Internement des Tsiganes à la saline d'Arc-et-Senans

Faits historiques, Grands Hommes, patrimoine, légendes...
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amélie
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Internement des Tsiganes à la saline d'Arc-et-Senans

Message par amélie »

Pour la revue Un Canard sur la Loue, l'année dernière j'avais ressorti cette triste histoire pour le dixième anniversaire de la pose d'une plaque commémorative qui n'avait pas soulevé beaucoup d'émotion ... : " Le 9 avril 1999 à la Saline royale d’Arc et Senans, une plaque commémorative a été déposée en hommage aux Tsiganes détenus dans ses bâtiments durant les années 1941 à 1943".
Si quelques anciens d’Arc et Senans se souviennent encore de cet internement, le reste de la population de la commune et des villages voisins n’en a pas souvenance. Et les témoignages ont été rares et évasifs. Certains d'entre vous en ont-ils connaissance ?
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g_painblanc
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Re: Internement des Tsiganes à la saline d'Arc-et-Senans

Message par g_painblanc »

peu d'éléments filtrent sur ce sujet à Arc et Senans. Oubli, je ne le pense pas. Ignorance (réelle ou fictive ?) peut etre. Ce n est pas non plus les souvenirs que les gens ayant vecu cette époque aiment ressortir car ce n est guère flatteur.

La saline a été occupée également durant la guerre par les Allemands puis les alliés. Il y eu également des prisonniers allemands à la fin de la guerre.
Mon prénom est Gilbert, Mon nouveau site : www.arcetsenans.com
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amélie
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Re: Internement des Tsiganes à la saline d'Arc-et-Senans

Message par amélie »

Pour ceux que le sujet interesse voici un extrait du reportage :
" (...) C'est ainsi que les autorités allemandes transfèrent les Tsiganes vers la Saline d'Arc-et-Senans le 1er septembre 1941.
La Saline Royale est alors dans un état de grande dégradation malgré des premiers travaux de restauration réalisés entre 1930 et 1936. En outre, elle a déjà été utilisée comme centre de rassemblement pour les Républicains espagnols entre février et octobre 1939, puis réquisitionnée par l'armée française durant la « drôle de guerre ». Les Allemands ont pris ensuite possession des lieux jusqu'à leur départ, dans le courant du 1er semestre 1941.
Jusqu'au 15 mai 1942, le statut du camp d'Arc-et-Senans, encadré par quatre préposés aux douanes, est celui d'un centre de rassemblement. Concrètement, cela signifie que les Tsiganes, regroupés par familles entières, ont la possibilité, par l'intermédiaire d'autorisations de sorties, de quitter l'enceinte du camp. Cette période se caractérise également par l'absence de bâtiments communs et, par conséquent, l'obligation pour les populations nomades de vivre par leurs propres moyens. Aussi, pour subvenir aux besoins de leurs familles, certains adultes vont-ils travailler dans les entreprises avoisinantes comme l'UMAS (Union métallurgique d'Arc-et-Senans) ou pour le compte de l'organisation Todt.
A tout cela s'ajoutent des conditions sanitaires déplorables ; les douches sont inutilisables, les WC ne sont pas en état de fonctionnement, les points d'eau courante sont insuffisants. Ce manque d'hygiène favorise le développement de maladies comme la gale, et nombre de Tsiganes doivent être transférés dans les hôpitaux de Besançon pour se faire soigner.
Parallèlement, un nombre trop important d'évasions, des permissions de sortie trop facilement accordées provoquent de nombreuses plaintes des habitants d'Arc-et-Senans. Et le 15 mai 1942, par décision préfectorale, la Saline Royale devient un camp d'internement.
Les changements sont radicaux ; les sorties sont supprimées et, par conséquent, un certain nombre de structures, jusqu'ici inexistantes, sont mises en place dans l'urgence. Une cuisine, fonctionnant sur le mode de la soupe populaire, est donc installée ainsi qu'une infirmerie et une école pouvant accueillir les 58 enfants recensés à l'intérieur du camp.
Malgré ces transformations la précarité continue de toucher la population Tsigane.
De plus les évasions se poursuivent. Et c'est sans doute ce qui provoque la fermeture du camp d'Arc-et-Senans le 11 septembre 1943 et le transfert des familles Tsiganes vers le centre d'internement de Jargeau dans le Loiret.
A la lecture de la première partie de cette enquête parue dans le précédent numéro, une fidèle abonnée, Mme Madeleine Prétot, nous a envoyé un témoignage émouvant qui lui a été adressé par la fille, de son prénom Geneviève, d’une Tsigane alors âgée de six ans au moment des faits. Elle s’y trouvait avec toute sa famille dont sa grand-mère qui y mourut à l’âge de 66 ans (ce décès est mentionné aux Archives Départementales du Doubs, 48W2).
Geneviève a recueilli le témoignage de sa mère : «On avait une baraque par famille. Mon père travaillait à l’extérieur, on le voyait pas souvent. On avait souvent faim. Quand mon père nous ramenait du pain de maïs, on étaient contents. On nous servait de la soupe à tous les repas. On avait cent grammes de pain par jour, le dimanche on avait droit à deux cuillérées à soupe d’huile et deux pommes de terre chacun ».
Plus tard, ils sont transférés à Jargeau : « (…) On a souffert aussi à Jargeau. Par contre on ne voyait pas les Allemands, le camp était gardé par les Français. Je me souviens quand même d’une fois où j’ai vu les Allemands venus jouer avec nous. Ils avaient enduit un poteau de mélasse et au sommet ils avaient déposé une pièce de monnaie. Il fallait grimper au poteau et attraper la pièce uniquement avec les dents. C’était trop difficile, ça glissait et ça collait, on n’y arrivait rarement et on disputait notre tour. Les Allemands eux, ils rigolaient bien ». (…)
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Le riolu
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Re: Internement des Tsiganes à la saline d'Arc-et-Senans

Message par Le riolu »

Merci Amélie.
Les humains comtois ou autres sont de droles de bètes.
En mème temps ils protègent les faibles et n'hésitent pas à les brutaliser. Un mème individu peut passer de l'un à l'autre état.
VOIR ce que l'on fait pour les haïtiens et contre les kurdes corses qui fuient la misère et la mort.
Malheureusement il y a tant de collabos à la politique actuelle. Les résistants sont là, mais pas assez concernés.
Méa culpa. je suis aussi un tiède, je le reconnais.
Parler beaucoup est une chose, parler à bon escient en est une autre.
Sophocle.
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