu pourras faire un meilleur festin, mon grand frère va venir bientot il est plus gros et plus gras que moi. Tu vas te régaler.’’ D’un grand coup de pied il l’envoya valdinguer de l’autre coté de la rivière.
Puis il attendit l’oreille aux aguets, attendit encore plus longtemps. Enfin il s’endormit, puisqu’il parait qu’on dine en dormant. Un tap, tap, tap le réveilla brutalement. Comme un diable sortant de sa boite il jaillit sur le pont. ‘‘Oh … !’’ Devant lui un énorme bouc bien campé sur ses pates. ‘‘Alors il paraît que tu veux interdire aux animaux le droit de passage, Il paraît que tu veux les manger, Hein ?’’ Le bouc baissa la tète et fonça. Le Fouletot frappé de plein fouet par les terribles cornes, se trouva projeté par dessus la montagne et on ne le revit jamais.
Depuis, ce champ qui sent si fort s’appelle toujours Belleherbe, Et les habitant savent très bien se débarrasser d’un importun. Ils s’écrient : ‘‘Tiens, mon grand frère arrive.’’
Le riolu.
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Beuillot »

Moblot a écrit : Prenant à part l’édile, il lui demanda si un nom était trouvé. Notre valeureux Suisse, de répondre avec son accent encore plus trainant que le notre : « MAN, c’est NAAAaannn ». Prenant cela pour une réponse, le préfet s’empressa de noter cela sur une tablette, remercia, et s’en fut.
Ca me fait penser à un copain d'origine iranienne dont le nom signifie "jardinier du roi". A l'époque où il fut décidé d'attribuer des noms de famille, des fonctionnaires sont passés chez son ancêtre, qui était absent. Ils ont annoncé à son épouse qu'il leur fallait choisir un nom et elle répondit que son mari devait décider mais qu'il était au travail. Ils lui demandèrent quel était son métier et elle répondit "jardinier du roi" et comme ils n'avaient pas envie de repasser... :invis:
Si j'y suis t'été, c'est pas pour y rêtre.

Comme ça. Pour rien.
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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

BERTHELANGE
Il y avait une fois une jeune demoiselle qui se nommait Berthe et qui adorait jouer avec les petits enfants. Toutes les mamans du village la demandaient pour s’occuper de leur progéniture.
Elle s’amusait avec eux, et telle l’institutrice qu’elle adorait, insensiblement, enseignait beaucoup de matières par le biais du jeu. Cette pédagogie portait ses fruits ; Les enfants en age de se rendre en maternelle faisaient des progrès rapides, en chant, mathématiques, bricolage, géographie ou français sans aucun effort. Le pli de l’apprentissage était pris.
De toutes les activités possibles, quelques unes lui étaient réfractaires. C’était toutes celles qui avaient trait à la saleté. Il n’était pas question lors de sorties dans les bois ou les champs de se salir dans les gouilles ou de rentrer gaugés comme des cochons. Les hommes du village qu’elle refusait d’aller visiter étaient les paysans, le porcher mais surtout le potier. En effet si les autres nettoyaient les saletés qu’ils n’avaient pas commises, le potier lui, faisait exprès de patasser dans la boue. D’ailleurs, il ne se lavait pas les mains entre deux créations, il continuait de malaxer cette boue innommable.
La peinture était l’activité qui avait le plus grace à ses yeux. Mais il fallait pour l’exercer, des tabliers, des litres de dissolvants, des chiffons propres des pinceaux neufs, des couleurs vives etc …
Un jour le pire arriva ! Il lui fallut garder la petite Marie. Toute à sa joie de pouvoir pouponner la grignette, Berthe s’en empara avec toute la gratitude de son abnégation. Elle remercia chaleureusement la maman qui s’en alla chez une cousine au village voisin. Berthe heureuse de s’occuper du poupon put enfin jouer vraiment à la maman. Elle la dorlota, lui fit boire son biberon, lui fit faire son rot, la changea puis la coucha dans son berceau.
La jeune fille était tout attendrie à admirer ce frais minois reposant tranquillement ; Quand tout à coup une grimace apparut, puis une autre, puis des pleurs qui gagnèrent en volume à s’en boucher les oreilles. Berthe n’hésita que peu de temps avant de reprendre la petite dans ses bras pour la bercer et la tranquilliser. Les pleurs se calmèrent et la fillette crut l’affaire terminée. Elle n’eut pas le temps de la coucher que les cris reprirent. Il fallut se rendre à l’évidence quelque chose clochait. ‘’Oh non pas ça ‘’ pensa t’elle. Elle dut se rendre à l’évidence : Il faut changer la petiote, elle a du faire caca dans ses langes.
Alors, avec beaucoup de résignation de dégout et de répugnance Berthe entreprit de nettoyer le petit derrière, de le caresser avec de la crème et de l’envelopper de langes propres. A la fin de l’opération, en constatant le bonheur et la gaité de la petite, elle oublia toute sa peine et dorlota encore d’avantage ce petit ètre qui semblait ronronner comme un chaton.
Enfin la maman rentra de son périple et félicita Berthe qui reçut quelques tunes (pièces de cinq francs). Rendez-vous fut pris pour la semaine suivante. Et toutes les dames du village ayant appris la belle façon que la fillette avait réagi lui confièrent leurs nouveaux-nés. Berthe devint la nounou la plus appréciée du canton
Moralité : Si vous osez passer outre vos répulsions, en récompense vous en aurez cent fois plus !

Tout le village qui l’aimait beaucoup en fit son icone et l’appela Berthe aux langes, ou Berthe l’Ange ; Cela devint bien évidemment : Berthelange.

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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Bois Murie
Robert le paysan se faisait un sang d’encre. Son élevage de comtoises périclitait sans explication. Il avait consulté tous ses collègues aux alentours. Personne ne pouvait lui donner d’explication sur la maigreur de ses bètes.
Pourtant les champs où paturaient ses vaches étaient ceux que lui avaient laissé son grand père et son arrière grand père ; donc ce devait ètre bon. Il faisait chaud, très chaud cet été et l’herbe était bien sèche comme à l’étable en hiver. Bon, d’accord, elle était rare mais tout de même… Robert leur avait donné du sel. Et pourtant, elles avaient la langue qui pendait et n’arrivaient même plus à saliver. Leur flancs devenaient maigres. Robert était allé voir le vétérinaire qui n’y comprenait goutte. Devant une absinthe à l’eau, il prescrivit tout de même de donner aux vaches 3 gouttes de son élixir personnel à administrer une fois par jour. Robert paya et s’exécuta. A chaque vache il posait sur la langue les trois gouttes en leur disant : ‘‘Bois Murie’’. Mais leur état empirait. Son sommeil en était si troublé qu’il en arrivait à ne plus boire que du vin, ce qui n’arrangeait pas son discernement.
Les enfants de Robert voulaient faire comme les bourgeois de la ville : se baigner dans leur piscine. Pendant des jours ils tannèrent leur père pour obtenir une vraie piscine. Las, le père partit à la rivière avec la tonne à eau du voisin pour remplir l’abreuvoir. ‘‘ M’étonne pas qu’y soye vide, avec ce sou (soleil). ’’ il déversa dans l’auge, sur la tète des enfants les trois cent litres d’eau déjà chaude qu’il venait de puiser à la rivière. Avec des cris de joie les gamins s’ébrouèrent. Alors, de tout le champ, les comtoises épuisées se précipitèrent pour étancher leur soif. ‘‘ Ho… ! Les peutes (vilaines) bètes !’’ s’écria Robert. Mais il lui fut impossible de les écarter. Elles montaient dans le bac tant leur soif était grande. Les enfants durent sortir en pleurant.
Alors Robert comprit qu’elles étaient déshydratées. Et pour se venger de son aveuglement prit une branche de noisetier et se mit à frapper les vaches en criant ‘‘ Bois Murie ! (méchant animal) ’’ Malgré ce chatiment injuste, les bètes continuaient à boire le précieux liquide jusqu’à ce qu’il n’en reste plus une goutte.
Tout le village en l’entendant crier ainsi : Bois Murie, se le répéta sans fin. Cela marqua tellement la mémoire collective que chaque paysan qui n’oublie plus jamais d’abreuver son cheptel dit en versant à boire le fameux ‘‘Bois Murie’’. Ne vous étonnez pas qu’au café du coin on vous serve un pastis ou un gros rouge en vous disant gentiment et comme par politesse : ‘‘Bois Murie’’.

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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Dung

La guerre fut difficile pour ce bout de Franche-Comté. Les réquisitions allemandes ont été terribles. Plus de pommes de terre à se mettre sous la dent ; Les doryphores vert-kaki sont passés par là.
L’Obermann furrer Commandant en chef de la région en voulait à mort à ce village. En effet la belle Martine l’avait éconduit. Tout le bétail fut réquisitionné ainsi que les véhicules. Les objets de culte disparurent aussi. L’effort de guerre alla jusqu’aux trois cloches qui faisaient la fierté de la commune.
Apprenant le sort prochain des cloches, les habitants enlevèrent nuitamment les cloches, la première descendit sans problème. La seconde les trahis en résonnant contre le mur du clocher. La garnison s’éveilla et courut à l’origine du bruit. Les habitants craignant les foudres nazies détalèrent illico.
La première eut tout de même le temps de disparaître et d’ètre enfouie dans le champ du père Jacques, frère de François que tout le monde appelait frère Jacques. Il eut vite fait de l’ensevelir, pourtant il était renommé pour sa paresse et son peu de mémoire. Les deux autres cloches furent donc emmenées comme prise de guerre. Et pour se venger de cet outrage le haut gradé allemand fit raser la tour jusqu’aux fondations. C’est pourquoi on n’en trouve plus trace aujourd’hui.
Ce que le chef allemand n’a pas pu raser c’est cette ritournelle qui trotte dans la tète du bon peuple pour se souvenir des cloches : Frère Jacques, dormez-vous ? Sonnez les matines. Ding, dingue, dong.
La paix revenue on songea à ressortir cette cloche, mais où était elle ? On avait beau chanter Frère Jacques ne savait plus où elle était. Le sommeil ne lui ramenait pas la mémoire. Pourtant alors qu’il labourait un champ, la charrue heurta un objet qui se trouva ètre bien évidemment celui que tout le monde recherchait depuis la libération.
En déterrant l’objet on remarqua que le son avait changé. La charrue l’avait abimé. Le joli dingue avait fait place à un dung déplaisant.
Les panneaux routiers célèbrent cette retrouvaille et affichent fièrement aux deux entrées du village le nom de DUNG.

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Moblot
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Moblot »

Voici ma petite contribution: les court.....


La première :


En des temps anciens, ou les gens à longues moustaches venant du Nord n’étaient pas encore de gentils commerçants Normand, les Vikings, donc, faisaient de nombreux ravages dans les territoires, même par ici. Le but de leurs visites ici, très éloignées de grands cours d’eau, était qu’ils étaient devenus accro à une de nos spécialités, très ancienne : un boyau garni de viande hachée, et fumée à la cendre, produit dans un petit village du Haut-Doubs. Descendant le Rhin, ils passaient par Belfort, pour remonter la vallée du Doubs, causant, de-ci, delà, au gré de leur humeur massacrante, quelques ravages et destructions. Et pour rejoindre la vallée du Doubs, ils devaient passer par un petit village, que régulièrement, ils anéantissaient. Et chaque fois, les villageois, qui se trouvaient bien la, au bord de leur rivière, reconstruisaient, encore et encore.
Mais un beau jour, alors que les Vikings, s’approchaient, en riant déjà de leur futures destructions, quelques hommes courageux décidèrent de ne pas s’enfuirent se réfugier dans les bois environnant, avec les femmes, les enfants, et les vieillards, afin de faire front. Surpris par la présence de quelques hommes, les Vikings ne menèrent pas réellement de combats, préférant continuer leur chemin, ils avaient encore une longue route à faire, tout en ce promettant, la prochaines fois, de tout massacrer, détruire, saccager, anéantir….
Quelle joie ce fut dans le village. Cette défaite Viking, sans être non plus une grande victoire, éveilla parmi la population un esprit de combativité. Et lorsque les Vikings revinrent, un peu plus nombreux, moins rieurs, et plus déterminés aux massacres, cette fois, ce ne fut que les femmes et les enfants qui partirent se réfugier dans les bois. Tous les hommes en âge de manier une arme étaient restés, attendant de pied ferme les barbares. Chacun était farouchement déterminé à réduire l’autre. Et bien que mieux préparer, les Vikings, une fois de plus, décidèrent, après quelques pertes, de fuirent….
La population pleura les morts, mais ensuite, il y eut une grande fête, en l’honneur de ce qui était une vraie victoire, cette fois.
Piquer au vif, les Vikings jurèrent de se venger. Ils revinrent, et encore plus nombreux. Plus de rire, mais la crispation. Il fallait retrouver leur honneur. Et pour cette troisième fois, plus personne ne quitta le village, les femmes se sentant protégées par leur mari, et les enfants par leur mère. Lorsque les Vikings arrivèrent, ils furent stupéfait de voir que tous les attendaient de pied ferme. Et les villageois se ruèrent vers eux. Les femmes ne furent pas en reste, se lançant dans la bataille comme des furies (et lorsque une femme est en furie….). Les Vikings furent sidérer. Bousculer de front, sur les cotés, bref de toutes parts, ils n’eurent leur salut que dans la fuite.
Cela en était trop. Les fois d’après, dans la crainte d’un autre déshonneur, et de diablerie féminine, les Vikings préférèrent éviter le village. Ils passaient au loin hâtant leur pas. Ce qui fit dire qu’aux gens « ben tien, à l’approcher de l’entrée de la vallée, c’eux d’Odin courent ».

De ce village est née une ville : Audincourt.



La deuxième :


Suite à cette victoire, les villageois d’Audincourt se lancèrent dans le travail du métal. Un quartier, celui des "Forges", en atteste. Pour leure défense d’abord, ils se mirent à fabriquer des armes, puis des faux, et autres outils agricoles, au tranchant d’excellente réputation.
Le village voisin, qui était victime de nombreuses petites bandes de voleurs, commença à en avoir marre de cette était de fait. . La population ce décida donc de commercer, troquer avec les gens d’Audincourt, afin de récupérer de bons outils tranchants. Et ils apprirent à bien les manier, ces outils. A tel point qu’ils devinrent de redoutables guerriers. Et tous les vauriens qui vinrent par la suite eurent à tâter du fer : au mieux, ils devinrent cul-de-jatte, au pire, ils furent décapités.
Il se rependit vite, parmi les brigands, les risques qu’ils encouraient si jamais ils osaient s’attaquer à ce village, ou les gens "Taillent court"

Et ce souvenir est resté : Taillecourt


Le troisième :

Issu d’un père d’Audincourt, et d’une Mère de Taillecourt, le fils, devant quitter la maison familiale, pour aller fonder un peu plus loin sa propre famille, du choisir un nom. Ne voulant froisser aucun de ses deux parents qu’il chérissait tant, il préféra s’appeler Court, tout court. Il construisit donc sa maison, fonda sa famille.
Mais ce qui fit la réputation de Court, ce n’était pas sa qualité de combat, non, ni ces qualité agricole, non, c’était surtout ses préceptes. De nombreuses personnes venaient l’écouter, s’éduquer auprès de lui. Il fut considérer comme un grand sage.
Malheureusement, comme tout homme, aussi sage fut-il, il mourut. Alors, ses enfants, afin de ne pas perdre les sages paroles de leur père, décidèrent de les graver dans la roche, juste à l’entrée du village. En grosses lettres, étaient écrits : "SELON COURT, qui vécu ici", s’ensuivait la longue liste de tous les principes. Tant et tant il y en avait, que ceux-ci furent écrits en plus petits caractères. L’érosion faisant son travail, ceux-ci ont malheureusement disparu. Il ne reste, sur la roche, que Seloncourt, à l’entrée d’une petite ville…..


Le quatrième :

Notre érudit avait donc fondé une famille. Il eut de nombreux fils, tous très beaux, et qui attiraient la gente féminine. Mais les premiers temps, aucun de ces garçons ne pensaient sérieusement à ce marier. Se sachant désirés, ils préféraient jouer avec les cœurs, tout en promettant à chaque fois la bague aux doigts. Et si des filles jouaient elles aussi, d’autres, peut-être plus naïves, y croyaient, à ce grand amour. C’est pour cela que l’une d’elle, issue d’une famille aisée, après avoir perdu son "trésor", et été délaissée, se jura de ne plus voir d’homme de sa vie. Utilisant l’argent de ses parents, elle se fit construire un château, entouré d’un immense fossé rempli d’eau, plantant de nombreuses ronces tout autour encore, afin que personne ne puisse s’approcher… Et elle vécu la, seule, jusqu’à sa mort.
En hommage, la population voulait donner un nom à ce lieu. Mais elle ne se rappelait plus ni du prénom, ni du nom de cette pauvre malheureuse. La seule chose que l’on savait d’elle était qu’elle était l’ex d’un Court.

Le château n’existe plus, mais le nom et rester : Exincourt.


Le Cinquième :

Un des fils Court, Henry, après avoir "jouer" avec les filles, se maria tout de même, avec une belle jeune fille, issue de la noblesse. Au moment de s’établir, ils choisirent un petit coin tranquille, et firent construire une magnifique demeure.
Au moment de baptiser les lieux, la femme, pour bien préciser que l’Henry n’était qu’à elle, nomma donc le lieu : Heri, mon Court.
Possessive, la dame, jusqu’à appeler le village qui naissait du nom de son château Hérimoncourt…


Le sixième :

Henry aimait à se promener sur les terres qu’amena, part sa dot, sa femme. Celles-ci allait jusqu’à Dasle, ou ce trouvait un riche propriétaire terrien, qui convoitait les terres alentours avec envie. Et chaque fois que l’Henry passait, il le harcelait, ne cessant de dire "Vends dont, Court". Les gens, amusés, décidèrent d’appeler ces champs "Vandoncourt". Et tout naturellement ; c’est ce nom que pris la ville qui s’y construisit.







J’espère que vous avez autant eu de plaisir à lire ces élucubrations que moi j’ai eu à les écrire. Et si dans l’intimité, derrière votre écran, vous m’applaudissez, alors permettez moi de vous dire, pour conclure :



MERCI BEAUCOURT
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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

:bravo: Excellent, excellent :bravo: Moblot :bravo:

ces racontotes qui se suivent en étant toutes différentes.
Parler beaucoup est une chose, parler à bon escient en est une autre.
Sophocle.
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Pour honorer la maisonette.
Beure
Deux grenouilles devisaient en cheminant. C’était à qui sauterait le plus loin à couac mieux-mieux. Elles arrivèrent ainsi à l’étable ou l’on venait de traire les vaches. Et là c’était à meuh-meuh quoi qu’on dise.
La Blanchette et la Roussette, deux comtoises, avaient donné de plein seaux de lait, crémeux à souhait. Les deux rainettes curieuses, voulurent voir ce qu’ils contenaient. Elles prirent leur élan et sautèrent par dessus le bord, pour se retrouver plongées dans ce liquide blanc et chaud. Oh ce n’était pas de la neige qui les eut endormies par le froid, de plus trop liquide pour pouvoir marcher dessus. C’était bien évidemment du lait qui collait aux pattes et les faisait peiner. Elles essayèrent de sortir de ce piège. Elles se mirent à nager pour atteindre le bord. Mais celui-ci était fuyant et glissait. Pendant une heure elles ramèrent pour s’échapper, puis pendant deux heures. Au bout de quatre heures, fatiguée l’une d’elle, qui ne voyait pas de solution décida de se laisser couler. La seconde obstinée et courageuse Se battit, nagea et rama la nuit entière. Plus elle nageait, plus la matière dans laquelle elle se débattait devenait dure, mais plus elle flottait.
Au matin le paysan eut la surprise de trouver dans le seau une grenouille le ventre en l’air dans le petit lait et une autre épuisée sur un iceberg jaune. Il prit la rainette dans sa main et la déposa dans l’herbe couverte de rosée. Il lui dit : Bravo ma petite le courage et le beurre t’ont sauvée.
Est ce que les habitants sont comme les grenouilles et y font leur beurre ?

Le riolu.
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Pour faire plaisir à Dionysos, une histoire de fouletot.

la riolotte de Bonnétage.
Bonnétage
La municipalité du village voulait ètre moderne. Lors d’un conseil municipal houleux, les partisans de la modernité et les rétrogrades s’affrontèrent sans animosité, mais sans relache. Il fut tout de même décidé en fin de séance que l’on construirait un immeuble.
Mais pour satisfaire le trésorier qui était pingre, Il fut accepté que l’ascenseur ne s’arrèterait qu’entre deux étages. Ce qui obligerait les habitants à monter ou descendre un demi-étage.
Le terrain choisi, l’immeuble fut érigé. Ce terrain ne couta pas cher, Il y avait une grotte qui fut vite comblée, entourée d’un champ inculte, ce qui expliquait son prix modéré. Ce que les anciens savaient, était qu’un fouletot y vivait. Ils avaient prévenu, mais personne n’écoutait leurs radotages.
Les habitants s’installérent. Et tout de suite apparurent les problèmes. Pour ne pas froisser les susceptibilités des habitants des différents niveaux, dans la cabine, le constructeur avait gravé des lettres en place de chiffres. Du coup chacun se demandait où l’ascenseur s’était arrété . Une tète apparaissait alors à la porte de la cabine et demandait : C’est le bon étage ?
Toute la journée le manège se répétait. La grogne fut si importante qu’il fallut recommander une autre plaque pour indiquer les arréts. Celle-ci indiquait deux étages à la fois. Encore une fois la question se posait : Est-ce le bon étage ?
Comble de malchance, la machinerie se mit à faire des siennes. Elle n’obéissait plus aux appels des boutons et montait parfois trop haut, parfois trop bas. Chaque fois une frimousse apparaissait à la porte en demandant : C’est le bon étage ?
Cette habitation fut bientôt connue comme la maison du bon étage. Le village entier fut finalement appelé ainsi. Et c’est ainsi que l’ancienne appellation fut perdue au profit de BONNETAGE.
« Je vous l’avais bien dit, répète chaque ancètre, il faut respecter les fouletots, sinon ils se vengent et détraquent tout, du temps jusqu’aux machines. »

Le riolu.
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Bonnevaux le prieuré


Lorsqu’il mourut, La volonté de Saint Gorgeon (une gorgée) fut exaucée. Une petite abbaye fut édifiée à l’emplacement de son dernier miracle. C’était la transformation du vin que l’on fabriquait dans la région, un infame trousseau en eau. Les viticulteurs en colère vidèrent leurs futs dans la vallée, et cette eau devint la rivière qui depuis ne s’est jamais arrètée de couler. Elle est si bonne que les truites viennent y frayer.
Lorsque le prieuré fut bati, On songea à se pourvoir d’un supérieur. Les moines se réunirent en conclave. Pour se donner du courage, ils testaient l’eau de la rivière et se jetant dans le gosier un gorgeon de temps en temps. Le miracle tenait toujours. C’était l’hiver ils brulaient ce qu’ils trouvaient ; en particulier les résineux qui venaient d’ètre abattus et toutes les vieilleries qu’ils chapardaient comme les toitures bituminées qui étaient abimées et jetées au rebut.
Cela donnait une affreuse fumée noire qui empuantissait les environs. Quand au bout de quelques jours ils élirent enfin leur prieur, on versa dans l’atre un grand seau de cette belle eau qui s’évapora instantanément en une vapeur blanche. Plus tard les cardinaux ayant appris cette épisode s’en inspirèrent lors des choix papaux.
Ce prieur était tellement gentil et plein d’humilité qu’il faisait le ménage dans toutes les cellules, les couloirs, la chapelle et les parties communes. Tout le monde en parlait comme d’un homme bon. Le ménage et le repassage lui donnèrent le surnom de bonne. Chacun disait ‘‘il vaut une bonne.’’
Si l’on ne trouve plus trace du prieuré, c’est en partie du à ce prieur qui n’a pas su endurcir ses moines, à qui la vie devenait trop facile. Ils devinrent oisifs ne priaient plus, perdirent leur foi, enfin, quittèrent la vie monacale. L’abbaye finit par s’écrouler et disparut.
Pourtant il reste quelque chose qui rappelle cet abbé : le nom de l’endroit.
Bonnevaux le prieuré.

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Boujeons


Dans le village Les jeunes s’ennuient. Que faire , Dans ce bled paumé du trou du cul du monde, comme disent les gars et filles assis sur la margelle de la fontaine.
Aller à la messe , ça va bien quand on est petit. Le cathé le mercredi matin, ça dure un temps , mais ce n’est pas passionnant. Le curé a bien lancé le patronage, mais bof, ce n’est plus à la mode. L’instit s’y est mis aussi, à créer des activités, mais bien évidemment trop scolaires ; Il sait pas faire autre chose celui-là.
Mais que faire le soir ? On tourne en mobylette autour de la place. Et après, on n’est pas assez doué pour refaire le monde. Les discussions philosophiques c’est bon pour les adultes. Prendre le thé ou le café ? Ah non alors ! Très peu pour nous.
On s’ennuie… On s’ennuie … On s’ennnuuuuuiiiieeeee ….Mais alors d’une force …
Dans le village vient d’emménager une famille qui arrive d’un village lointain : Remoray, paraît-il ? Dans cette famille, il y a une jolie brunette de seize printemps. Un minois à faire palir de jalousie toutes les miss France. Un petit nez retroussé à accrocher tous les cœurs qui s’éveillent. Alors le lieu de rassemblement change d’un coup. Tous les ados sont adossés à la barrière du père Chenu en face de chez Mélodie. Les passions de Mélodie sont le chant et la danse. Par les fenètres ouvertes tout le monde est charmé. Et l’on commence à reprendre en chœur les refrains.
Passant par là monsieur Larmony décide de les prendre en charge. Une chorale se monte, atteint une belle renommée puis est invitée dans tous les bourgs voisins. Enfin nous bougeons est le cri unanime. Il faut trouver un nom à cet ensemble. Il est tout trouvé : ‘‘ Nous Bougeons ! ’’
Dans le même temps les non chanteurs vont trouver Mélodie pour lui proposer de faire la teuf. Ouais ! Enfin ça bouge ! ; on va pouvoir s’éclater sur de la techno ! Comme ce n’était pas la tasse à thé de Mélodie, mais qu’elle est tout de même gentille. Les soirées s’enchainent avec beaucoup de musiques différentes. Mais l’effet est le même. Tout ce que ce village compte d’habitants et d’étrangers se démène comme de beaux diables ; On l’appelle désormais : Boujeons.

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Bulle
Il était une fois un petit garçon bien malheureux. Il n’était pas aimé de ses parents, ni de ses frères et n’avait trouvé refuge qu’au fond de la grange, où il s’était fabriqué une petite niche pour s’y blottir. La nourriture lui était mesurée, il avait donc toujours faim, ce qui le faisait accuser de voler les aliments de la maison. Comme il devenait sauvage, à cause du manque de contact familial, il s’enfuyait facilement dans les bois. Il fréquentait peu l’école, et se faisait rabrouer sans cesse. Les punitions pleuvaient au retour de ses expéditions buissonnières.
Un jour qu’il errait dans les rues du village, il remarqua au sol un drole de tube que sa curiosité poussa à ouvrir. A l’intérieur, un liquide qu’il goutta lui parut savonneux. Sous le bouchon une tige était munie d’un anneau. Cela l’intrigua ; n’en voyant pas l’utilité il jeta le bouchon qui, oh surprise, émit quelques bulles. Un deuxième examen lui apprit que les bulles venaient du liquide et qu’il suffisait de souffler dans l’anneau pour voir s’envoler de magnifiques ballons irisés de mille couleurs chatoyantes. Le miracle dura jusqu’à épuisement du savon.
Il chercha un moyen de remplacer ce liquide. Il demanda aux copains qui l’envoyèrent bouler. Ce fut la maitresse d’école qui le sauva en lui indiquant comment s’en procurer grace aux liquides vaisselle. Alors les mères de famille virent leur flacons de liquide vaisselle se vider régulièrement pendant que ce garçon se promenait en soufflant sans cesse, la tète entourée de bulles de ballons, de planètes et que sais-je ?
Il améliora le produit en y ajoutant de la glycérine ainsi qu’un autre produit magique que lui avait conseillé la maitresse. Il en fit des bulles géantes, où il pouvait se tenir debout, colorées, opaques, multiples et géométriques. Il fut invités dans des fètes, des cabarets et aussi à la télévision.
Grace à lui la France entière entendit parler de ses bulles, et du village d’où il venait. Dans ce village tout le monde n’a pas la tète ailleurs ou dans la lune. Pourtant de ce garçon qui était dans son monde, dans sa bulle, est venue cette expression dont le village est fier : ètre dans sa bulle.
Les habitants en sont si fiers qu’ils ont appelés leur village de ce nom : BULLE.

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Chantegrue
Une grue glapit, trompette et craquette.

Cette année l’automne est splendide. Les hètres sont devenus roux. Les chènes, frènes et autres érables resplendissent de tous leurs ors, jaunes marrons ou rouges qui contrastent avec les verts soutenus des sapins et autres épicéas.
Dans ce magnifique paysage les canards de toutes sortes viennent troubler la quiétude du lac habituellement dévoué aux poissons qui émergent juste pour faire quelques bulles ou prendre une bolée d’air, tiens, justement une carpe vient de tenter une cabriole.
Voici qu’arrivent de nouveaux locataires, avec leurs grandes ailes déployées elles jouent aux planeurs dans la brise. En se posant à la surface de l’eau, elles sortent de leur duvet leurs longues pattes à l’articulation qui semble étrange. En claquettant elles avertissent : ‘’ Attention, nous arrivons ! Poussez-vous, s’il vous plait ! Faites nous de la place !’’ Et les grues se posent en se pavanant. Alors elles se mettent à danser, je ne connais pas les pas, mais je peux vous dire que c’est étonnant de les voir piétiner avec entrain lever la tète, puis plonger le bec au fond de l’eau puis la remuer de gauche à droite pour déloger de la vase les insectes larves ou crustacés qui y vivaient tranquillement ; Enfin, lever les yeux pour faire le tour de l’horizon semblant chercher des admirateurs et recommencer leur manège.
Mais cette nuit le brouillard est tombé et le petit Pierre entend des bruits étranges. Des sons assourdis qu’il ne connaît déformés et inquiétants se font entendre du coté de la mare.
Il reconnaît bien les caquètements et les cancans ; Mais les autres cris lui semblent inconnus. Ca craquette, ça glapit, ça trompette. Est-ce un fantome ?
Affolé Petit-Pierre va réveiller sa maman. Elle se lève, s’accoude à la fenètre, écoute puis le verdict tombe. Ne t’affole pas mon grand ce sont les grues qui chantent ! Apaisé le gargon se recouche en laissant ouverte la fenètre. En discernant toutes ces harmonies Petit-Pierre s’endort.
Le lendemain la maitresse et ses petits camarades ont tous eu droit à la description de ces complaintes qui lui sont devenues si agréables.
Cet endroit s’appelle désormais Chantegrue

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Dung
La guerre fut difficile pour ce bout de Franche-Comté. Les réquisitions allemandes ont été terribles. Plus de pommes de terre à se mettre sous la dent ; Les doryphores vert-kaki sont passés par là.
L’Obermann furrer Commandant en chef de la région en voulait à mort à ce village. En effet la belle Martine l’avait éconduit. Tout le bétail fut réquisitionné ainsi que les véhicules. Les objets de culte disparurent aussi. L’effort de guerre alla jusqu’aux trois cloches qui faisaient la fierté de la commune.
Apprenant le sort prochain des cloches, les habitants enlevèrent nuitamment les cloches, la première descendit sans problème. La seconde les trahis en résonnant contre le mur du clocher. La garnison s’éveilla et courut à l’origine du bruit. Les habitants craignant les foudres nazies détalèrent illico.
La première eut tout de même le temps de disparaître et d’ètre enfouie dans le champ du père Jacques, frère de François que tout le monde appelait frère Jacques. Il eut vite fait de l’ensevelir, pourtant il était renommé pour sa paresse et son peu de mémoire. Les deux autres cloches furent donc emmenées comme prise de guerre. Et pour se venger de cet outrage le haut gradé allemand fit raser la tour jusqu’aux fondations. C’est pourquoi on n’en trouve plus trace aujourd’hui.
Ce que le chef allemand n’a pas pu raser c’est cette ritournelle qui trotte dans la tète du bon peuple pour se souvenir des cloches : Frère Jacques, dormez-vous ? Sonnez les matines. Ding, dingue, dong.
La paix revenue on songea à ressortir cette cloche, mais où était elle ? On avait beau chanter Frère Jacques ne savait plus où elle était. Le sommeil ne lui ramenait pas la mémoire. Pourtant alors qu’il labourait un champ, la charrue heurta un objet qui se trouva ètre bien évidemment celui que tout le monde recherchait depuis la libération.
En déterrant l’objet on remarqua que le son avait changé. La charrue l’avait abimé. Le joli dingue avait fait place à un dung déplaisant.
Les panneaux routiers célèbrent cette retrouvaille et affichent fièrement aux deux entrées du village le nom de DUNG.

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