«Poupoupidou», certains l’aiment froid

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Domi
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«Poupoupidou», certains l’aiment froid

Message par Domi »

Sortie le 12 janvier et tourner dans le Haud Doubs !!


«Poupoupidou», certains l’aiment froid
Par GÉRARD LEFORT
Mercure. Enquête baroque dans le glacial village de Mouthe sur la mort de Candice Lecœur, la Marilyn du Doubs.

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L’action du film est une contre-enquête sur le suicide d’une jeune femme. L’inaction du film, et même sa congélation, est enfoncée à Mouthe, commune du Doubs réputée pour être la plus froide de France. De fait, à l’heure où ces lignes sont écrites (lundi 10 janvier), la météo locale est formelle : ça pèle à Mouthe (-2°). Le dynamisme de Poupoupidou, deuxième long métrage de Gérald Hustache-Mathieu, tourné en hiver, se joue dans une translation permanente entre action et inaction.

Action : l’arrivée à Mouthe de David Rousseau, romancier parisien, auteur de polars, égaré dans ce cul-de-sac pour y recueillir l’héritage d’une vieille tante. Comme la défunte ne lui a légué que le corps empaillé de son saint-bernard, David Rousseau n’entend pas s’attarder dans ce piège à cons. Un détail va le retenir à la façon d’un coup d’œil dans le rétroviseur : le suicide tout frais d’une jeune gloire et beauté du coin, Candice Lecœur, à la fois égérie du fromage Belle du Jura et miss météo sexy sur une chaîne de télé locale. Le nez au vent d’une ténébreuse affaire, David Rousseau sera à la fois le chien et le jeu de quilles.

Lapin. La belle du Jura est retrouvée morte sous une épaisse couche de neige dans un no man’s land frontalier (la Suisse est à un jet de boule de neige). L’homme qui la découvre dégage son visage bleui par le froid. Par ricochet, on se souvient de la Laura Palmer de Twin Peaks. Qui a tué Candice Lecœur ? Toutes proportions gardées, il y a du Lynch dans ce film, même si en apprenti enquêteur David Rousseau n’a pas l’irréalité de l’agent Dale Cooper. Restent cependant bien des étrangetés qui sont comme des gouttes d’acide sur un scénario par ailleurs très (trop ?) ficelé. Un type à poil, grimpé dans un arbre, qui hurle : «Je veux une femme, je veux de la chatte.» Cathy, la coiffeuse du tout-Mouthe, qui se désole qu’on puisse être «jaloux comme un arracheur de dents». Ou encore la particularité extrasensorielle de David Rousseau, affecté par une hyperaudition qui lui fait détecter à longue distance le couinement d’un petit lapin blanc pris dans un collet ou le crissement cotonneux de ses pas dans la neige. Le film excelle à mettre en scène ces légers apartés qui, au fil du récit, déroutent une lecture qui serait sinon trop transparente.

Cette manière baroque de composer s’impose par une belle fermeté à camper les petits personnages : la réceptionniste un poil nympho de l’hôtel des Flocons ; le trop carré commandant de gendarmerie ; une psy morose incarnée, vrai bonheur de retrouvailles, par Arsinée Khanjian. Mais cet art du collage affecte aussi les dialogues. David Rousseau, pour expliquer le caractère phénoménal de son oreille : «Un jour, quand j’étais petit, je me suis évanoui parce que ma mère montait des blancs en neige.» Ou encore le jeune et joli gendarme Bruno Leloup, qui explique qu’en fait, il voulait devenir majorette «mais ils n’avaient plus de jupe à ma taille». Ou le fait que l’hôpital local s’appelle «hôpital local».

Décalcomanie. Cependant, le vrai coup d’Etat qui fait le charme de ce Poupoupidou très bien nommé, c’est son culot quand il photocopie le destin catastrophique de Candice Lecœur, née Martine Langevin, sur la vie tragique de Norma Jeane Baker, mieux connue sous le nom de Marilyn Monroe. D’indices concomitants en coïncidences étranges, on se dit que la décalcomanie ne tiendra pas, que de remake de la partie de jokari dans les Désaxés (The Misfits) au «Happy Birthday Mister President» (du conseil régional), on s’en lassera vite. Et puis, si, ce hold-up tient, attache même. Pour beaucoup parce que les deux acteurs principaux sont idoines en tragicomiques frigorifiés : Jean-Paul Rouve (David Rousseau), aussi surprenant que convaincant en taciturne, et Sophie Quinton, rejouant avec infiniment de délice mélancolique la diva peroxydée dans tous les états de sa légende - de la pin-up de calendrier (mais pour les pompiers de Mouthe), au mime de la non moins célèbre séance de nus à peine voilés de mousseline du photographe Bert Stern.

Marilyn du Jura prise dans l’ombre d’un Mouthe. Une parodie pathétique et magnifique. En voix off, un dialogue sert d’ouverture et de mode d’emploi : «Je me sens seule. - Que voyez-vous ? - De la lumière.»

Poupoupidou de Gérald Hustache-Mathieu avec Sophie Quinton, Jean-Paul Rouve… 1 h 42.

http://next.liberation.fr/cinema/06012880-poupoupidou
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S'TV
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Re: «Poupoupidou», certains l’aiment froid

Message par S'TV »

Je suis allé le voir en salle, et je vous le recommande vivement, pas juste parce qu'il a été tourné à Mouthe :;) :;)
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