Bourgades comtoises.

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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

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Le Barboux.
Dans cette vieille masure, ce vieil homme faisait peur à tous les enfants. Sa grande barbe grise et sel hirsute prouvait qu’il se lavait peu. Ses yeux enfouis au fond des orbites et abrités par d’épais sourcils lui donnaient l’air si peu engageant que les gosses du village l’avaient surnommé Barbe à poux ; peut-ètre avec raison d’ailleurs car personne n’était allé vérifier de près si cet asile à petites bestioles était peuplé ; La crainte des gens les faisait s’éloigner.
Un jour, Le petit Lucas, vint faire un tour de son tout nouveau vélo rouge que la tante Arie lui avait amené pour la Noel. Il était fortiche sur une bicyclette, mais n’avait jamais encore essayé un engin aussi grand. En longeant une ornière, le guidon lui échappa, la roue avant prit un virage dangereux et ce qui devait arriver ne manqua pas. La chute fut impressionnante et Lucas atterrit au beau milieu d’un roncier épais. Moulu, il avait tout de même la force de crier ‘’ Au secours’’. Barbapoux l’entendit du fond de son jardin et arriva armé d’un terrible croc qui venait de lui servir à ameublir le sol.
En apercevant ce terrible géant à la mine revèche, le garçonnet se mit à hurler et à pleurer. Une grosse voix tomba du ciel : ‘’Couste donc ! (Tais-toi )’’ L’intensité de cette réplique lui fit agrandir les yeux où coulaient les larmes, et ouvrir grande la bouche d’où ne sortait aucun son. Sa terreur grandit encore quand il vit l’énorme croc s’avancer vers lui, mais au lieu dese planter dans sa chair martyrisée, L’outil attrapa délicatement les ronces pour les écarter. ‘’Accroche-toi ! ‘’ Médusé, Lucas obéit et empoigna la fourche. Doucement Barbapoux extraya le garçon de son piège. Il le pansa sans qu’un mot fut prononcé, puis le renvoya chez lui, les poches pleines de douceurs qu’il fabriquait lui-même avec le produit de son jardin.
Depuis n’essayez plus de l’appeler Barbapoux ; les enfants du village vous voleront dans les plumes. ‘’Il s’appelle Barnabé ! ‘’ Diront-ils tous en chœur. Les enfants se sont aperçus que sous cette apparence rude de solitaire, se cachait un cœur d’or qu’une simple péripétie de la vie avait suffi à faire éclore.
On m’a dit que dans le village les vielles savent faire des pates de fruit avec les coings, des caramels avec du sucre des confitures avec tous les fruits de l’automne, des tarte avec les rhubarbe du printemps en souvenir de celui que tout le monde a en mémoire sous le nom de Le Barboux .
Un jour je passerai par là pour vérifier si c’est vrai.

Le riolu.
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Le riolu
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Les Pontets.
Sous le pont en bois vivait un fouletot. Bien entendu, personne ne l’avait aperçu tant il se confondait avec les tourbillons du vent, les remous de la rivière et les guirlandes d’étincelles. Mais chacun savait que pour franchir le pont il fallait jeter une pièce par dessus le parapet. Certains disaient que cela portait bonheur. La réalité était tout autre.
Ce fouletot était acariatre, si personne ne lui donnait le sou, il se vengeait en faisant tomber la pluie, en chantant. Personne ne savait qu’il chantait, quand l’on entendait le ciel craquer siffler ou pleurer. Si l’affront se répétait il lançait la tempète. Ainsi les bourrasques lui permettaient de hurler son mécontentement. Quand ces avertissement n’étaient pas compris, il y rajoutait le feu. Dissimulé au milieu des étincelles, il lançait de grandes gerbes de feu au milieu des granges. Si vous avez assisté à ce genre de drame vous avez pu entendre le fouletot danser, claquer des sabots en cadence, et rire à gorge déployée.
Or, Grand Louis, le fainéant, avait une idée en tète. Lui qui n’était pas aussi crédule que les autres se disait que depuis que les passants jetaient de l’argent dans la rivière, il devait y en avoir pour une fortune là dessous. Il vint se pencher sur le bord pour chercher dans le miroitement de la rivière quelque fortune. Il vit bien briller des éclats ; mais était-ce du aux vaguelettes soulevées par la brise ou le reflet du ciel? En réfléchissant il quitta le pont sans payer sa dime bien entendu. Une saute de vent lui arracha sa bache (casquette) qui se retrouva à voguer. Simultanément il perçut un rire. N’y prètant pas attention il poursuivit son chemin. Il se décida à passer à l’action un jour où tout le village serait occupé.
Cette journée arriva aux premières moissons. Les hommes aux champs, les femmes à la cuisine, personne ne fit attention à lui. On le savait faineant, et tous comprirent qu’il n’y avait rien à en tirer quand il déclara qu’il allait se rafraichir à la rivière, car il faisait trop chaud. Il se dirigea vers le pont et commença sa collecte. La chance était avec lui, le Fouletot avait suivi les hommes pour exciter les taons autour des chevaux et des hommes. Même les mouches énervées par lui avaient décidé de rendre la vie impossible en tourbillonnant autour des oreilles et des corps des moissonneurs. Le Fouletot s’en donnait à cœur joie. Grand Louis, quand à lui, continuait son ramassage.
Vers la midi, Les enfants emportèrent le repas des pères. En apercevant Grand Louis trainant un sac derrière lui, ils l’apostrophèrent. Grand Louis répliqua : « mélez vous de vos affaires ». Evidemment les parents furent vite au courant que Grand Louis venait de commettre une action étrange.
Au soir, fatigué d’avoir excité toute la campagne, le Fouletot regagna sa pile de pont. En ne trouvant plus son trésor, il hurla tant et si bien qu’un orage sec se déversa sur le village. Des éclairs jaillirent de partout, les granges et les appentis se mirent à bruler, mais aussi le pont de bois. Cette jounée qui avait commencé dans la joie des moissons finit dans la désolation. Il fallut reconstruire le pont, mais par sécurité on en construisit plusieurs.

Ne vous avisez pas d’oublier votre obole lors des passages. Le Fouletot est là. Prenez garde aux Pontets.

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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

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Maison du bois.

Le roi de ce village, avait une fille unique, celle qu’il appelait La Belle. Fière comme un dindon des attentions de son père, elle, cette jeune fille méprisait les jeunes gens. Aucun d’eux ne trouvait grace à ses yeux. Sa maxime était : ‘’Que sont-ils bètes ces gamins’’. Son père décida de la marier tout de même. Il organisa une grande fète champètre ou beaucoup d’épreuves amusantes et sportives attendaient les candidats pour les départager.
L’épreuve suprème fut qu’il fallait fabriquer un mur pour protéger la belle ; Celui qui pourrait construire un mur solide avec les matériaux de la carrière où se déroulait le concours.. Or il n’y avait comme matériau autour que du sable. Dès lors un immense chantier de chateaux de sable commença. C’est à qui ferait le plus beau, le plus haut ou le plus épais.
Jacquot, le plus jeune de tous était aussi le plus petit, agé d’à peine trois ans. Pendant que les grands s’acharnait à monter des tas de sable sec, voire humide s’ils avaient un peu creusé, le petit Jacquot, assis sur son petit derrière, s’amusait à faire des patés avec la boue, la paille et le sable qu’il trouvait tout autour de lui. Près de lui se trouvait une claie de bois qui devait servir à tenir un tas de foin. Jacquot s’amusa à projeter dessus ses patés.
Le lendemain le Roi vint se rendre compte de l’avancée des œuvres de tous ces jeunes hommes qui briguaient le mariage. Passant en revue les constructions il ne trouva que des tas de sable. Le vent avait fait sécher et écrouler les beaux chateaux. Seul l’innocent jeu de jacquot s’avéra solide. Le roi chercha l’auteur de ce travail et admira la solidité et l’ingéniosité de celui qui avait su jouer avec son règlement. Personne ne le revendiqua, jusqu’à ce qu’un des concurrents se souvint de Jacquot et de ses bètises. On alla le quérir dans le giron de sa mère. Engagé par son serment la belle dut épouser ce gniare benet qui devint son époux devant Dieu et les hommes. Il venait d’inventer le torchis sans le savoir.
De honte la Belle alla s’installer dans une maison perdue au fond des bois, sur le mont où courent encore les lièvres.

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Moblot
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Moblot »

Court….toujours



Première :

Vous vous souvenez de l’Henry, celui qui avait fait un beau mariage, et dont sa femme avait fait construire un château à son honneur. Il coulait des jours heureux. Du moins, tant qu’il pouvait être seul. Car en société, ce n’était plus la même. Surtout lorsque dans certains salons, ou auberges, les hommes se moquait de lui, et l’appelant « Héry, mon cœur », ou « Héry, mon chou ». Tous ces quolibets en rapport avec la belle demeure construite par sa femme l’exaspéraient ou plus au point. Tous de prétendre que c’était sa femme qui tenait la culotte.
L’avantage du mariage, c’est qu’il pouvait jouir de l’argent et des terres de sa femme comme bon il lui semblait. Il alla donc voir le riche propriétaire de Dasle, et lui vendit à très bon prix les terres qu’il convoyait tant. Avec cet argent, il alla acheter des terre du coté de Montbéliard, afin de s’éloigner, mais pas trop tout de même, de là ou il habitait. Et la, il fit construire un château magnifique, et afin de coupler le sifflet à tout les détracteurs qui se moquait de lui. Comme nom, il donna le sien :

Héri Court.


Deuxième :

Un des petits enfants d’Henry, ayant reçu sa part d’héritage, bien maigre (de nombreux cousins, et des parents plus dépensier que travailleur, décida d’utiliser ce capital pour ce lancer dans les affaires. Il ouvrit une petite entreprise de maçonnerie. Le travail étant de bonne qualité, sa réputation devint grande, et les commandes affluèrent d’autant. Il embaucha du monde, afin de pouvoir faire face. Et l’entreprise devint de plus en plus grosse. Et pour être encore plus concurrentiel, il se dit que si lui-même apportait une partie des matériaux, il pourrait vendre un peu moins cher ses maisons. Ce qu’il fit donc. Il acheta d’abord une forêt, pour se fournir en poutres et planches. Il acheta aussi la scierie. Il pu vendre ses maisons moins chères encore. D’où de nouvelles commandes, et plus d’argent. Qu’il investit en achetant cette fois une sablière. Puis une cimenterie. Ainsi, il pouvait quasiment tout contrôler les produits entrant dans la fabrication d’une maison. L’idée lui vint alors, pour finir d’asseoir sa notoriété, d’une construire un village, avec des commerces, petits immeubles, villas….
Un joli petit village sortit donc de terre. Des personnes vinrent visiter, acheter, ou louer. A l’entrer du village, un gros panneau annonçais que cela avait été crée grâce au Béton Court.

Ce nom de Béthoncourt lui est resté.



Troisième :

Ce petit fils était un redoutable homme d’affaire. Mais un épicurien aussi, surtout lorsque sa fortune fut faite : il pouvait alors dépenser sans trop compté.
Grand amateur de vin, il se dit qu’il pourrait, lui aussi, ce constituer une vigne, et de produire lui-même ce breuvage. Il s’acheta quelques terrains, puis se dirigea en Bourgogne, afin d’y acheter de bons plans de vignes. Clos Voujeau, voila comment il voulait appeler son vin.
Mais des bourguignons, ayant entendu cela, vinrent protester : ils craignaient une mauvaise qualité de vin. Après d’âpre discussion, le fils accepta de retirer le mot Clos.
Mais si l’homme était bonne entrepreneur, il n’était pas bon vigneron. Du nectar espéré, il n’obtient un liquide même pas bon à faire du vinaigre. Des "Vignes d’Ombre", il ne reste plus grand-chose, et des quelques cabanes construite pour les vigneron, la cave, une ville c’est développer, gardant le nom de ce qui aurait pu être un grand cru :

Voujeaucourt.
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Le riolu
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Malpas.
Petit Marcel est un petit garçon désobéissant et frondeur. Sa maman court par monts et par vaux à la recherche de son fils. Il baguenaude dans les endroits les plus insolites et le plus improbables. La grande peur de sa maman est le bord de la falaise qui jouxte le village.
Petit Marcel est aussi un enfant très courageux. Sa phrase favorite est : « Même pas mal ! ». Chaque fois qu’il revient d’une excursion dans les forets avoisinantes, on le retrouve couvert de horions et de plaies. Et fier comme Artaban il s’écrie : « Même pas mal ! ».
Toutes les mères de familles ont peur que ce dévergondé ne fasse rejaillir sur leurs rejetons cette fronde à l’autorité et cette immense envie de liberté. Et les réflexions des mégères pleuvent comme automne en Franche-Comté sur la pauvre Maman inquiète et solitaire. « Vous feriez pas mal de lui apprendre l’obéissance ; Il ferait pas mal de s’occuper à la maison. Vous devriez lui donner pas mal de fessées pour lui apprendre. Le maitre devrait lui donner pas mal de devoirs pour le calmer. » Bref : Pas mal, pas mal sont les seuls mots qu’elle entend tout au long de la journée.
Comme Petit Marcel fait l’admiration des copains de classe, à cause de sa bravoure, ceux-ci lui lancent le défi : Longer à cloche-pied toute la falaise. Cette exploit émoustillant toute l’école, vide toutes les rues en ce mercredi après-midi. Le secret ayant été bien gardé, on ne remarque pas un adulte à l’horizon. Tous les enfants sont là au spectacle, les plus petits devant pour bien voir et les moins audacieux derrière pour se prémunir de tout danger.
Petit Marcel fait le faraud et pour faire durer le spectacle et ajouter à sa popularité, mime un échauffement. Enfin il se lance et précautionneusement se porte au bord du précipice. Il avance un pied, puis l’autre en faisant semblant d’avoir peur. Puis Petit Marcel qui a ménagé le suspens, va de plus en plus vite et finit par courir, ce qui arrache des oh ! et des ah ! à toute l’assemblée.
Il n’est point dit que Petit Marcel ne les épatera pas encore d’avantage. Le garçonnet se place sur la pointe du pied droit et d’un mouvement rotatif balance son corps, pivote d’un tour et demi afin de refaire le trajet en sens inverse. Malheureusement, une pierre glisse sous son pied et Petit Marcel dérape le long de la pente, rebondit sur les rochers, pour enfin tomber tout en bas et s’évanouir.
La haut c’est le grand chambardement ; Pendant que les filles crient de terreur, les plus peureux courent raconter à tout le village le drame affreux qui vient de se produire. Aussitôt alertés, tous les parents et autorités se précipitent sur les lieux de la catastrophe. On relève doucement le blessé qui vient de reprendre ses esprits et qui déclare d’une voix étrange due à une dent cassée et à sa langueur : « mème malpas !» Soulagée, la foule se mit à rire de cette erreur de langage qui resta dans les mémoires et donna son nom au lieu. MALPAS.
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Message par Le riolu »

Mamirolle

Dans le village, Madame Rollet était une alerte grand-mère qui tirait sur ses quatre-vingts ans. Comme les cancans du village lui revenaient aux oreilles, à propos de son embonpoint, elle décida qu’il était plus que temps de se mettre non pas au sport, ce qui impliquerait de la compétition, mais à une activité physique en rapport avec son poids, sa vitalité et ses envies de liberté.
Elle fut s’inscrire au gymnase au handball. Le problème fut sa surcharge pondérale. Ailière fut un poste qui ne lui convint pas. On la mit dans les cages ; Elle s’y sentit enfermée et manqua de réflexes.
Elle essaya la gymnastique sportive : Il lui fut trop dur de soulever sa carcasse. La faire rouler sur le dos allait, mais se redresser devenait une opération où l’on devait se mettre à trois.
La gym d’entretien lui parut fadasse et cette danse trop peu active.
Le foot vétéran ne lui donna pas envie de continuer ; La compagnie lui parut trop vieille.
Le club du troisième age, encore pire.
Alors qu’elle se demandait ce qu’elle pouvait bien s’approprier elle aperçut son petit fils, le ‘’Jeannot ‘’ sur son skate-board. Elle tenta avec succès d’apprivoiser l’engin. Quelle liberté quelle vitesse mes amis. Une chute l’obligea à se protéger les articulations mais ne tempéra pas ses ardeurs. Dés lors ce ne fut plus que courses folles de la Laiterie jusqu’à la Plaine. Les automobilistes sont parfois affolés de voir surgir devant leur capot une troupe hurlante emmenée par une mémée cheveux aux vents.

On ne sait toujours pas quand on entend dans le village « MAMIROLLE », si les enfants crient : Vas-y ‘‘Mamy Rollet’’ ou si c’est : Vas-y ‘‘Mamie roule’’

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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Mésandans
Du sucre ? Mets en dans mon café !
Du café ? Mets en dans ma tasse !
De l’eau ? Mets en dans mon verre !
Du pain ? Mets en dans mon assiette !
De la nourriture ? Mets en dans celle des autres !
De l’amour ? Mets en dans mon ame !
De l’amitié ? Mets en dans ma vie !
Du sommeil ? Mets en dans ma nuit !
Du courage ? Mets en dans mes membres!
De la force ? Mets en dans mes muscles !
De la tolérance ? Mets en dans mon regard !
De l’accueil ? Mets en dans ma maison !
De l’ouverture ? Mets en dans mes bras !
De l’endurance ? Mets en dans mon travail !
Des antibiotiques ? Mets en dans mes médicaments !
De la santé ? Mets en dans mon corps !
De la beauté ? Mets en dans mes yeux !
De la faim ? Mets en dans mon ventre !
De la folie ? Mets en dans ma vie !
De la joie ? Mets en dans celle des autres !
De la patience ? Mets en dans mon attente !
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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Morre

Le Seigneur de Montfaucon est parti pour la dernière croisade sous les ordres de Saint Louis. Pour s’assurer de la fidélité de sa femme pourtant très amoureuse de lui, il lui fit confectionner par le forgeron du village une ceinture de fer. Il avait la dextérité requise pour forger les armures de combat qu’il fabriquait pour son seigneur.
La commande était très précise. Le harnachement devait briller comme de l’argent ètre rehaussé de dentelle et de petit gris. L’intérieur de velours cramoisi pour le meilleur confort possible et la serrure compliquée à souhait posée sur le ventre afin de donner à cette partie de l’anatomie la rotondité la plus agréable au gout de la mode. Le métal quant à lui devait venir d’Arcier où, parait-il, on trouvait la meilleure mine de fer. L’homme de l’art exécuta un travail formidable. Après maints essais, où la pudeur de la jeune fille fut si blessée qu’elle en garda au front une rougeur qui ne la quitta plus jamais. L’objet si ajusté permettait tout mouvement naturel, mais aucun accès à une partie cachée. La clé en argent fut enfermée dans une cassette finement ornementée par le meilleur joaillier du canton. Pour que ces pièces restent uniques, le Seigneur les rétribua largement après leur avoir crevé les yeux. Cela n’empècha pas le forgeron et le bijoutier de rèver de ceux qu’ils avaient vu, mais leur défendit de retransmettre leur savoir. C’est pourquoi les femmes ne remercieront jamais assez le Sire de Montfaucon d’avoir à son corps défendant mis fin aux ceintures de chasteté.
Rassuré sur la fidélité de sa femme, Le seigneur de Montfaucon partit casser du Maure. Arrivé en Palestine, il força tous ses chevaux sus aux mauresques. Et prit comme devise : ‘‘Si tu mords ton mors tu es mort.’’ Il virevoltait autour de ces Maures et les envoyait mordre la poussière, morts.
Pendant ces années d’attente le velours s’était défraichi, effiloché, usé, la dentelle s’était déchirée. Seul le métal était intact ; Tellement dur qu’on finit par l’appeler de l’acier. Des rougeurs suspectes étaient apparues sous le métal, qui se transformèrent en blessures purulentes. La jeune fille avait tenté de prendre des amants dans le seul but de se défaire de ce carcan. Comme aucun ne réussissait, elle les fit mettre à mort : Le gibet de montfaucon était célèbre pour ça. Elle en devenait folle et se mit à mordre tout le monde. On l’appela ‘‘ Làs mords’’ car elle manquait d’Amour.
Quand le sire de Montfaucon rentra tout tailladé de morsures de cimetères et yatagans, il vit avec horreur sa femme tout tailladée comme lui-même, de morsures qu’elle s’était infligée dans sa folie de l’insupportable. Alors il fit monter sa femme sur le gibet installé face à une petite vallée. Il s’installa à coté d’elle, car il se sentait coupable d’avoir vendu la clef et le coffret pour s’offrir une Maure. Vous pouvez voir encore une croix qui domine le village de Morre où on les enterra.
On ne savait comment écrire Maure, Mors, Mord, Mords, etc…
Alors on choisit Morre.

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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Pouilley les Vignes


En ce temps de disette on vit arriver par le village un miséreux qui se réfugia dans une cabane à moitié écroulée sur le flanc de la colline. Sans faire de bruit, sans gèner personne, il s’installa puis commença à batir en dur son petit abri, qu’il agrandit tranquillement. Comme c’était une personne d’un commerce agréable, personne ne vint lui chercher noise sur le coteau aux cailloux.
Un jour il planta un cep puis deux. En vendant sa récolte, il put s’établir et augmenter la taille de sa vigne qui finit par ètre conséquente. Le vin qu’il en tirait était agréable. Cet italien qui venait de la région des Pouilles, était peu soucieux de sa personne et de son apparence. On disait de lui que c’était un pouilleux, sans savoir s’il avait des poux ou pas.
En 1865, les américains envoyèrent en France par erreur un insecte qui s’attaqua aux racines des ceps français. Ce fut le trop fameux phylloxéra.
Sa vigne, comme celle de la moitié de la France fut détruite par ce poux de racines qui pondait sur les feuilles. Les pieds s’étiolaient. Les feuilles séchaient. Le champ semblait tout entier pouilleux. Quand vient l’automne les vignes qui deviennent rouges perdent leur feuilles, l’italien avait l’habitude de dire que le vent épouillait les vignes. On essaya bien d’épouiller les vignes, à la main, en plein printemps pour expurger les rangs des ces hotes indésirables et permettre à la vigne de redonner du fruit, mais rien n’y fit tout le vignoble de la contrée fut détruit. Si vous en voyez actuellement sur le territoire de la commune, c’est que cet italien s’est dit qu’en greffant des plants américains, ceux-ci seraient résistants au phylloxéra et pourraient s’acclimater. Comme il avait été ruiné, il ne put mettre au point son idée, mais elle fut reprise avec succés par d’autres. Le vignoble français a survécu grace à cette technique.
On garda cette expression d’épouiller les vignes, qui donna son nom au village : Pouilley les Vignes.
Avez vous remarqué que l’on trouve encore des italiens rue des vignes, sur le coteau ou ailleurs?

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Message par Le riolu »

Pont de Roide.
Edoir, était connu dans la région On ne savait pas si c'était un petit homme, un enfant, un lutin voire un iouton Il n'était pas beau, un peu hirsute et peu avenant avec sa voix rogue par contre il était gentil comme une crème. Toujours serviable, prèt à tous les caprices de ses clients.
Le métier d'Edoir était de faire traverser la rivière aux passants. Il connaissait mieux que sa poche, le fond et les rives. Il savait dévier tous les pièges du printemps qui amenait l'eau de fonte des neiges du Haut Doubs, en créant de nouveaux trous emplis de tourbillons
Toujours plié sous les poids des humains ou de leur charge. Il pliait encore plus son échine pour recevoir son paiement. Sa poche trouée ne conservait pas grand chose; Les pièces tombaient souvent lors des traversées. De nos jours des orpailleurs se sont obstinées à cause de cette légende à chercher de l'or dans le Doubs. Sans véritable succés. Ils n'ont pu trouver au mieux que quelques pièces de cuivre ou d'étain.
Un jour la municipalité, en association avec le curé, le conseil général, le conseil régional, l'équipement, l'état, et peut-ètre le président de la république ou même Dieu, on se sait plus bien, décidèrent de construire un pont. La difficulté était grande : L'eau tourbillonnait, les rives s'effondrait le rocher était si dur qu'on n'arrivait pas à le perforer, puis le béton ne séchait pas, puis il s'effritait. Les travaux durèrent si longtemps que l'on accusa Edoir de détruire systématiquement les travaux. On en vint à le chasser.
Edoir partit complètement bouleversé, tout chamboulé, tout retourné, entièrement inconsolable de la méchanceté des gens qu'il avait servi dans les moments qui leur étaient si difficiles. Leur ingratitude l'avaient blessé, détruit le coeur et carrément tourneboulé le corps. Ce corps qui souffrait de ne palus pouvoir travailler mais surtout de ne plus rndre service,
Le jour de l'inauguration vint enfin. Les plus hautes autorités devant le ruban tricolore se pavanaient en disant tous : c'est moi qui ai fait le pont. Aucun d'entre eux n'avait bien évidemment touché une pelle, manié la barre à mine, ni surtout gaché la moindre brouettée de béton. Je ne pense pas qu'ils sachent la forme de ces outils melgré leur vantardises. Bien entendu les ouvriers aux mains calleuses qui avaient subi les quolibets et engueulades des patrons pour le retard étaient au dernier rang.
Quand le ruban fut coupé les ventres en avant le maire et tous les notables surtout d'ailleurs s'avancèrent. Stupéfaits ils stoppèrent interloqués ; Devant eux se dressait un grand escogriffe tout échevelé, tout roide, dans un costume élimé et rapiécé qui leur barrait le chemin en les regardant tous dans les yeux. Il leur dit : Vous étes des ingrats, j'ai souffert pour vous toute ma vie, j'ai courbé l'échine pour vous. Et maintenant vous m'avez oublié jusqu'à mon nom. Ce pont sera le malheur de beaucoup.
Roide comme la justice, il faisait peur. Ce bonhomme bouleversant faisait bien penser à quelqu'un, mais on ne voyait plus qui. Personne n'osa franchir le pont. Tout le monde pensait à ce ROIDE bonhomme. On ne parlait plus que de cela dans les canis.
Comme que comme le nom est resté accolé à l'endroit et s'appelle
PONT DE ROIDE.
Il est étrange de remarquer que plus personne ne s'appelle plus tout autour EDOUARD.

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Re: Bourgades comtoises.

Message par Le riolu »

Tournedoz


Dans ce village idyllique un bien curieux phénomène a vu le jour.
Les amoureux en promesse de mariage, les couples récents ou agés vont y séjourner quelques jours ou quelques semaines. Le pays si charmant incite à la réverie et au romantisme. Les déclarations d’amour et les serments de fidélité s’y entendent à profusion. Le temps parait si court aux amoureux que personne ne voit le temps passer. Les hotels affichent complets sans arrèt. Le plus grand hotel, à l’enseigne d’un humour un peu spécial, aussi. Il se nomme : ‘‘A l’hotel du cul tourné’’.
Or plus le temps s’écoule, plus l’on s’aperçoit des défauts de son conjoint, et s’il fallait permettre à autrui ce que l’on s’accorde à soi-même, où irait-on ?
Plus le temps passe, plus la pluie dure, moins on sort faire des ballades, et plus on vit l’un sur, ou à coté de l’autre. La pluie, cet élément primordial et constant de Franche-Comté trouve dans cette commune son point culminant. Elle éclabousse les cascades et gonfle les rus et ruisseaux. Et tient bien à l’abri du nid, serrés comme des oisillons les jeunes amoureux et les vieux couples.
Plus le temps passe, plus le temps dure, plus les incompréhensions s’installent, plus les rancœurs s’aiguisent et plus les couples se tournent le dos.
Cette étrange habitude qui avait si bien commencé se trouve transformée par le temps. Le temps qui a donné son nom à cette charmante commune, et qui désormais s’appelle : TOURNEDOZ.


Le riolu.
Parler beaucoup est une chose, parler à bon escient en est une autre.
Sophocle.
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