Ambiance au cinéma Pathé Beaux-Arts de Besançon ce mardi 4 janvier où sont descendus des habitants de Mouthe et des alentours ayant participé au tournage de Poupoupidou en janvier et février derniers. Le réalisateur Gérald Hustache-Mathieu est là en personne pour présenter son deuxième long métrage. "Si le film est si unique et particulier, c’est grâce à tous les gens qui sont là", avance-t-il en guise de remerciement. Entouré des comédiens Sophie Quinton et Guillaume Gouix, il invite alors les figurants, techniciens, Martine qui tient le café des Fourgs, la maire de Mouthe et les autres à prendre place à ses côtés. Visiblement, le réalisateur, originaire de Grenoble, a apprécié l’accueil réservé par la population locale. Il est désormais impatient de savoir quel accueil ces derniers vont réserver à son film. Poupoupidou est en effet déconcertant. Le film balance entre le rire et la gravité. Un auteur de polars à succès, venu de Bordeaux, débarque à Mouthe et croise le corps sans vie, emporté sur une civière, de Candice Lecœur. La starlette était bien connue dans la région, étant l’effigie blonde pulpeuse du fromage La Belle du Jura. David Rousseau, interprété par un Jean-Paul Rouve ténébreux, décide de rester. Il voit là le début d’un roman et très vite ne croit pas à la version officielle du suicide. Il mène sa propre enquête et découvre la vie pathétique de cette jeune femme qui se prend pour la réincarnation de Marylin Monroe.
Mouthe, c'est l'Amérique
Mouthe et les paysage du Haut-Doubs enneigés ne sont pas seulement décors de cette comédie policière inclassable, ils participent pleinement à l'ambiance de ce film déroutant. "Je voulais filmer l'Amérique et le seul endroit de France qui s'en rapprochait était à Mouthe", lance Gérald Hustache-Mathieu. Et de fait, les grands espaces, forêts de sapins font bien penser au nord de l'Amérique, voire au Canada. L'hôtel où loge le héros ressemble à un motel. Quant aux gendarmes vêtus en brun - le réalisateur tenait à cette couleur - coiffés de chapkas et avançant péniblement dans la neige, ils nous rappellent le film Fargo. L'auteur, en recherche d'inspiration dans sa chambre d'hôtel, évoque lui aussi un autre film des frères Cohen, Barton Fink. Gérald Hustache-Mathieu reconnaît la parenté. "Les frères Cohen font un cinéma saugrenu, cocasse, qui donne malgré tout une vision de la société américaine". Du saugrenu, on en retrouve dans certaines séquences de Poupoupidou. Ainsi lorsque les gendarmes vont chercher un homme nu grimpé dans un arbre et qui crie qu'il veut une femme. Ou quand David Rousseau, carte en main au milieu d'un champ enneigé, apprend au brigadier Bruno Leloup qu'il souffre d'hyperacousie, une hyper-sensibilité aux sons, et passe aussitôt à la démonstration en marchant pour faire craquer la neige. Mais il y a des moments plus graves, car au fond le film parle d'une jeune femme perdue. Le sujet du film est "le manque d'estime de soi" qui touche plus ou moins tous les personnages.
Un film qui, au vu des réactions dans la salle, n'a pas laissé insensibles les spectateurs. Elisabeth Rampant, maire de Mouthe, félicite le réalisateur qui a su "reproduire l'ambiance du Haut-Doubs en hiver". D'autres toutefois regrettent que le réalisateur ait utilisé un fromage en boîte plutôt que le comté, dont l'héroïne est l'effigie... Mais dans l'ensemble les spectateurs se sont montrés particulièrement intéressés et curieux, en témoignaient les questions à l'issue de la projection.
Florence Mourey, le 08/01/2011
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J'en ai entendu parler, mais il n'est toujours pas en vidéo club. 